Question de Mme KAMMERMANN Christiane (Français établis hors de France - Les Républicains) publiée le 17/02/2016

Question posée en séance publique le 16/02/2016

Mme Christiane Kammermann. Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères et du développement international.

La situation à Alep est dramatique. Hier, des tirs de missiles ont tué près de cinquante civils, dont des enfants, et ont fait de nombreux blessés dans des établissements médicaux et des écoles. Entre 50 000 et 70 000 personnes ont fui les violents conflits dans la région d'Alep ; 35 000 civils se retrouvent bloqués à la frontière turque sans pouvoir la franchir ; 350 000 autres se retrouvent piégés dans la ville ; 160 000 personnes ont été obligées de fuir les violents combats au nord comme au sud du pays.

Ces populations vivent l'horreur. Elles ont besoin d'une aide d'urgence, de distributions alimentaires et de produits de première nécessité. Or il est très difficile pour l'aide humanitaire d'accéder à certaines zones, car la route reliant la ville d'Alep au nord de la Syrie a été coupée.

Monsieur le ministre, la voix de la France est bien faible sur ces sujets. Quelles mesures envisagez-vous pour que notre pays pèse sur le plan diplomatique ? Quelles initiatives envisagez-vous de prendre pour que l'aide humanitaire tant attendue arrive ? Allez-vous infléchir les choix de votre prédécesseur ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Ministère des affaires étrangères et du développement international publiée le 17/02/2016

Réponse apportée en séance publique le 16/02/2016

M. Jean-Marc Ayrault, ministre des affaires étrangères et du développement international. Madame la sénatrice, vous n'avez pas du tout exagéré la situation dramatique que vivent les populations de Syrie aujourd'hui. Vous avez évoqué le drame qui a touché un hôpital géré par des volontaires de Médecins sans frontières, lequel, après avoir été bombardé une première fois, l'a été une seconde, et ce par les mêmes. Je pense d'ailleurs que vous avez identifié ces récidivistes. L'hôpital était une cible. Ce n'était d'ailleurs pas la première fois que des objectifs médicaux étaient visés.

La situation est dramatique, et l'urgence humanitaire est la priorité, mais nous sommes aujourd'hui dans l'incapacité d'intervenir pour aider ces populations. À Alep, qui compte un million d'habitants, 50 000 personnes tentent de fuir, mais ne le peuvent pas.

Aujourd'hui, il nous faut être d'une très grande exigence et d'une grande fermeté à l'égard de toutes les parties qui interviennent militairement. Des engagements ont été pris à Munich le 11 février dernier, ils sont très clairs : les hostilités doivent cesser. La France s'est associée à cette demande. Tout le monde doit cesser les bombardements, sans hypocrisie, dans un délai d'une semaine.

Il est essentiel que les attaques cessent afin que nous puissions apporter une aide humanitaire, laquelle s'inscrit dans une volonté globale de trouver des solutions politiques à ce conflit, la solution militaire ne pouvant pas être exclusive.

Nous allons en plus reprendre les discussions à Genève, sous l'égide des Nations unies, et ce le plus rapidement possible. Une date a d'ailleurs été fixée, le 25 février prochain.

Tout cela est urgent, tout cela est notre combat commun. Je pense que nous pouvons nous rassembler sur cet objectif et, dans le même temps, tout faire pour que l'essentiel de la lutte soit concentré contre Daech et le terrorisme. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

M. le président. La parole est à Mme Christiane Kammermann, pour la réplique.

Mme Christiane Kammermann. Monsieur le ministre, notre politique étrangère est de moins en moins lisible sur la scène internationale. Cette illisibilité conduit malheureusement à l'impuissance, vous venez de l'évoquer.

Actuellement, on a le sentiment que la France ne porte plus une voix originale. Sa politique étrangère donne l'impression d'être alignée sur celle des États-Unis, alors qu'elle aurait pu et qu'elle aurait dû jouer un rôle singulier en gardant son indépendance. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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