Question de Mme TROENDLÉ Catherine (Haut-Rhin - UMP) publiée le 29/05/2015

Question posée en séance publique le 28/05/2015

Concerne le thème : La réforme du collège

M. le président. La parole est à Mme Catherine Troendlé, pour le groupe UMP.

Je demande à chacun de respecter le temps de parole qui lui est imparti. Maîtriser le temps, c'est aussi un apprentissage.


Mme Catherine Troendlé. Nombreuses furent les personnalités de tous bords à vous alerter, madame la ministre, sur les difficultés que soulèvent la réforme du collège et celle des programmes scolaires.

Nous avons assisté à une levée de boucliers contre la suppression du latin et du grec, contre l'annonce selon laquelle l'enseignement des Lumières deviendra facultatif en histoire en classe de cinquième – de même, le christianisme médiéval deviendra une option parmi d'autres –, ou encore contre la disparition des classes bilangues et européennes, qui menacera, c'est certain, l'apprentissage de la langue allemande.


Un sénateur du groupe UMP. C'est sûr !


Mme Catherine Troendlé. Les groupes d'amitié France-Allemagne du Sénat et de l'Assemblée nationale sont intervenus contre la suppression des classes bilangues et européennes. (M. Jean-Pierre Raffarin opine.) J'ai moi-même pris l'initiative d'une tribune en ce sens (Exclamations sur quelques travées du groupe socialiste.), qui a été cosignée par plus de cinquante de mes collègues sénateurs.

Nous pouvons relever encore l'appel de 250 parlementaires et les pétitions demandant la suppression de la réforme, signées par des dizaines de milliers de personnes. Malgré cela, rien n'y a fait, vous avez refusé de revoir votre copie !

Et vous avez encore fait la sourde oreille, en refusant de comprendre que la majorité des Français est opposée à votre réforme.


M. Didier Guillaume. Vous parlez en connaisseurs !


Mme Catherine Troendlé. La semaine dernière, ce sont les principaux acteurs de l'éducation nationale, les enseignants, qui se sont massivement mobilisés en manifestant à leur tour contre cette réforme. (Exclamations sur plusieurs travées du groupe socialiste.)

Leurs voix font écho aux inquiétudes de l'Association des professeurs d'histoire et de géographie, à celles des professeurs de lettres, mais aussi à celles des professeurs d'arts plastiques et des professeurs de langues vivantes. Tous se mobilisent contre cette réforme qui, comme ils le rappellent, se soldera « par la perte d'heures d'enseignement disciplinaire » au moment où les élèves en ont le plus grand besoin. (M. Roger Karoutchi opine.)

Malgré cela, vous avez décidé de passer en force. Affront suprême à tous ceux qui expriment leurs profondes inquiétudes sur vos réformes, vous avez publié au Journal officiel, en catimini, au lendemain d'une grève nationale, le décret ainsi que l'arrêté portant sur la réforme ! (M. Didier Guillaume s'exclame.)


M. le président. Posez votre question, ma chère collègue !


Mme Catherine Troendlé. Madame la ministre, vous refusez tout dialogue.


M. Didier Guillaume. Nous en parlons aujourd'hui !


Mme Catherine Troendlé. Voici ma question. (Ah ! sur les travées du groupe socialiste.)


Un sénateur du groupe socialiste. Il est temps !


Mme Catherine Troendlé. Dans une société en crise et une école en perte de repères, alors qu'une réelle crise de confiance s'installe entre les Français et leur école, entendez-vous enfin ouvrir une réelle et large concertation sur la réforme du collège et celle des programmes scolaires ? (Applaudissements sur les travées de l'UMP et sur plusieurs travées de l'UDI-UC.)

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 29/05/2015

Réponse apportée en séance publique le 28/05/2015

M. le président. La parole est à Mme la ministre, à laquelle je demande de pratiquer la contraction de texte, qui est un utile exercice. (Mme la ministre sourit.)

Mme Najat Vallaud-Belkacem,ministre.Je voudrais tout d'abord répondre en quelques mots à Mme la sénatrice Catherine Morin-Desailly.

M. Ladislas Poniatowski. Ce n'est pas la règle du jeu !

Mme Najat Vallaud-Belkacem,ministre.Vous proposiez en somme de décider d'office, dès l'âge du collège, que tel enfant s'orienterait vers l'apprentissage et l'enseignement professionnel, tandis que tel autre aurait droit à un enseignement plus général. Nous proposons de sensibiliser tous les élèves à l'ensemble des matières, qu'elles soient intellectuelles ou manuelles, afin qu'ils puissent construire leur orientation professionnelle en s'ouvrant toutes les perspectives possibles.(M. Ladislas Poniatowski s'exclame.) Il y a une différence fondamentale entre ces deux conceptions, et j'insiste sur la nécessité de bien préparer les enfants à leur future orientation professionnelle.

Madame la sénatrice Catherine Troendlé, nous devons faire preuve de sérénité, en commençant par bien distinguer réforme du collège et réforme des programmes.

La refonte des programmes est un dossier lourd, qui ne fait que commencer. En effet, le Conseil supérieur des programmes, instance indépendante au sein de laquelle siègent des élus de gauche et de droite, a conçu des projets de programmes sur toutes les matières enseignées à l'école primaire et au collège. Je remercie d'ailleurs les membres du Conseil supérieur pour le travail considérable qu'ils ont accompli. Ces projets sont soumis pour consultation à 800 000 enseignants pendant un mois, et c'est seulement après que nous validerons la version définitive. En la matière, - j'insiste sur ce point - je suis très à l'écoute des différents avis qui peuvent être formulés. Étant donné le nombre de disciplines et de niveaux d'apprentissage concernés, personne ne peut se croire omniscient.

J'ai donc demandé à ce que la consultation soit largement ouverte, au-delà même du corps enseignant. Ainsi, de grands historiens seront invités, lors d'un forum que nous organiserons le 3 juin prochain, à venir apporter leur éclairage et à dire comment l'histoire de France, dans sa singularité, doit être enseignée aux enfants en fonction de leur âge.

M. le président. Il faut conclure, madame la ministre !

Mme Najat Vallaud-Belkacem,ministre.En la matière, nous devons véritablement faire preuve d'esprit d'apaisement et chercher à élaborer les programmes les plus clairs, les plus progressifs et les plus efficaces possibles, afin que les enfants les acquièrent. Tel est notre objectif.(Applaudissementssur les travées du groupe socialiste.)

M. le président. La parole est à Mme Catherine Troendlé, pour la réplique.

Mme Catherine Troendlé. Je vous remercie de votre réponse, madame la ministre.

Ma remarque sur la concertation visait à la fois la réforme du collège et celle des programmes. Ces deux choses sont liées, madame la ministre ; vous ne pouvez pas les dissocier.(Exclamations sur quelques travées du groupe socialiste.)

M. Didier Guillaume. Ce sont deux choses différentes !

Mme Catherine Troendlé. Elles sont liées ! Dès lors que les enseignants ont largement manifesté leur mécontentement et leur rejet de la réforme du collège, comment voulez-vous parler d'une concertation sereine sur les programmes ?

Vous ne les avez pas entendus une première fois...Comment pouvez-vous aujourd'hui nous parler de sérénité ? (Mme Marie-Annick Duchêne et M. Gérard Bailly applaudissent.- M. Didier Guillaume s'exclame.)

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