Question de M. BAILLY Gérard (Jura - Les Républicains) publiée le 14/07/2016

M. Gérard Bailly appelle l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur la façon dont les médias dénigrent sans cesse la qualité des produits alimentaires français, créant ainsi une grande suspicion et de l'inquiétude dans l'esprit de nos concitoyens.

En effet, il ne se passe pas une semaine sans que les médias n'évoquent un problème de santé publique qui serait lié à notre alimentation. À cet égard, il lui semble qu'on ne peut laisser dire n'importe quoi sur ces sujets importants, surtout lorsque les propos tenus sont malveillants et faux. Or, malheureusement, pratiquement tous les produits alimentaires ont été ou sont concernés : un jour le lait, un autre jour le pain ou les œufs, le sucre, les crustacés, certains fruits et légumes et, surtout, la viande, point de mire des critiques.

Actuellement, force est de constater que la critique se focalise sur la viande, avec pêle-mêle les gaz entériques des bovins, les conditions d'abattage, le bien-être animal et désormais la consommation d'eau. Il a ainsi lu dans le Progrès de Lyon, édition du Jura du 15 mai 2016, un article indiquant qu'il faudrait 15 500 litres d'eau pour faire 1 kg de bœuf, c'est-à-dire 4 650 000 litres soit 4 650 m3 d'eau par bovin. Cet article affirmait en outre que 40 % des ressources en eau du pays seraient utilisées pour nourrir le bétail, affirmation totalement fausse et qui de surcroît ne tient pas compte du recyclage de l'eau. Il ne peut que constater mais aussi déplorer que les médias relaient une profusion de contre-vérités ; il est convaincu que l'objectif ainsi poursuivi est de pousser les Français à devenir végétariens.

Pour sa part, il pense qu'on ne peut pas, par manque de clairvoyance ou simplement par laisser-faire, laisser proliférer ces propos faux et médisants, mais qu'il conviendrait, au contraire, de prendre enfin la mesure du découragement de nos éleveurs et de les soutenir efficacement, puisqu'a contrario, ils se battent pour maintenir leurs exploitations et leurs modes d'exploitation, ce qui leur permet d'assurer aux consommateurs français des produits de qualité et une nourriture saine. De plus, sans culture et sans élevage, les pâtures et les beaux paysages de montagne seront, en réalité, rapidement rendus à l'état de friches. Aussi, il se demande si ces véhéments critiques des produits français ont conscience que sans les producteurs français, nos concitoyens n'auront d'autre choix que de manger du bœuf venant d'étables contenant plusieurs milliers d'animaux, nourris au soja dont 70 % est cultivé à partir des organismes génétiquement modifiés (OGM) et il s'interroge pour savoir si les pouvoirs publics vont laisser ces contre publicités proliférer.

C'est pourquoi, pour clarifier la situation et afin que puisse cesser ce dénigrement permanent et injustifié des produits alimentaires français, il lui demande de dire clairement à la représentation nationale s'il y a un danger pour la santé à manger les produits français, et si tel est le cas, de bien vouloir lui indiquer quels sont les produits qui posent problème.

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Transmise au Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt


Réponse du Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt publiée le 21/12/2016

Réponse apportée en séance publique le 20/12/2016

M. Gérard Bailly. Monsieur le ministre de l'agriculture, j'avais adressé ma question à Mme la ministre des affaires sociales et de la santé. Je ne mets pas pour autant en doute votre parole, loin s'en faut, et je m'adresserai à vous en tant que porte-parole du Gouvernement.

Je souhaitais attirer l'attention de Mme la ministre sur la façon dont certains médias dénigrent sans cesse la qualité des produits alimentaires français, créant ainsi de grandes suspicions et inquiétudes dans l'esprit de nos concitoyens.

En effet, il ne se passe pas une semaine sans que les médias évoquent un problème de santé publique qui serait lié à notre alimentation. À cet égard, il me semble qu'on ne peut laisser dire n'importe quoi sur un sujet aussi important que la santé, a fortiori lorsque les propos tenus sont malveillants et faux. Or, malheureusement, je constate que pratiquement tous nos produits alimentaires ont été ou sont concernés : un jour le lait, un autre jour le pain, les œufs, le sucre, les crustacés, certains fruits et légumes, et surtout la viande, point de mire des critiques depuis le printemps dernier.

De fait, ces derniers mois – j'ai déposé ma question en mai dernier –, la critique se focalise sur la viande : on évoque, pêle-mêle, les gaz entériques des bovins, les conditions d'abattage, le bien-être animal et désormais la consommation d'eau. J'ai ainsi lu dans l'édition du 15 mai 2016 du Progrès de Lyon un article (L'orateur montre une photocopie de cet article.) selon lequel il faudrait 15 500 litres d'eau pour faire un kilo de bœuf, soit 4 650 000 litres, c'est-à-dire 4 650 mètres cubes d'eau par bovin ! Cet article prétendait en outre que 40 % des ressources en eau du pays seraient utilisées pour nourrir le bétail, affirmation complètement fausse et qui, de surcroît, ne tient pas compte du recyclage de l'eau. Outre ces articles de presse, des réunions se tiennent régulièrement où l'agriculture est montrée du doigt.

Aussi, je ne peux que constater et déplorer cette profusion de contrevérités relayées par les médias. Je suis intimement convaincu que l'objectif de leurs auteurs est de pousser le consommateur français à devenir végétarien, voire végétalien : non seulement il ne mangerait plus ni viande ni poisson, mais il supprimerait aussi de son alimentation tous produits ayant une origine animale, comme le lait ou les œufs.

Pour ma part, je pense qu'on ne saurait, par manque de clairvoyance ou simplement par laisser-faire, permettre à ces propos faux et médisants de proliférer. Il conviendrait, au contraire, de prendre enfin toute la mesure du découragement de nos agriculteurs et de nos éleveurs et de les soutenir efficacement, puisque, a contrario, ils se battent pour maintenir leurs exploitations et les modes de travail qui leur permettent d'assurer aux consommateurs français des produits de qualité et une nourriture saine. J'ajoute que, sans culture et sans élevage, nos pâtures et tous nos beaux paysages de montagne seraient rapidement rendus à l'état de friche.

C'est pourquoi, pour clarifier la situation et afin que puisse cesser ce dénigrement quasi constant et injustifié des produits alimentaires français, j'aurais aimé que Mme la ministre de la santé puisse indiquer clairement à la représentation nationale s'il y a un danger pour la santé à manger les produits français et, si tel peut être le cas, quels sont les produits qui poseraient problème. (Mme Patricia Morhet-Richaud applaudit.)

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Stéphane Le Foll, ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le sénateur, ce n'est pas vraiment une question. Y aurait-il un problème à manger des produits français ? Non ! Le Gouvernement a-t-il engagé, depuis que j'occupe cette fonction, une valorisation de l'origine France des produits et, en particulier, de la viande ?

M. Gérard Bailly. Oui !

M. Stéphane Le Foll, ministre. Oui ! Cela commence-t-il à avoir un impact si sérieux que des investisseurs européens désireux d'obtenir ces labels viennent en France ? Oui ! Il y a donc bien eu des changements.

Par ailleurs, nous continuons de faire des efforts en faveur du bien-être animal. L'utilisation des antibiotiques, par exemple, qui a été dénoncée, a diminué de plus de 20 % en trois ans. Il faut mettre en valeur ces avancées : nous avons rempli plus vite que prévu l'objectif que nous avions fixé. Dans les filières professionnelles, le travail engagé est très important ; tous ceux qui médisent doivent le savoir.

En outre, nous développons à présent des stratégies pour intégrer à l'alimentation animale des éléments favorables à la santé humaine. Ainsi, des élevages bovins et porcins utilisent des aliments riches en lin et en légumineuses, ce qui rend la viande riche en oméga-3, en acides gras polyinsaturés, ce qui est très important pour la santé. Tous ces processus vont dans le même sens : plus de bien-être, de meilleures conditions de production et, dans le même temps, des viandes dont la qualité s'améliore de plus en plus. C'est cela la vérité, voilà ce qu'on doit répondre à ceux qui le contestent !

Cependant, comme vous l'avez rappelé, des offensives très fortes et virulentes sont menées contre la consommation de viande. Les vegans, comme on les appelle, ont un engagement militant en faveur du mode de vie végétarien ou végétalien.

Ce faisant, ils oublient que, si l'on ne consommait plus aucune viande, il n'y aurait plus d'animaux domestiques. Par quoi seraient-ils remplacés ? Peut-être par des animaux sauvages, et encore. Laisser penser que la nature laisserait les choses se faire sans aucune réponse est une erreur, mais ces militants seraient responsables, suivant leur logique, de la disparition massive de toutes les espèces domestiques : ce serait radical ! Il faut donc répéter à tous ceux qui pensent qu'il suffirait d'arrêter de manger de la viande que cela aurait de graves conséquences. Tous les gens qui viennent admirer les magnifiques animaux présents au Salon de l'agriculture doivent savoir que, si l'on entrait dans cette logique, ces animaux disparaîtraient !

Certes, je ne nie pas l'existence d'un débat sur cette question, et je respecte le choix de devenir végétarien ou végétalien. Il faut en revanche s'adresser au grand public. La production et l'élevage français ont fait, font et feront encore des progrès. Cela doit sécuriser nos concitoyens et les consommateurs.

Il faut aussi répéter à quel point la décision prise par les vegans est particulière. Dans l'histoire de l'humanité, les chasseurs-cueilleurs transhumants ont eu une existence stable et durable, pour près de 70 000 ans ! Je crains que certains, aujourd'hui, ne mesurent pas que leurs positions radicales ne nous permettront pas de subsister aussi longtemps. Quant aux chasseurs-cueilleurs, ils cueillaient, mais ils chassaient aussi ! S'ils n'avaient pas de troupeaux domestiques, ils mangeaient du gibier. Tout cela doit être rappelé. Certains veulent changer radicalement le monde, mais il existe depuis des millions d'années, et l'espèce humaine telle qu'elle est aujourd'hui a vécu de la chasse pendant des dizaines de milliers d'années !

M. le président. Il faudrait conclure, monsieur le ministre.

M. Stéphane Le Foll, ministre. Volontiers, monsieur le président. Permettez-moi de conclure en évoquant le fait que la transition du mode de vie de chasseur-cueilleur à l'agriculture a eu lieu très tôt à Marseille ! (Sourires.)

M. le président. La parole est à M. Gérard Bailly.

M. Gérard Bailly. Monsieur le ministre, je ne mets pas en doute votre parole. Nous avons participé ensemble à suffisamment de manifestations de valorisation de la production agricole – je vous en remercie d'ailleurs – pour que vous le sachiez.

En revanche, j'aurais aimé pouvoir obtenir ces assurances de Mme la ministre de la santé, à qui ma question était adressée. On lit des articles selon lesquels la consommation de viande rouge nuit à la santé, la viande est cancérigène, et manger de la viande n'est pas indispensable : ces attaques ne s'arrêtent jamais ! Pour ma part, je voudrais que Mme la ministre, un jour, dise à nos concitoyens que ce n'est pas vrai et que ces attaques doivent cesser, car elles pèsent tout de même lourd.

En outre, s'il n'y avait plus d'agriculteurs en France, on devrait importer nos produits alimentaires d'outre-Atlantique, d'Amérique du Sud, ce qui mettrait dans nos assiettes des organismes génétiquement modifiés et des hormones. Je doute que ces produits auraient la qualité française ! C'est pourquoi, monsieur le ministre, non seulement il faut répéter ces choses, mais il faudrait que ce soit Mme Touraine, en tant que ministre de la santé, qui le dise à l'opinion publique.

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