Question de M. LEGENDRE Jacques (Nord - Les Républicains) publiée le 19/10/2016

Question posée en séance publique le 18/10/2016

M. Jacques Legendre. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

En France, la politique de la langue est une politique d'État. Vous vous êtes préoccupé récemment de l'état de l'illettrisme en France et vous avez souhaité, monsieur le Premier ministre, confier un rapport sur ce sujet à l'ex-secrétaire général de la CGT, M. Lepaon, qui pourrait être placé à la tête d'une agence de la langue française (Exclamations amusées sur les travées du groupe Les Républicains.), dont la création serait motivée par la volonté d'accentuer la lutte contre l'illettrisme.

Vous avez raison, monsieur le Premier ministre, de vouloir lutter contre l'illettrisme, mais la politique de la langue ne peut se réduire à cette dimension. Quand on touche aux structures qui protègent notre langue en France, il faut envisager les problèmes dans leur globalité.

Monsieur le Premier ministre, pourriez-vous nous donner quelques informations sur la situation et nous indiquer quelles sont vos intentions dans ce domaine ? Une telle réforme de structures ne saurait intervenir qu'après un débat au Parlement et ne peut résulter d'une simple décision administrative. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur certaines travées de l'UDI-UC.)

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 19/10/2016

Réponse apportée en séance publique le 18/10/2016

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Monsieur le sénateur, nous partageons évidemment la préoccupation que vous avez exprimée. Aujourd'hui, 18 % des jeunes Français n'ont pas une bonne maîtrise de la lecture, 8 % sont des lecteurs médiocres et 10 % sont en grande difficulté et proches de l'illettrisme.

C'est la raison pour laquelle, pour ce qui concerne l'éducation nationale, a été adoptée la loi d'orientation et de programmation pour la refondation de l'école de la République, qui place la maîtrise des fondamentaux au cœur des apprentissages.

M. Didier Guillaume. Absolument !

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre. De même, si nous avons réinstauré une cinquième matinée de classe pour les enfants, c'est afin de leur garantir un bon apprentissage.

Les nouveaux programmes de la scolarité obligatoire qui s'appliquent depuis cette rentrée insistent également sur l'acquisition des fondamentaux, notamment la maîtrise du français, y compris dans les autres disciplines abordées par les élèves, telles que les mathématiques ou l'histoire, l'accent étant mis sur l'expression orale et écrite.

Le retour de la dictée quotidienne va dans le même sens, ainsi que la préscolarisation des enfants avant l'âge de trois ans, le meilleur moyen d'exposer les enfants de manière précoce au langage parlé étant de les accueillir tôt à l'école. Les progrès vont croissant.

Cela étant, vous avez raison, monsieur le sénateur : la lutte contre l'illettrisme ne se mène pas uniquement à l'école, d'où la mission qui a été confiée par le Premier ministre à M. Lepaon. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.) L'agence dont vous avez évoqué la création devra œuvrer au recul de l'illettrisme, mais aussi à la promotion de la langue française. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

M. le président. La parole est à M. Jacques Legendre, pour la réplique.

M. Jacques Legendre. Madame la ministre, vous n'avez pas répondu précisément à ma question !

M. Alain Gournac. Non !

M. Jacques Legendre. Nous sommes bien sûr tous d'accord pour améliorer les dispositifs de lutte contre l'illettrisme, mais la politique de la langue française ne se résume pas à cela. Il est question de rattacher à la future agence de la langue française le Centre international d'études pédagogiques de Sèvres, qui jusqu'ici dépendait de vous, madame la ministre, ainsi que la Délégation générale à la langue française et aux langues de France, qui jusqu'ici relevait du ministère de la culture : cela témoigne de la complexité du problème !

Nous demandons la tenue d'un débat au Parlement sur la meilleure façon de protéger la langue française. Vous ne pouvez pas prendre de décision dans ce domaine sans que la représentation nationale ait eu à en connaître ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur de nombreuses travées de l'UDI-UC. – M. Gilbert Barbier applaudit également.)

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