Question de M. ANTISTE Maurice (Martinique - SOC-A) publiée le 14/05/2015

M. Maurice Antiste attire l'attention de Mme la ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie sur la problématique des augmentations de consommation électrique en Martinique associées au démantèlement de la filière des énergies renouvelables.

Il rappelle que malgré les nombreuses initiatives en matière de maîtrise de l'énergie en Martinique (et en outre-mer en général), la consommation ne cesse d'augmenter et cette évolution générera un besoin de vingt millions de watts d'ici 2015, et de quatre-vingts millions de watts d'ici 2025 (estimation d'Électricité de France - EDF), ceci à moins de mettre en place une politique très volontariste en matière de maîtrise énergétique.

Cette estimation traduit parfaitement les enjeux multiples de l'énergie en Martinique, que l'on pourrait résumer ainsi : réduire la dépendance (ce qui est en accord avec la politique du Gouvernement qui dit vouloir permettre le développement endogène de l'outre mer), créer de la valeur ajoutée locale et diminuer les émissions polluantes.
Plus spécifiquement, favoriser le développement et la revalorisation des filières d'énergie renouvelable pourrait permettre la valorisation des potentiels énergétiques terrestre et marin (renouvelable et de récupération), la réduction de la pollution atmosphérique, l'atténuation des effets du changement climatique, et bien entendu la création d'une dynamique de développement local adoptant des modes de consommation, de production industrielle et d'aménagement éco-responsables.

Dans cette optique, il rappelle que la région Martinique souhaite se mobiliser afin de s'impliquer dans la gouvernance énergétique de son territoire et utiliser ainsi sa stratégie énergétique globale comme un levier au service du développement.

En effet, que ce soit : pour l'énergie solaire (puisque la Martinique dispose d'un fort potentiel énergétique et économique en matière photovoltaïque) ; pour l'énergie thermique des mers (avec un potentiel de l'ordre de dix millions de watts, projet fortement soutenu par la région, à finalité d'exportation à terme de la technologie) ; pour l'énergie hydraulique (avec un potentiel de l'ordre de neuf millions de watts) ou l'énergie géothermique (puisqu'il y a deux sources à haute température en Martinique – à savoir Les Anses-d'Arlet et sur la montagne Pelée – les recherches pour trouver de la haute température permettront de déterminer les lieux de forage d'exploration), la Martinique dispose de sérieux atouts qui permettraient, si on lui en donnait les moyens, de tendre vers cette gouvernance énergétique.

Aussi, il souhaiterait savoir, eu égard aux appels d'offres antérieurs concernant les projets éoliens terrestres dans les départements d'outre-mer (DOM) et en Corse, s'il ne serait pas judicieux de permettre à la Martinique (et aux autres DOM) d'étendre ces projets à d'autres installations tenant compte des spécificités des DOM.

Il souhaite connaître les mesures susceptibles d'être mises en œuvre pour promouvoir une sérieuse et véritable politique publique de développement et de revalorisation des énergies renouvelables, notamment en termes d'habilitation énergie et de tarifs de rachats préférentiels obligatoires.

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Transmise au Ministère de l'environnement, de l'énergie et de la mer, chargé des relations internationales sur le climat


Réponse du Ministère de l'environnement, de l'énergie et de la mer, chargé des relations internationales sur le climat publiée le 06/10/2016

La loi n°  2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte prévoit que la Martinique fait l'objet d'une programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) distincte co-élaborée entre la collectivité et l'État. L'objectif est de parvenir à l'autonomie énergétique à l'horizon 2030, avec, comme objectif intermédiaire, 50 % d'énergies renouvelables à l'horizon 2020. La PPE est articulée autour des thèmes suivants : - la sécurité d'approvisionnement, - l'amélioration de l'efficacité énergétique et à la baisse de la consommation d'énergie primaire, en particulier fossile, - le développement des énergies renouvelables et de récupération, - le développement équilibré des réseaux, du stockage et de la transformation des énergies et du pilotage de la demande d'énergie pour favoriser notamment la production locale d'énergie, le développement des réseaux intelligents et l'autoproduction, - la préservation du pouvoir d'achat des consommateurs et de la compétitivité des prix de l'énergie, - l'évaluation des besoins de compétences professionnelles dans le domaine de l'énergie et à l'adaptation des formations à ces besoins. Le taux de pénétration actuel des énergies renouvelables en Martinique est de l'ordre de 2 % dans le bouquet énergétique et de 7 % dans le mix électrique. La PPE Martinique doit identifier des mesures ambitieuses et un large éventail de projets à base d'énergie renouvelable afin d'avancer le plus rapidement vers l'autonomie énergétique prévue par la loi en 2030. La transition énergétique et la croissance verte constituent un défi et une véritable chance pour les territoires ultramarins qui recèlent un formidable potentiel de déploiement des énergies renouvelables. Dès février 2015, la ministre de l'environnement, de l'énergie et de la mer, chargée des relations internationales sur le climat, a invité la Martinique à engager l'élaboration de la PPE sans attendre la promulgation de la loi de transition énergétique. Plusieurs réunions de concertation ont été organisées et ont permis d'identifier un certain nombre de projets novateurs à base d'énergie renouvelable qui permettront de faire évoluer la structure du mix électrique martiniquais de manière significative et rapide. La ministre de l'environnement, de l'énergie et de la mer, chargée des relations internationales sur le climat attache une importance toute particulière à ce que le processus de co-élaboration de la PPE puisse être mené à son terme dans les meilleurs délais.

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