Question de M. CAMBON Christian (Val-de-Marne - Les Républicains) publiée le 31/03/2016

M. Christian Cambon attire l'attention de M. le secrétaire d'État, auprès du ministre des affaires étrangères et du développement international, chargé du développement et de la francophonie sur le potentiel négligé du dispositif institutionnel au sein des pays francophones.

La journée mondiale de la francophonie a eu lieu le 20 mars 2016. On constate une fois de plus que la France ne prend pas conscience de la force économique et stratégique de ce mécanisme. Il y aurait actuellement plus de 274 millions de personnes parlant le français dans le monde, ce qui représente le sixième espace géopolitique mondial. D'après les prévisions de l'organisation internationale de la francophonie, à l'horizon 2050, on comptera 715 millions de francophones.

Le français est la deuxième langue la plus apprise dans le monde. Les pays francophones et francophiles produisent 16 % du produit intérieur brut mondial. Ils détiennent 14 % des réserves mondiales de ressources naturelles. La francophonie peut être un moteur de croissance si la France s'en donne les moyens. Or, notre pays a diminué ses contributions envers l'institution de 25 % depuis cinq ans.

La connaissance du français est un atout. Grâce à la francophonie, la France peut renforcer son attraction au service de l'exportation ; cibler des secteurs clés pour favoriser l'emploi comme le tourisme, les technologies numériques, la santé, la recherche et développement.

Alors que la France peine à trouver des débouchés professionnels pour les plus jeunes (15-25 ans), la francophonie peut être un levier de développement.

Aussi souhaite-t-il savoir si le Gouvernement va prendre des mesures pour valoriser la francophonie auprès des jeunes générations et susciter des vocations. Il lui demande quelles décisions ont été prises depuis la remise du rapport sur « la francophonie et la francophilie, moteurs de la croissance durable » en août 2014.

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Transmise au Secrétariat d'État, auprès du ministère des affaires étrangères et du développement international, chargé du développement et de la francophonie


Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministère des affaires étrangères et du développement international, chargé du développement et de la francophonie publiée le 29/12/2016

Le ministère des Affaires étrangères et du Développement international (MAEDI) a pleinement pris la mesure du potentiel économique que représente la francophonie. Le rapport « La francophonie et la francophilie, moteurs de la croissance durable », remis par Jacques Attali au Président de la République en août 2014, fournit une analyse particulièrement intéressante et riche sur le poids économique de la Francophonie dans l'économie mondiale et sur les enjeux qui s'y rapportent. Il identifie les secteurs porteurs où elle peut être créatrice de croissance et d'emplois et précise les leviers sur lesquels il est possible d'agir. Ce rapport s'inscrit complétement dans le cadre de la diplomatie économique définie par le Ministre des Affaires étrangères et du Développement international, qui prend en compte l'atout considérable que représentent, sur les cinq continents, le partage de la langue française et les liens tissés à travers l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), ses opérateurs et ses réseaux. Les recommandations contenues dans ce rapport ont fait l'objet d'un examen attentif pour mesurer l'impact et le coût de chacune d'elles et définir des priorités. Certaines relèvent d'une approche multilatérale et de long terme, comme celle relative à la création d'une Union économique francophone. D'autres prônent un renforcement des politiques déjà mises en œuvre, comme la diffusion de contenus culturels francophones et le développement numérique, appuyés via le réseau des instituts français dans le monde. C'est le cas également pour la promotion de l'enseignement du français, avec notamment l'initiative « 100 000 professeurs pour l'Afrique » lancée au début de l'année 2014, la croissance du réseau d'établissements scolaires français et l'accent mis sur le français professionnel dans l'offre de cours des alliances et des instituts français. Dans le secteur de l'éducation et de la formation professionnelle, les financements de l'Agence française de développement (AFD) en Afrique francophone sont croissants. Comme le recommande Jacques Attali, les actions menées dans ces domaines sont poursuivies et amplifiées. Une mission a été confiée à Xavier Darcos, Ambassadeur pour le rayonnement du français, afin d'explorer les possibilités de promouvoir l'enseignement du français notamment auprès de la jeunesse. S'agissant de la mobilité des étudiants, chercheurs et entrepreneurs, il convient de noter que le « passeport talents » prévu dans la nouvelle loi sur l'immigration s'inscrit dans cette perspective. La mise en réseau des anciens étudiants en France est par ailleurs effective, avec le portail « France Alumni » qui rassemble les diplômés de l'enseignement supérieur français dans près de 50 pays. Le Gouvernement entend ainsi tirer tout le parti possible des recommandations de ce rapport ambitieux. C'est à ce titre que le ministère des Affaires étrangères et du Développement international a accueilli à Paris, le 27 octobre 2015, le deuxième forum économique de la Francophonie. Organisé sous l'égide du Département et de l'Organisation internationale de la Francophonie, il a permis de mobiliser le secteur privé et la société civile sur la mise en œuvre de la stratégie économique pour la Francophonie adoptée lors du Sommet de la Francophonie de Dakar en novembre 2014. Les débats ont porté sur les solutions pour valoriser durablement les ressources et le potentiel économique de l'espace francophone. En 2016, le Sommet de Tananarive a réitéré le souhait de maintenir l'engagement de l'OIF pour développer davantage la dimension économique de la Francophonie. Le Gouvernement soutient également les efforts de mise en œuvre de cette stratégie par l'Organisation Internationale de la Francophonie, notamment via son programme de soutien à l'entrepreneuriat des femmes et des jeunes en Afrique. La France demeure le premier contributeur à l'OIF.

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