Question de M. COURTEAU Roland (Aude - Socialiste et républicain) publiée le 27/10/2016

M. Roland Courteau attire l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur le marché des audioprothèses et les prix exorbitants qui sont pratiqués entraînant de fait un réel sous-équipement des Français.

En France, plusieurs millions de personnes sont atteintes d'une déficience auditive. Sur les 3 millions de personnes appareillables, seulement 2 millions sont équipés.
Si des freins psychologiques existent, « des freins économiques peuvent aussi expliquer ce sous-appareillage », car le coût d'un équipement en France est substantiel, de l'ordre de 1 500 euros par oreille en moyenne, avec un reste à charge important pour le patient, à hauteur d'environ 1 000 euros par oreille, a rappelé en juillet 2016 l'Autorité de la concurrence.

Il lui indique que l'Autorité de la concurrence a identifié les principales problématiques sur le « marché aval », c'est-à-dire le secteur très atomisé des quelque 3 250 audioprothésistes, répartis entre indépendants, grandes enseignes d'audition et d'optique.
Elle s'interroge notamment sur la pertinence de coupler le prix d'un appareil avec les prestations de suivi, qui s'échelonnent sur plusieurs années et dont le prix est fixé à l'avance avec un paiement « souvent immédiat ».

Il lui fait remarquer que, selon l'Autorité de la concurrence, l'option d'une augmentation des remboursements par l'assurance-maladie « mérite d'être explorée », à condition de réguler les prix pratiqués par les audioprothésistes, « afin que la diminution du reste à charge bénéficie effectivement aux patients ».

Enfin l'Autorité se dit « favorable » au développement des réseaux de soins mis en place par les complémentaires santé, « eu égard à leur capacité à animer la concurrence ».

Il lui demande de bien vouloir lui faire connaître son sentiment par rapport à cette situation ainsi que les initiatives susceptibles d'être prises.

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Transmise au Ministère des affaires sociales et de la santé


Réponse du Ministère des affaires sociales et de la santé publiée le 22/12/2016

L'accès aux prothèses auditives constitue un sujet de préoccupation légitime pour nos concitoyens dans la mesure où il se heurte à plusieurs freins, le plus important étant le frein financier. Les dispositifs d'audio prothèses sont peu pris en charge par l'assurance maladie et les complémentaires santé, alors qu'ils contribuent à une amélioration importante de la qualité de vie des personnes atteintes de troubles auditifs. De fait, selon la DREES, en 2014, 0,4 % de la population a acheté un appareil auditif (2 % des 65 ans et plus), le prix moyen d'achat d'un équipement pour une oreille étant de 1 500 euros. En 2013, pour l'achat d'une paire d'audioprothèses facturée 4 000 euros et remboursée par la sécurité sociale 119,83 euros, la moitié des bénéficiaires des contrats les plus souscrits obtiennent de leur assurance complémentaire un remboursement inférieur à 1 020 euros. Les prises en charge des contrats collectifs sont, comme pour l'optique, supérieures à celles des contrats individuels. La moitié des personnes couvertes par un contrat collectif obtiennent un remboursement supérieur à 1 220 euros, contre 28 % des personnes couvertes par un contrat individuel. Un quart des personnes couvertes par un contrat collectif obtiennent un remboursement supérieur à 1 600 euros contre 10 % des bénéficiaires de contrat individuel. Entre 2006 et 2013, la prise en charge des audioprothèses par les contrats complémentaires a progressé de manière importante : le remboursement moyen en cas d'achat d'une paire d'audioprothèses à 4 000 euros ayant augmenté de 25 % entre ces deux dates. Pour faciliter l'accès des personnes malentendantes à ces équipements, le Gouvernement a déjà pris des décisions. D'ores et déjà, la loi de modernisation de notre système de santé a introduit l'extension du forfait social réservé aux patients bénéficiaires de la CMU-C aux patients disposant d'une aide à la complémentaire santé. Ils bénéficient de tarifs opposables, qui impliquent qu'on ne peut leur facturer aucun dépassement d'honoraires, et de forfaits pour les prothèses dentaires, l'optique et les autres dispositifs médicaux à usage individuel (comme les audioprothèses). Des tarifs maximums sont fixés, par arrêtés, pour ces actes qui constituent un panier de soins CMU-C. Il convient d'aller plus loin. Pour faciliter encore l'accès aux audioprothèses, le Premier ministre, dans le cadre du Comité interministériel du handicap (CIH) a annoncé la solvabilisation par l'assurance maladie et les complémentaires santé d'une offre d'audioprothèse d'entrée de gamme dont le tarif serait encadré par un prix limite de vente. Actuellement le tarif de remboursement sur la liste des produits et prestations (LPP) est de 200 € par audioprothèse (en incluant les prestations associées), la prise en charge se fait à hauteur de 60 %, soit 120 € (60 % de 200 €) par audioprothèse pour un assuré majeur. Elle est complétée en moyenne à hauteur de 498 € par la complémentaire soit une couverture totale de 618 €. Il est proposé d'augmenter le tarif de responsabilité et de mettre en place un prix limite de vente pour les audioprothèses d'entrée de gamme fixé à 700 €. L'augmentation du tarif de responsabilité doit permettre d'annuler le reste à charge moyen observé par rapport à ce prix. Cette évolution ne pourra se faire immédiatement car elle implique une mise à jour de la nomenclature puis la mise en place d'un prix limite de vente des audioprothèses d'entrée de gamme au terme d'une négociation conduite avec les fournisseurs. La mise en œuvre de cette mesure est donc prévue courant 2018. Après l'optique et les soins dentaires, la meilleure prise en charge, par l'assurance maladie, des audioprothèses montre l'attachement du Gouvernement à tenir compte des besoins des Français dans le respect des principes solidaires et fondateurs de la sécurité sociale française.

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