Question de M. REINER Daniel (Meurthe-et-Moselle - Socialiste et républicain) publiée le 27/05/2016

Question posée en séance publique le 26/05/2016

M. Daniel Reiner. Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères et du développement international.

Monsieur le ministre, vous rentrez d'Israël et des territoires palestiniens, où vous avez accompagné le Premier ministre.

Je voudrais rappeler qu'une proposition de résolution sur la reconnaissance de l'État de Palestine a été votée dans cette enceinte le 11 décembre 2014. Elle illustre le rôle de puissance médiatrice que joue la France sur la question israélo-palestinienne depuis le discours de François Mitterrand à la Knesset, au mois de mars 1982. Depuis lors, ce rôle ne s'est pas démenti, et les positions de la France ont été constantes.

Le contexte a évidemment évolué, notamment avec l'émergence de l'Autorité palestinienne comme acteur reconnu par la communauté internationale.

Pourtant, le processus de paix est dans l'impasse et les deux parties ne se parlent plus depuis l'échec des initiatives américaines en 2014.

Depuis le mois d'octobre dernier, l'intifada des couteaux fait à nouveau rage. Plus de deux cents personnes ont perdu la vie, de part et d'autre.

Comme vous avez eu l'occasion de le souligner, l'objectif de la France, qui parle à Israël et à l'Autorité palestinienne, est de débloquer la situation. Pour nous, parlementaires, qui suivons cette question depuis longtemps, c'est l'honneur de la France de renouer le fil d'un dialogue qui ne saurait se limiter aux questions sécuritaires et de relancer un processus fondé sur une autre méthode.

Le contexte y est paradoxalement favorable ; beaucoup de pays arabes y sont prêts. Dans un premier temps, il faut naturellement remobiliser la communauté internationale. C'est le sens de la réunion du 3 juin prochain, qui rassemblera les États-Unis, l'Union européenne et une vingtaine de pays. Elle sera suivie d'une conférence internationale.

Comment faire en sorte que cette belle initiative française de paix puisse fructifier et donner lieu à un nouvel espoir ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

M. Roger Karoutchi. Elle est mort-née !

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Réponse du Ministère des affaires étrangères et du développement international publiée le 27/05/2016

Réponse apportée en séance publique le 26/05/2016

M. Jean-Marc Ayrault, ministre des affaires étrangères et du développement international. Monsieur le sénateur, vous avez décrit la situation telle qu'elle est : préoccupante !

On assiste chaque jour à la montée de la tension. Cela se traduit par des violences, dans les territoires palestiniens comme en Israël. Un tel engrenage est particulièrement dramatique. Surtout, il conduit à un désespoir.

Quand on va sur le terrain, on voit que la colonisation se poursuit. J'ai effectivement pu m'en rendre compte lors de ma visite, qui a précédé de plusieurs jours celle du Premier ministre.

La France ne se résigne pas au statu quo. Elle s'inscrit dans la seule perspective possible pour susciter à nouveau de la confiance, celle que - vous l'avez rappelé - notre pays défendait déjà lorsque François Mitterrand s'était exprimé devant la Knesset : deux États vivant côte à côte en sécurité, dans une dynamique de développement, nouant des relations avec les pays de la région, mais aussi avec l'Europe.

La France a pris cette initiative. J'en conviens, cela n'est pas facile, et requiert beaucoup de persuasion.

Le Premier ministre israélien demande des négociations directes. Mais, force est de le constater, cela ne fonctionne pas. Il était donc nécessaire de prendre une initiative à l'échelle de la communauté internationale, qu'il faut remobiliser. C'est le sens de la réunion du 3 juin, qui était prévue initialement à la date du 30 mai, mais qui a été reportée de quelques jours pour tenir compte des contraintes d'agenda des uns et des autres. À cette réunion participeront les membres permanents du conseil de sécurité, dont les États-Unis, les pays du Quartet, mais aussi les pays arabes et beaucoup de pays européens.

Chaque jour, l'adhésion à cette démarche est plus visible. La voie est étroite, mais c'est celle de l'espoir et du volontarisme politique. Nous voulons que l'espoir de deux États soit de nouveau dans l'actualité. La France y travaillera de toutes ses forces. Je vous remercie du soutien que vous apportez à cette démarche ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain. - M. André Gattolin et Mme Françoise Laborde applaudissent également.)

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