Question de M. GRAND Jean-Pierre (Hérault - UMP) publiée le 30/04/2015

M. Jean-Pierre Grand attire l'attention de Mme la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche sur la suppression annoncée de l'enseignement des langues anciennes, grec et latin, dans le cadre de la réforme des collèges dès la rentrée 2016. À la rentrée 2012, plus de 500 000 élèves étudiaient le latin ou le grec. Cet enseignement aide à maîtriser la langue française mais aussi de nombreuses langues vivantes nourries par ces langues mères. Or, ces disciplines, reconnues pour leur caractère formateur et leur richesse culturelle, ne seraient plus proposées qu'à travers des ateliers transdisciplinaires (enseignements pratiques interdisciplinaires - EPI), en concurrence avec d'autres matières et sans véritable programme ni horaires précis. Un tel projet entraînerait la fin de l'enseignement du latin et du grec dans tous les collèges, privant ainsi les élèves de la possibilité de préparer l'avenir en connaissant mieux leur langue et leur passé. Aussi, il lui demande de bien vouloir lui indiquer les mesures qu'elle entend prendre pour réellement renforcer et maintenir l'enseignement optionnel des langues anciennes.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 31/12/2015

La ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche porte une attention toute particulière à l'enseignement du latin et du grec en collège, dans le cadre de l'enseignement des langues et cultures de l'Antiquité. Les apports des langues et cultures de l'Antiquité à notre civilisation européenne ne sont plus à démontrer, notamment lors pour l'acquisition d'une culture commune et de la construction de la citoyenneté chez les collégiens, mais également dans leur dimension linguistique permettant une meilleure maîtrise de la langue française. La réforme du collège n'a donc pas pour objectif de remettre en cause l'enseignement du latin et du grec. Elle prévoit de débuter, comme actuellement, l'apprentissage du latin dès la classe de 5ème et l'apprentissage du grec dès la classe de 3ème, et de diversifier ces apprentissages, afin de permettre à tous les élèves d'en tirer un bénéfice. Trois axes majeurs permettront d'atteindre cet objectif. En premier lieu, des éléments culturels et linguistiques des langues anciennes, constituant les éléments fondamentaux des apports du latin et du grec à notre langue, feront l'objet d'un enseignement dans le cadre des cours de Français. Le futur programme de cette discipline intégrera ces changements. Ces apprentissages bénéficieront donc à l'ensemble des collégiens. De plus, tous les élèves pourront profiter, plusieurs fois au cours du cycle 4, c'est-à-dire entre la classe de 5ème et la classe de 3ème, d'un enseignement pratique interdisciplinaire (EPI) dont l'un des huit thèmes s'intitule « Langues et cultures de l'antiquité ». Les EPI permettant d'associer plusieurs enseignants, les professeurs de Lettres pourront aisément construire des projets avec leurs collègues des autres disciplines. Ces EPI seront, pour les élèves, des temps privilégiés pour mettre en œuvre de nouvelles façons d'apprendre et de travailler, notamment en ayant recours aux outils numériques et aux langues vivantes étrangères. Lors de chaque EPI, les élèves, aidés par leurs professeurs, réaliseront un projet incluant une réalisation concrète, individuelle ou collective. Les équipes pédagogiques des collèges auront à choisir l'organisation pratique des EPI, notamment le choix des sujets, ainsi que la réalisation concrète attendue des élèves, et leur évaluation. Leurs choix s'inscriront dans le projet pédagogique de chaque établissement, en concertation avec le conseil pédagogique et après avis du conseil d'administration, où siègent également les parents d'élèves et des représentants des collectivités territoriales. Il appartiendra aux équipes pédagogiques de se saisir de cette marge d'autonomie introduite dans les établissements par la réforme du collège, pour faire preuve d'inventivité et d'innovation, comme elles le font déjà souvent. Enfin, les élèves qui souhaiteront approfondir l'apprentissage des langues anciennes auront accès à un enseignement appelé « de complément », à raison d'une heure en classe de 5ème, et de deux heures en classes de 4ème et de 3ème. Le fonctionnement de ces cours s'apparentera fortement à celui des actuelles options de latin ou de grec mises en œuvre aujourd'hui encore dans les collèges. Ainsi, les éléments culturels et linguistiques issus des langues et cultures de l'Antiquité seront accessibles à l'ensemble des collégiens, et non plus à un petit nombre.

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