Question de M. GILLES Bruno (Bouches-du-Rhône - UMP) publiée le 28/05/2015

M. Bruno Gilles appelle l'attention de Mme la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes sur la maladie de Lyme ou borréliose de Lyme. La borréliose de Lyme, provoquée par une bactérie pathogène transmise par une piqûre de tique, est une maladie vectorielle. C'est la maladie à vecteur la plus fréquente aux États-Unis et dans certains pays tempérés de l'hémisphère Nord. Aux États-Unis, elle frappe 300 000 nouvelles personnes chaque année. L'épidémie est d'ampleur similaire au Canada. En Allemagne, les autorités sanitaires estiment entre un et deux millions le nombre de personnes touchées. L'on peut considérer que les chiffres avancés par leurs homologues en France (une à deux dizaines de milliers de personnes atteintes par an) minimisent la réalité. En d'autres termes, les tests utilisés ne permettent pas de détecter l'ensemble des porteurs de la maladie.
L'infection de l'hôte par la tique a été scientifiquement démontrée et n'est pas sujette à caution. En revanche, cette maladie fait l'objet de nombreuses controverses au sein de la communauté médicale et scientifique, qu'il s'agisse de la fiabilité du diagnostic, de son caractère chronique et du traitement associé.
L'infection entraîne, sans traitement, divers troubles pathologiques (dermatologiques, arthritiques, cardiaques, neurologiques et parfois oculaires) ce qui rend son diagnostic clinique assez incertain et provoque chez le patient un malaise psychologique et social. Le diagnostic sérologique, destiné à confirmer le diagnostic clinique, n'est pas satisfaisant en raison du manque de fiabilité des tests effectués, ce que confirme l'état des lieux dressé par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) dans son rapport adopté le 28 mars 2014 et sur lequel s'appuient les associations de patients.
Si la borréliose de Lyme, détectée à temps, peut être traitée par voie d'antibiotiques, en l'absence d'une détection rapide cette maladie devient chronique, comme le HCSP s'en est fait l'écho.
Une expertise collective, pluridisciplinaire, se révèle donc absolument nécessaire, via un programme de recherche national voire européen pour disposer des données scientifiques les plus récentes et pour actualiser les recommandations issues de la conférence de consensus de décembre 2006 en thérapeutique anti-infectieuse, intitulée « Borréliose de Lyme : démarches diagnostiques, thérapeutiques et préventives ».
Pour toutes ces raisons, il lui demande quelles initiatives a prises et va prendre le ministère de la santé, dans cette perspective, en ce qui concerne la recherche sur une maladie invalidante et en forte progression et une meilleure information des professionnels de la santé.

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Réponse du Ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes publiée le 26/11/2015

Bien connue en milieu rural depuis sa réémergence en 1975 aux États-Unis dans le comté de Lyme, la borréliose de Lyme fait depuis plusieurs années en France l'objet d'une surveillance épidémiologique et vectorielle, chez l'homme comme chez l'animal. Cette maladie peut être contractée sur tout le territoire (à l'exception de la haute montagne et du littoral méditerranéen, milieux peu favorables à la survie des tiques). Selon l'institut de veille sanitaire (InVS), le nombre de cas de borréliose (toutes formes confondues) est estimé à 27 000 par an, en 2012. La tendance d'évolution est globalement stable depuis 2004. La borréliose de Lyme est une maladie infectieuse, transmise par les tiques Ixodes ricinus et dont l'évolution est favorable lorsqu'elle est diagnostiquée et traitée précocement. Le diagnostic repose sur un faisceau d'arguments cliniques, biologiques et épidémiologiques. La symptomatologie, le diagnostic et le traitement de la maladie de Lyme sont bien documentés en cas de morsure récente et de symptômes nets comme l'érythème migrant caractéristique. À distance de la morsure et devant des symptômes peu spécifiques, les démarches diagnostiques et thérapeutiques actuellement retenues par la communauté scientifique, issues de l'avis rendu par le haut conseil de la santé publique (HCSP) en 2010 et de la conférence de consensus de 2006 de la société de pathologie infectieuse de langue française (SPILF), peuvent s'avérer plus difficiles et ont suscité des opinions contrastées. La ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes a saisi le HCSP en vue d'obtenir une actualisation de l'état des connaissances sur l'épidémiologie, les techniques diagnostiques et les orientations de traitement de cette affection et l'identification d'axes de recherche éventuels. Ces travaux ont été rendus publics sur le site internet du HCSP en 2015. Le ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes a par ailleurs engagé une réflexion pour renforcer les outils de communication auprès de la population sur les risques infectieux liés aux tiques et des professionnels de santé sur la définition simple de repères pour effectuer un diagnostic précoce et d'informations sur la conduite à tenir. Les performances des tests de dépistage commercialisés seront également évaluées en lien avec l'agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et le centre national de référence des Borrelia (CNR). L'InVS a été aussi interrogé pour examiner dans quelles conditions les critères permettant de définir une maladie comme devant être soumise à déclaration obligatoire pourraient s'appliquer à la maladie de Lyme. Enfin, la ministre des affaires sociales, de la sante et des droits des femmes a saisi l'alliance des sciences du vivant (Aviesan) afin de disposer d'une expertise multidisciplinaire permettant un état des lieux de haut niveau et d'une grande rigueur scientifique sur les connaissances vétérinaires, entomologiques, biologiques, épidémiologiques, sociologiques et médicales relatives à la maladie de Lyme et autres pathogènes transmis par les tiques, ainsi que sur l'amélioration des techniques diagnostiques et des stratégies thérapeutiques en lien avec les équipes hospitalo-universitaires les plus engagées dans la recherche et l'ensemble des sociétés savantes concernées.

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