Question de M. FOURNIER Jean-Paul (Gard - UMP) publiée le 02/04/2015

M. Jean-Paul Fournier attire l'attention de Mme la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche concernant la suppression de l'enseignement des langues antiques, le latin et le grec, au collège. Si cette volonté gouvernementale est confirmée, ce serait une catastrophe culturelle susceptible de fragiliser les fondements même de notre civilisation. Notre République, au delà de sa langue, s'inspire pleinement, dans ses valeurs et son organisation, de Rome et d'Athènes. Dans certains territoires, l'héritage antique est même palpable avec la présence de vestiges romains d'une qualité de conservation exceptionnelle comme les Arènes ou la Maison Carrée de Nîmes. Couper ce lien historique apparaît comme le meilleur moyen de mettre à mal le fondement humaniste de notre vouloir vivre ensemble. Même si l'apprentissage du grec et du latin se fait au travers d'une initiation, puis d'une option, il est l'héritier direct de ce que les anciens nommaient « faire ses humanités ». Déjà, la décision récente de supprimer le CAPES de lettres classiques avait été vécue par les enseignants de ces deux langues anciennes comme une première étape dans la menace qui plane sur leurs matières. Aujourd'hui, avec la réforme du collège, le latin et le grec devraient être accessibles dans le cadre des enseignements pratiques interdisciplinaires (EPI), ce qui revient à supprimer le programme et les horaires fixes de ces enseignements. Ils seront, dans un premier temps, des appendices d'un autre enseignement, le français par exemple. À terme, avec toutes ces évolutions, il est fort à craindre que l'enseignement du latin et du grec au collège soit purement et simplement supprimé. Aussi, il lui demande de bien vouloir garantir, dans sa future volonté de « refonder » le collège, l'apprentissage des langues anciennes de la classe de 5ème à la classe de 3ème, plutôt que de mettre en place un ersatz qui n'engendrerait que la mort lente mais assurée de ces enseignements fondamentaux pour notre République et notre démocratie, mais aussi pour notre langue. Les racines du français sont principalement hellénistes et latines. Dans de nombreux domaines, notamment scientifique et médical, un oubli de ce legs du passé ne ferait que fragiliser la francophonie, en renforçant les terminologies anglo-saxonnes.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 22/10/2015

La ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche porte une attention toute particulière à l'enseignement du latin et du grec en collège, dans le cadre de l'enseignement des langues et cultures de l'Antiquité. Parce qu'elles jouent un rôle important dans l'acquisition de la culture commune et la construction de la citoyenneté, pour leur dimension linguistique comme pour l'apprentissage de l'histoire des civilisations, la ministre a souhaité offrir la découverte des langues et cultures de l'Antiquité beaucoup plus largement qu'aujourd'hui, à l'ensemble des élèves. Associant l'étude de la langue à celle de la culture et de la civilisation antique, l'enseignement pratique interdisciplinaire « Langues et cultures de l'Antiquité », créé dans le cadre de la réforme du collège, favorisera la connaissance des cultures classiques en mobilisant aussi d'autres disciplines, notamment l'histoire. Les enseignements pratiques interdisciplinaires concernent les élèves du cycle 4 (cinquième, quatrième et troisième). Ils permettent de construire et d'approfondir des connaissances et des compétences par une démarche de projet conduisant à une réalisation concrète, individuelle ou collective. Une même thématique interdisciplinaire pourra être suivie par un élève au cours de chacune des trois années du cycle 4. Un élève pourra ainsi suivre l'enseignement pratique interdisciplinaire « Langues et cultures de l'Antiquité » en classes de cinquième, quatrième et troisième. Par ailleurs, un enseignement de complément en langues anciennes (latin et grec), dispensé par un professeur de lettres classiques, permettra aux élèves qui souhaitent approfondir ces disciplines de le faire dans les mêmes conditions qu'aujourd'hui. Il reviendra au conseil d'administration de l'établissement de répartir la dotation horaire supplémentaire mise à la disposition des établissements entre les moyens nécessaires à la constitution de groupes à effectifs réduits, aux interventions conjointes de plusieurs enseignants et aux enseignements de complément. Le volume de la dotation horaire supplémentaire pour l'établissement sera calculé sur la base de deux heures quarante-cinq minutes par semaine et par division pour la rentrée scolaire 2016, puis sur la base de trois heures par semaine et par division à compter de la rentrée scolaire 2017. Il est, dans l'organisation actuelle du collège, de deux heures pour quatre divisions. Un collège de 20 divisions pourra ainsi utiliser une enveloppe de 55 heures à la rentrée 2016 et 60 heures à partir de la rentrée 2017, contre 10 heures aujourd'hui, ce qui équivaut à une multiplication par six de la dotation horaire heures professeurs. Les établissements qui proposent aujourd'hui les options latin et grec disposeront donc des moyens nécessaires à la mise en œuvre dans les meilleures conditions des enseignements de complément en latin et grec. La connaissance des langues anciennes apportant un éclairage sur notre pratique du français et contribuant à améliorer le niveau de l'ensemble des élèves dans cette matière, la ministre a, enfin, souhaité que les nouveaux programmes de français sensibilisent les élèves à l'histoire de la langue française et à ses origines latines et grecques. L'exigence sera ainsi mise au service de la réussite de tous et de la réduction des inégalités de maîtrise de la langue française.

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