Question de M. GORCE Gaëtan (Nièvre - Socialiste et républicain) publiée le 12/02/2016

Question posée en séance publique le 11/02/2016

M. Gaëtan Gorce. Ma question, à laquelle je souhaite associer mes collègues Didier Marie, Catherine Génisson et François Patriat, s'adresse à M. le ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique.

L'entreprise Vallourec a annoncé plus de 1 000 suppressions d'emplois dans les prochains mois sur différents sites : Saint-Saulve, Déville-lès-Rouen, Montbard et Cosne-sur-Loire.

Tout d'abord, je voudrais exprimer ma solidarité à l'égard des personnels de l'entreprise, à commencer par ses ouvriers, qui sont non seulement les grandes victimes mais aussi les grands oubliés de la crise que nous traversons depuis 2008.

Ensuite, monsieur le ministre, je voudrais vous remercier des efforts consentis par l'État actionnaire pour éviter que les sites que je viens de citer ne soient fermés. Néanmoins, je me dois de vous indiquer – je pense que vous pouvez l'entendre – que cela ne sera pas suffisant.

Pour prendre l'exemple du site de Cosne-sur-Loire, qui se trouve dans un bassin ayant déjà perdu près de 1 000 emplois dans les secteurs de l'industrie et de la construction depuis 2008, ce sont 80 des 204 salariés qui vont perdre leur travail. Cela signifie que nous ne pouvons pas nous satisfaire de ce qui a été constamment entrepris jusqu'à présent dans le cadre des plans de revitalisation, de reconversion et des promesses de recréation d'activité. Nous avons besoin de faire plus et mieux !

Monsieur le ministre, vous qui défendez l'innovation économique, faites aussi progresser l'innovation sociale ! Faisons en sorte de trouver les solutions industrielles avant que le plan social ne soit mis en œuvre, que ces solutions prennent la forme d'une recréation d'activité au sein de Vallourec ou qu'elles se traduisent par la reconversion des salariés et l'implantation de nouvelles activités. Nous souhaitons avoir la garantie que l'activité continuera dans ces bassins d'emploi, que le pouvoir d'achat des salariés sera maintenu et que nous trouverons des solutions humaines à la crise.

En clair, imposons à Vallourec non pas une obligation de moyens, mais une obligation de résultat ! Monsieur le ministre, êtes-vous prêt à prendre cet engagement ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain, ainsi que sur quelques travées du groupe CRC.)

M. Didier Guillaume. Très bien !

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Réponse du Ministère de l'économie, de l'industrie et du numérique publiée le 12/02/2016

Réponse apportée en séance publique le 11/02/2016

M. Emmanuel Macron, ministre de l'économie, de l'industrie et du numérique. Monsieur le sénateur, vous avez eu raison de rappeler la situation dans laquelle se trouvent les ouvriers du groupe Vallourec - c'est du reste la raison pour laquelle nous avons pris toutes nos responsabilités -...

Mme Nicole Bricq. Tout à fait !

M. Emmanuel Macron, ministre. ... et la dignité avec laquelle ils ont réagi jusqu'à présent dans l'ensemble des sites industriels que vous avez cités.

À quelle crise sommes-nous confrontés ? Je voudrais tout de même en dire deux mots.

En premier lieu, il s'agit d'une crise du secteur pétrolier et parapétrolier : ce secteur, qui constitue l'essentiel des débouchés et 66 % du chiffre d'affaires du groupe Vallourec, s'est effondré au cours des dix-huit derniers mois et a entraîné une forte chute de l'activité.

En second lieu, la crise s'explique par une baisse très brutale du prix de l'acier, qui est due au dumping de la Chine, et contre laquelle nous avons commencé à nous battre et continuerons de le faire. Je vais amplifier notre action en la matière en me rendant à Bruxelles dès lundi prochain.

M. Jean-Pierre Raffarin. Vous restez à votre poste, alors ? (Sourires sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Roger Karoutchi. Bonne nouvelle ! (Nouveaux sourires sur les mêmes travées.)

M. Emmanuel Macron, ministre. Que faire sur ce sujet d'importance ?

Comme vous l'avez rappelé, monsieur le sénateur, nous avons recapitalisé le groupe Vallourec. Nous avons également demandé que les restructurations soient limitées et qu'aucun site productif ne soit fermé. Des efforts sont certes demandés pour deux sites, dont celui de Cosne-sur-Loire, ainsi que la fermeture de deux laminoirs, l'un à Saint-Saulve, l'autre à Déville-lès-Rouen, mais c'est la condition pour qu'aucun site productif ne soit fermé, alors que le taux d'occupation des sites du groupe n'est quasiment plus que de 50 % depuis six mois.

Face à cette situation, le Gouvernement formule plusieurs exigences.

Tout d'abord, Vallourec doit développer une stratégie offensive, consistant à se repositionner sur les activités à forte valeur ajoutée. C'est la raison pour laquelle nous avons recapitalisé le groupe et avons signé un partenariat avec un groupe japonais.

Ensuite, nous avons demandé que le groupe réalise des investissements complémentaires sur les sites touchés par la crise, afin que l'emploi productif se maintienne. C'est pourquoi j'ai demandé à Vallourec de proposer dans les prochaines semaines un plan d'investissement pour la revitalisation de ces sites, ce qui va dans le sens de ce que vous souhaitez.

En d'autres termes, Vallourec doit nous donner des garanties...

M. le président. Il faut conclure !

M. Emmanuel Macron, ministre. ... en termes de création d'activités à la fois dans son cœur de métier et dans le secteur de la recherche et développement.

Enfin, toujours pour aller dans votre sens, monsieur le sénateur, nous allons accélérer notre action et lancer des appels à projets pour la revitalisation des sites avant que les restructurations ne touchent à leur terme. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

M. Didier Guillaume. Bravo !

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