Question de Mme RIOCREUX Stéphanie (Indre-et-Loire - Socialiste et républicain) publiée le 10/03/2016

Mme Stéphanie Riocreux appelle l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur les inquiétudes suscitées par la nocivité de substances contenues dans certains produits cosmétiques utilisés pour les bébés. Dans une étude parue le 15 février 2016 et réalisée en juillet et août 2015, l'organisation non gouvernementale « women in Europe for a common future » (WECF) révèle en effet que les shampoings, lotions, laits nettoyants, lingettes et autres cosmétiques utilisés au quotidien pour les bébés comportent encore trop de substances chimiques, potentiellement dangereuses ou allergènes. Cette association a confronté à la littérature scientifique et aux évaluations des autorités sanitaires françaises et européennes les étiquettes de 341 produits vendus en France dans les pharmacies, parapharmacies, supermarchés mais aussi dans certains magasins biologiques. Elle a mis en évidence que 88 % de ces produits testés, soit 299, sont composés d'ingrédients à risque élevé. Parmi ces substances, la méthylisothiazolinone (MIT), reconnue depuis décembre 2012 par la société française de dermatologie comme étant une cause d'irritations et d'eczémas, apparaît de manière récurrente. Il pourraît être « clastogène, c'est-à-dire modifiant la structure des chromosomes, selon des études menées chez l'animal » selon un expert auprès de la Commission européenne. De nombreux perturbateurs endocriniens se retrouveraient aussi dans ces produits. Or, selon un médecin, « un perturbateur endocrinien dans un cosmétique, c'est pire que dans un aliment. Une bonne partie de ceux ingérés seront détruits par les sucs digestifs alors qu'étalés sur la peau, ils passent dans le sang ». Selon les dermatologues, la peau d'un nourrisson, au niveau du visage et des fesses, absorbe comme un buvard et est facilement irritable et sensibilisante. Elle lui demande quelles suites elle donnera à cette étude et à ces observations afin de mieux protéger la santé et d'assurer la confiance de tous les publics dans les produits de notre industrie cosmétique dont le rayonnement est un atout majeur de notre pays.

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Réponse du Ministère des affaires sociales et de la santé publiée le 07/04/2016

Les substances entrant dans le champ cosmétique font l'objet d'une évaluation par l'agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) qui prend, en cas d'identification de risques particuliers, des mesures proportionnées allant de recommandations pour les consommateurs et les industriels à des suspensions ou retraits du marché, en passant par des restrictions d'utilisation. C'est dans ce cadre qu'elle a recommandé de limiter à 0,4 % la concentration de phénoxyéthanol dans les produits destinés aux enfants de moins de trois ans et de ne plus l'utiliser dans les produits cosmétiques destinés au siège. Les évaluations de l'ANSM sont ensuite soumises à la commission européenne pour évaluation par le comité scientifique pour la sécurité des consommateurs (CSSC) en vue d'obtenir une révision de la législation communautaire applicable. Le Gouvernement français a ainsi saisi les autorités compétentes européennes au sujet de substances potentiellement toxiques pour la santé ou ayant un effet perturbateur endocrinien avéré ou suspecté, comme le phénoxyéthanol, le triclosan, la méthylisothiazolinone. En vue d'informer le consommateur, la législation communautaire impose au responsable de la fabrication ou de la mise sur le marché d'un produit cosmétique d'inscrire sur le récipient et l'emballage ou sur une notice, en caractères indélébiles, facilement lisibles et visibles, différentes mentions, dont la liste de tous les ingrédients et les précautions particulières d'emploi. De plus, le gouvernement français a soutenu l'interdiction proposée par la commission européenne du propylparabène et du butylparabène dans les produits cosmétiques sans rinçage destinés à être appliqués sur la zone du siège afin de protéger les enfants de moins de 3 ans. Cette interdiction s'applique depuis le 16 avril 2015 comme le prévoit le règlement (UE) n°  1004/2014 du 18 septembre 2014 modifiant l'annexe V du règlement (CE) n°  1223/2009 listant les agents conservateurs admis dans les produits cosmétiques. Par ailleurs, le Gouvernement français œuvre comme force d'impulsion au niveau européen et international en matière de lutte contre les risques liés aux perturbateurs endocriniens. La stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens lancée à la suite de la conférence environnementale des 14 et 15 septembre 2012 comprend des actions dans le domaine de la recherche, de l'expertise, de l'encadrement législatif et réglementaire et de l'information du public. Cette stratégie a pour ambition de devenir un élément de référence pour l'élaboration de la stratégie européenne. L'Anses a ainsi publié, le 16 février 2016, un rapport relatif aux usages de la méthylisothiazolinone (MIT) dans les produits à usage courant et aux risques associés de sensibilisations cutanée et respiratoire. Ce rapport préconise un certain nombre de mesures visant à limiter l'exposition des consommateurs à la MIT, dont la poursuite des mesures engagées au niveau européen dans les produits cosmétiques. La Commission européenne a indiqué qu'un vote visant à interdire la MIT dans les produits non rincés sera proposé très prochainement par écrit. Un nouvel avis révisé du CSSC (comité scientifique pour les produits cosmétiques) de décembre 2015 conclut que, pour les produits rincés, il sera ajouté en plus de la composition en ingrédients, un avertissement pour alerter les personnes allergiques : « contient de la méthylisothiazolinone ». Compte tenu des processus internes et consultatifs de la Commission, un projet de règlement devrait être proposé au vote fin 2016-début 2017.

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