Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - RDSE-R) publiée le 09/06/2016

M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur les risques à long terme de la résistance microbienne aux antibiotiques.
Un rapport sur ces risques, commandé en 2014 par le premier ministre britannique à un économiste anglais, a été publié en mai 2016 sous le titre « Tackling drug-resistant infections globally » (« La lutte contre les infections résistantes aux médicaments à l'échelle mondiale »). Selon les chiffres très alarmants avancés par ce rapport, en 2050, la sur-utilisation des antibiotiques coûterait cent mille milliards de dollars et entraînerait dix millions de décès par an, soit plus que les décès causés par les différents cancers.
En conséquence, il lui demande ce qu'elle compte mettre en œuvre pour lutter contre l'antibiorésistance, notamment en limitant l'utilisation abusive d'antibiotiques.

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Réponse du Ministère des affaires sociales et de la santé publiée le 13/10/2016

L'antibiorésistance est une menace sanitaire bien identifiée par le ministère chargé de la santé, également inscrite au rang des priorités de l'organisation mondiale de la santé (OMS) et de l'Union européenne. Les estimations figurant dans le rapport de Mr O'Neill s'inscrivent parmi les nombreux documents et rapports récents illustrant cette mobilisation générale contre l'antibiorésistance. Le rapport du Groupe de travail spécial sur l'antibiorésistance a été remis en septembre 2015. Partant du constat que l'antibiorésistance est un problème complexe, dont la maitrise impose une politique interministérielle, la ministre des affaires sociales et de la santé a proposé au Premier Ministre de réunir un comité interministériel pour la santé (CIS) autour de ce thème, dès septembre 2016. Les travaux préparatoires à la tenue de ce CIS sont en voie d'achèvement afin de proposer une feuille de route interministérielle pour la maîtrise de l'antibiorésistance. Afin de réduire l'exposition inutile aux antibiotiques, sans nuire à la sécurité des soins, la ministre des affaires sociales et de la santé a inscrit dans la loi de modernisation de notre système de santé la possibilité d'encadrer les prescriptions d'antibiotiques ; cette mesure viendra compléter le récent décret encadrant, en santé animale, la prescription d'antibiotiques considérés comme « d''importance critique », dont la liste a été établie par l'agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Il s'agit également de fournir aux prescripteurs de nouveaux outils pour une plus juste prescription, en favorisant l'accès et l'utilisation de tests rapides d'orientation diagnostique, permettant d'éviter des prescriptions inutiles ou de mieux les cibler et, enfin, de promouvoir la recherche et l'innovation thérapeutique face au désengagement de l'industrie dans ce domaine. Le Gouvernement travaille à définir un cadre réglementaire spécifique à ces produits afin de faciliter leur développement et leur accessibilité, qu'il sera possible de défendre auprès de nos partenaires européens. 

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