Question de Mme MÉLOT Colette (Seine-et-Marne - Les Républicains) publiée le 08/07/2016

Question posée en séance publique le 07/07/2016

Mme Colette Mélot. Ma question s'adresse à M. le ministre des affaires étrangères et du développement international.

Une onde de choc a traversé l'Europe le 24 juin. Le Brexit a donné lieu à des démissions au Royaume-Uni et à des réactions dans les vingt-sept autres pays de l'Union européenne.

Après le Conseil européen, la situation reste confuse. Pourtant, cette crise agit comme un révélateur et doit permettre un recentrage des priorités de l'Union européenne. Une refondation de l'Europe s'impose.

L'objectif de paix que s'étaient fixé les pères fondateurs a été atteint. Le niveau de vie des Européens s'est élevé. Aujourd'hui, d'autres défis sont devant nous. Les attentes de nos concitoyens concernent la sécurité et la maîtrise des frontières, la croissance et l'emploi, en particulier pour la jeunesse.

Or, depuis que 17,4 millions de Britanniques ont voté pour une sortie de l'Union européenne, nous avons le sentiment que le président Hollande est aussi silencieux que démuni (Marques de dénégation sur les travées du groupe socialiste et républicain.), et la Commission européenne ne semble pas vraiment tirer les leçons de cet événement inédit. J'en veux pour preuve l'ouverture d'un nouveau chapitre de négociations pour l'adhésion de la Turquie.

Monsieur le ministre, ma question est la suivante : saurez-vous contribuer à faire du Brexit l'électrochoc que les Français attendent ? (Applaudissements sur certaines travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Ministère des affaires étrangères et du développement international publiée le 08/07/2016

Réponse apportée en séance publique le 07/07/2016

M. Jean-Marc Ayrault, ministre des affaires étrangères et du développement international. Madame la sénatrice, il faut traiter de front les deux questions, à savoir à la fois gérer la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne et relancer le projet européen, qui en a besoin, mais sans chercher à faire peur : l'adhésion de la Turquie n'est pas pour demain matin, vous le savez fort bien ! Si trois chapitres de négociation ont effectivement été ouverts depuis 2012, onze l'avaient été sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Alors, s'il vous plaît, n'utilisez pas cet argument !

En revanche, vous avez raison, il faut que l'Europe redonne tout son sens au projet des pères fondateurs. Il faut qu'elle revienne aux sources. Pour cela, nous avons un travail considérable à accomplir.

Dans cette perspective, j'ai, avec mon homologue allemand Frank-Walter Steinmeier, fait des propositions qui portent à la fois sur la sécurité, intérieure et hors de nos frontières, le nouveau défi stratégique, les investissements d'avenir, la croissance et l'emploi, le nécessaire approfondissement de la zone euro, la question migratoire. Sur ce point, il convient d'agir dans la clarté et la solidarité, en distinguant les réfugiés des migrants économiques, et d'organiser les relations entre l'Europe et l'Afrique.

Tout en réfléchissant aux moyens d'améliorer le fonctionnement de toutes les institutions européennes, sans systématiquement renvoyer la faute sur la Commission - c'est un peu facile -, il faut œuvrer résolument en faveur de la jeunesse. Nous avons été capables de mettre en place le programme Erasmus ; il faut maintenant aller beaucoup plus loin, poser des actes pour que l'Europe retrouve son élan. Il y va de notre responsabilité. C'est pourquoi le Conseil européen a décidé la tenue d'un Conseil européen extraordinaire le 16 septembre, à Bratislava. D'ici là, rassurez-vous, la France continuera d'apporter au débat ses propres propositions pour faire de nouveau avancer l'Europe. (Applaudissements sur certaines travées du groupe socialiste et républicain.)

M. le président. La parole est à Mme Colette Mélot, pour la réplique.

Mme Colette Mélot. Monsieur le ministre, les Français attendent une réponse politique et veulent que nous sortions de la logique technocratique.

L'absence d'influence du Gouvernement dans la relation franco-allemande, l'absence de leadership du président Hollande sur la scène européenne et le manque d'autorité, il faut bien le dire, de M. Juncker sont très préoccupants.

Si nous n'y prenons garde, tout continuera comme avant. Or c'est ce que les Français refusent ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. - Protestations sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

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