Question de M. MAGNER Jacques-Bernard (Puy-de-Dôme - SOC) publiée le 17/04/2015

Question posée en séance publique le 16/04/2015

M. Jacques-Bernard Magner. Ma question s'adressait à Mme la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, mais j'ai bien compris que Mme la secrétaire d'État chargée de la politique de la ville y répondrait.

Après la loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République, qui donnait la priorité à l'école primaire, le Gouvernement a souhaité réformer le collège, qui constitue le deuxième pilier du socle commun de connaissances, de compétences et de culture de notre système éducatif.

Nous le savons tous, les évaluations nationales et internationales montrent que le collège actuel aggrave la difficulté scolaire, en particulier pour ce qui concerne les disciplines fondamentales.

Ainsi, les études PISA témoignent que, en France, entre 2002 et 2012, les collégiens ont régressé en français, en mathématiques et en histoire-géographie, contrairement à ceux des autres pays de l'OCDE, lesquels, en moyenne, ont progressé. En France, la proportion d'élèves ne maîtrisant pas les compétences de base en français est de 12 % en cours moyen deuxième année et de 25 % en troisième. En mathématiques, cette proportion est de 9 % en cours moyen deuxième année et de 13 % en troisième.

Sans mettre en cause la compétence et l'engagement des enseignants, il faut reconnaître que le collège est profondément inégalitaire, triant les élèves davantage qu'il ne les accompagne dans la réussite. Il est peu adapté au développement des compétences nécessaires à la future insertion des collégiens et, on le constate malheureusement, il reste peu efficace dans la lutte contre l'échec scolaire et le décrochage de trop nombreux élèves.

On peut donc dire que le collège actuel est insuffisamment motivant et efficace pour les élèves, souvent anxiogène pour les parents et parfois frustrant pour les professeurs.

Il fallait par conséquent sortir de l'impasse dans laquelle nous sommes arrivés, quarante ans après la création du collège unique et l'ambition républicaine dont il était porteur.

Aujourd'hui, il est nécessaire de prolonger la refondation globale de l'école qui est au cœur du redressement de notre pays voulu par le Président de la République. L'enjeu de cette refondation est contenu dans le double défi de rétablir la performance de notre système éducatif en assurant la réussite du plus grand nombre et en luttant contre le déterminisme social, tout en faisant partager les valeurs de la République.

Madame la secrétaire d'État, comment redonner de l'efficacité éducative et réactiver la promesse républicaine en réformant le collège ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe écologiste.)

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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministère de la ville, de la jeunesse et des sports, chargé de la politique de la ville publiée le 17/04/2015

Réponse apportée en séance publique le 16/04/2015

chargée de la politique de la ville. Monsieur le sénateur, vous avez raison de le rappeler, le collège est le maillon faible de la scolarité des élèves français.(M. Éric Doligé s'exclame.) Depuis quinze ans, le nombre d'élèves en difficulté n'a cessé d'augmenter. À la fin du collège, 25 % des élèves ne maîtrisent pas les compétences de base en français, et 13 % celles qui sont nécessaires en mathématiques.

Sans mettre en cause - il est important de le préciser - ni les compétences ni l'engagement des enseignants, force est de reconnaître que le collège est inégalitaire ; il est monolithique dans son approche disciplinaire ; il est inadapté au développement des compétences indispensables à la future insertion des collégiens ; il est peu efficace en matière d'orientation et de lutte contre le décrochage.

C'est pour cela que la ministre de l'éducation nationale a engagé une démarche pragmatique et globale. Pragmatique, parce qu'il faut partir de ce qui marche déjà sur le terrain, et libérer les capacités d'initiative des enseignants. Globale, parce que nous devons repenser en même temps les contenus, les pratiques d'enseignement et l'organisation pédagogique pour répondre aux enjeux du collège de 2016.

C'est cette ambition qui guide la refonte de l'ensemble des programmes, engagée pour que tous les élèves acquièrent le socle commun de connaissances, de compétences et de culture. C'est cet impératif qui doit nous conduire à améliorer la façon de transmettre pour les professeurs, et d'apprendre pour les élèves. Sera donnée aux équipes une marge de manœuvre de 20 % du temps d'enseignement, dans le respect, bien sûr, des horaires disciplinaires : ce temps dédié à un apprentissage différent des savoirs fondamentaux, par le travail en petits groupes, des enseignements pratiques interdisciplinaires, ou un accompagnement individuel particulièrement renforcé est au cœur de la nouvelle organisation du collège.

L'un des problèmes qui se pose au collège, aujourd'hui, c'est l'ennui qui conduit parfois les élèves au décrochage. Le développement du numérique, l'apprentissage d'une deuxième langue vivante dès la cinquième et de la première langue vivante dès le cours préparatoire constituent des réponses décisives.

Enfin, le nouveau collège deviendra un lieu d'épanouissement et de construction de la citoyenneté. Chaque établissement devra notamment inscrire dans son projet de vie, au collège, le civisme et la célébration des symboles de la République. Chaque collège favorisera la création de médias par les élèves pour mieux appréhender l'information et mieux lutter contre les théories du complot, entre autres. La démocratie collégienne sera également développée.

C'est donc, vous le constatez, une réponse globale et cohérente qui est aujourd'hui apportée pour résoudre les problèmes que connaît le collège en France. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe écologiste.)

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