Question de Mme KAMMERMANN Christiane (Français établis hors de France - Les Républicains) publiée le 13/11/2015

Question posée en séance publique le 12/11/2015

Mme Christiane Kammermann. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères et du développement international.

Monsieur le ministre, Alep, qui compte 2,5 millions d'habitants, a été coupée du monde et encerclée par les djihadistes islamiques de Daech et du Front al-Nosra, qui s'entretuaient encore voilà trois à quatre semaines, et sont maintenant unis contre l'armée officielle. La seule voie de communication d'Alep avec l'extérieur est devenue un lieu de combats entre les forces islamistes djihadistes et l'armée syrienne. Il s'agit d'une tragédie que vivent des millions de civils et, parmi eux, quelques dizaines de Français. Pourquoi ne parle-t-on pas de cette tragédie dans les médias ?

Je viens de l'apprendre, le « blocus », qui aura duré quinze jours, a été partiellement levé. Nous devons impérativement exercer une pression politique sur les pays qui arment et soutiennent ces islamistes fanatiques.

Après avoir été privés de nourriture, de médicaments, de fioul et d'essence, les habitants d'Alep sont condamnés à la soif et à l'obscurité. En effet, les djihadistes contrôlent l'eau, qui arrive tous les dix à quinze jours, et l'électricité, qui manque depuis des mois !

Monsieur le ministre, nous devons absolument éviter la tragédie humanitaire qui menace les millions d'Alépins : c'est le moment pour la France d'intervenir rapidement et efficacement, en faisant pression sur ses alliés que sont l'Arabie saoudite, le Koweït, le Qatar et la Turquie. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministère des affaires étrangères et du développement international, chargé des affaires européennes publiée le 13/11/2015

Réponse apportée en séance publique le 12/11/2015

M. Harlem Désir, secrétaire d'État auprès du ministre des affaires étrangères et du développement international, chargé des affaires européennes. Vous avez évidemment raison, madame Kammermann : la situation de la ville martyre d'Alep est un sujet de préoccupation sur lequel le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, a attiré à plusieurs reprises l'attention de la communauté internationale.

En ce qui concerne le blocus que vous décrivez, comme vous l'avez vous-même indiqué, la situation vient d'évoluer au cours des dernières heures, puisque les forces du régime syrien ont repris il y a peu la route qui avait été perdue le mois dernier.

En revanche, il faut garder à l'esprit la situation dramatique des populations civiles et de l'opposition modérée à Alep depuis plus d'un an. Celle-ci se bat courageusement contre un double ennemi : d'une part, le régime, qui poursuit ses attaques indiscriminées et qui, il ne faut pas l'oublier, porte la principale responsabilité des violences commises contre les civils, comme le rappellent régulièrement les Nations unies ; d'autre part, Daech, dont on connaît également la monstruosité et la barbarie vis-à-vis des civils et de tous ceux qui ne se soumettent pas à son idéologie.

Il n'y a donc pas de solution exclusivement militaire à la crise syrienne, et Laurent Fabius rappellera samedi à Vienne nos trois priorités, en concertation avec nos partenaires.

La première priorité est humanitaire. Vous l'avez dit, madame la sénatrice, il faut assurer l'accès humanitaire aux populations et obtenir la fin des bombardements indiscriminés, autrement dit un cessez-le-feu.

Notre deuxième priorité est de lutter contre le terrorisme : la France poursuit et accroît ses frappes contre Daech et va déployer dans la région le porte-avions Charles-de-Gaulle. Nous devons également préserver l'opposition modérée, car elle constitue le meilleur rempart contre les terroristes - ce n'est pas le cas du régime syrien actuel.

Enfin, notre troisième priorité est de rechercher une solution politique globale, qui relève d'une absolue nécessité, car elle est la condition de tous les progrès dans les autres domaines. Les contours de cette solution sont connus, ils sont fondés sur ce que l'on appelle le « communiqué de Genève ». Ce document, issu de discussions internationales, prévoit la mise en place d'un gouvernement de transition, incluant à la fois des éléments du régime et de l'opposition,...

M. le président. Il faut conclure !

M. Harlem Désir, secrétaire d'État. ... et la préservation des institutions de l'État syrien.

Quoi qu'il en soit, Assad devra partir. En effet, tant qu'il sera là, il n'y aura pas de rassemblement du peuple syrien autour d'une solution de paix. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

M. le président. La parole est à Mme Christiane Kammermann, pour la réplique.

Mme Christiane Kammermann. Le général de Gaulle (Ah ! sur les travées du groupe socialiste et républicain.) disait que « cette obligation de jouer notre rôle à nous, de ne laisser à personne le droit d'agir ou de parler pour nous [...] marque l'esprit et la manière de notre participation aux entreprises internationales ».

On aimerait entendre la voix de la France plus haut et plus fort ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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