Question de M. VASSELLE Alain (Oise - Les Républicains) publiée le 14/10/2016

Question posée en séance publique le 13/10/2016

M. Alain Vasselle. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.

Monsieur le ministre, nous assistons depuis plusieurs années à l'abandon des banlieues, ces territoires perdus de la République. Dans ces quartiers délibérément laissés aux mains de la délinquance, on voit s'instaurer des zones de non-droit, dont vous niez l'existence et dont l'actualité, hélas, nous rappelle constamment l'évidence.

À Viry-Châtillon, samedi dernier, une équipe de policiers a été agressée au cocktail Molotov par une bande d'individus qui avaient clairement l'intention de tuer, se considérant comme les seuls maîtres des lieux.

La patrouille était sous-équipée et composée de policiers qui n'étaient pas formés à faire face à un tel déchainement de violence. Nous arrivons à une absurdité totale : comment protéger les policiers chargés de protéger les caméras, chargées elles-mêmes de protéger la population ?

Mes chers collègues, je voudrais rendre hommage à ces femmes et à ces hommes qui continuent d'assurer leur mission de protection dans des conditions qui se dégradent constamment. Ils sont aujourd'hui les premières victimes d'un État devenu impuissant, conduit par un gouvernement tétanisé par une politique de l'excuse et une actualité qui le dépasse. N'est-ce pas là l'acceptation pure et simple de cette violence ?

Après chaque nouveau drame, c'est le même cérémonial : le ministre vient faire sur place un constat, annonce de nouvelles résolutions et déclare qu'on va voir ce qu'on va voir ! Las, quelques jours plus tard, les compagnies de CRS venues en renfort repartent, la violence reprend ses droits et l'État perd un peu plus de son autorité.

Monsieur le ministre, quand et comment comptez-vous enfin enrayer cette folle escalade ? (Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et de l'UDI-UC.)

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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement publiée le 14/10/2016

Réponse apportée en séance publique le 13/10/2016

M. Jean-Marie Le Guen, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement. Monsieur Vasselle, je vous rejoins pour souligner l'exceptionnelle gravité des faits qui se sont déroulés à Viry-Châtillon : des voyous ont voulu tuer des policiers. Ils ont attaqué une première patrouille, avant de s'en prendre à une seconde, venue en renfort.

Nos pensées, auxquelles vous vous associerez sans doute, vont d'abord aux quatre policiers blessés et à leurs proches. Deux sont encore hospitalisés : une gardienne de la paix de 39 ans, mère de trois enfants, et un adjoint de sécurité de 28 ans, dont le pronostic vital est toujours engagé.

Le Premier ministre et le ministre de l'intérieur se sont rendus sur place, pour soutenir ces fonctionnaires et souligner le travail accompli chaque jour par les forces de police.

Je veux être très clair : l'État sera respecté. Ces criminels doivent savoir que le Gouvernement est déterminé à les mettre hors d'état de nuire. Comme à Moirans voilà quelques mois, nous faisons pleinement confiance aux enquêteurs pour trouver les responsables de ces actes odieux.

Par ailleurs, monsieur le sénateur, vous nous interrogez sur les moyens qui ont été accordés à la police, en remettant en cause leur importance. Oui, depuis plusieurs années, des moyens supplémentaires ont été donnés aux forces de police, notamment aux brigades anti-criminalité, les BAC, et aux pelotons de surveillance et d'intervention.

L'effort se poursuit pour les policiers du quotidien, en particulier pour ceux des zones de sécurité prioritaire, qui verront leurs moyens renforcés de manière importante. Quelque 9 000 postes ont été créés depuis 2012, quand 13 000 avaient été supprimés sous le quinquennat précédent. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains et de l'UDI-UC. – C'est la vérité ! et applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

Ces chiffres ne sont pas sans rapport avec le sentiment d'inaction que vous dénoncez, monsieur Vasselle. (Mêmes mouvements.)

Plus encore, depuis 2012, les moyens donnés à cette police d'investissement ont augmenté de 73 % ! Voilà quelle est la réalité, monsieur le sénateur. Aujourd'hui, le Gouvernement agit, quand la majorité sénatoriale en est encore au précédent quinquennat ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

M. François Grosdidier. C'est vous qui êtes restés bloqués en 2012 !

M. le président. La parole est à M. Alain Vasselle, pour la réplique.

M. Alain Vasselle. Monsieur le secrétaire d'État, le constat est affligeant : plus de 500 policiers blessés chaque mois ; 5 736 policiers blessés en mission en 2015 et 3 275 pour le seul premier semestre 2016 !

La police n'accepte plus cet état de fait. De nombreux fonctionnaires démissionnent ou demandent à être mutés loin de ce chaos urbain que vous tolérez. Écoutez les policiers et cessez d'éluder vos responsabilités quand cela fait presque cinq ans que vous gouvernez ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et de l'UDI-UC.)

M. Jean-Louis Carrère. Alain Vasselle, l'homme des banlieues !

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