Question de M. GROSDIDIER François (Moselle - Les Républicains) publiée le 04/11/2016

Question posée en séance publique le 03/11/2016

M. François Grosdidier. Ma question s'adresse également au ministre de l'intérieur, qui est absent.


Mme Dominique Gillot. Oh !


M. François Grosdidier. J'ai discuté avec les policiers en colère manifestant place d'Armes à Metz, comme partout en France ; non pas des militants d'extrême droite, comme l'a dit M. Cambadélis, mais des serviteurs de la République, des enfants de la République, souvent de l'âge des voyous qu'ils affrontent. Ils sont désabusés. Ils se sentent abandonnés. Ce n'est pas une réaction épidermique ; c'est l'expression d'un malaise profond. Nous devons y répondre : c'est votre responsabilité première !


M. Jean-Louis Carrère. Combien de postes avez-vous supprimés quand vous étiez au gouvernement ?


M. François Grosdidier. Depuis une semaine, vous découvrez la vétusté des locaux, l'obsolescence des véhicules, la lourdeur des charges indues. (Exclamations sur les travées du groupe socialiste et républicain.) Dont acte !

Le vrai problème, c'est une politique pénale laxiste pour les délinquants et sévère pour les policiers (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Exclamations sur les travées du groupe socialiste et républicain.), au point que ceux-ci préfèrent se faire lyncher à coup de barre de fer ou être incendiés dans leur voiture plutôt que d'utiliser leurs armes pour se défendre tant est grand le risque pour eux de voir basculer leur vie !


M. Didier Guillaume. C'est une honte !


M. François Grosdidier. Le problème, c'est une dispersion de leur emploi en plein état d'urgence : « fans zones » pendant l'Euro, manifestations anti-loi Travail…


Mme Éliane Assassi. On a le droit de manifester !


M. François Grosdidier. Il fallait l'éviter. On vous l'avait dit, vous n'avez pas écouté !

Ça s'est bien passé, mais à quel prix pour les policiers, les gendarmes et les militaires ? Ce sont des hommes et des femmes méritoires, mais à l'impossible nul n'est tenu. Vous tirez sur la corde : elle craque. Comment comptez-vous la renouer ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur quelques travées de l'UDI-UC.)

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Réponse du Premier ministre publiée le 04/11/2016

Réponse apportée en séance publique le 03/11/2016

M. Manuel Valls, Premier ministre. Je pensais sincèrement que, après les événements que notre pays a connus en 2015 et en 2016 et après le message de soutien, de solidarité, de confiance et d'affection de nos compatriotes à l'égard des forces de l'ordre, vous seriez capables de vous comporter à la hauteur des Français. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain. – Exclamations indignées sur les travées du groupe Les Républicains.)

Les polémiques sur ces sujets, vous le savez parfaitement, sont totalement inutiles. À ce moment-là, je pourrais vous rappeler (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.) la situation que j'ai trouvée en arrivant au ministère de l'intérieur, les choix que nous avons dû opérer et les efforts que nous avons dû accomplir en faveur des forces de l'ordre tout au long de ce quinquennat, malgré les difficultés budgétaires.

M. Didier Guillaume. Atelier mémoire !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Nous avons créé 9 000 postes de policiers et de gendarmes, alors que 13 000 postes avaient été supprimés. Pour ce qui concerne le fonctionnement comme l'investissement, c'est-à-dire les moyens alloués au quotidien à la police et à la gendarmerie, les budgets avaient également baissé ; nous les avons remis à la hausse.

Vous évoquez le maintien de l'ordre au printemps dernier. Quand j'étais ministre de l'intérieur, j'ai dû assurer le maintien de l'ordre lors des manifestations contre le mariage pour tous. (Vives exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Mme Colette Mélot. Quel rapport ?

M. Manuel Valls, Premier ministre. Le maintien de l'ordre a toujours été une mission des forces de l'ordre. Mais, aux missions permanentes des forces de l'ordre, se sont ajoutées d'autres missions. Je pense évidemment à la question du défi posé par l'accueil des réfugiés, à la protection de nos frontières après les attentats, à la menace terroriste et à l'engagement de nos forces armées dans l'opération Sentinelle.

Nous nous sommes engagés en termes de moyens – c'est vrai pour les créations de postes, c'est vrai pour nos services de renseignement, c'est vrai pour le fonctionnement et c'est vrai aussi pour le renforcement de leur propre protection, qu'ils attendent –, mais nous nous sommes aussi engagés en matière de revalorisation du régime indemnitaire.

La conviction que je veux vous faire partager, c'est qu'il faudra, dans les années qui viennent, poursuivre cet effort pour notre défense nationale, pour la justice, pour la police, pour la gendarmerie et pour nos services de renseignement, en partenariat avec les collectivités territoriales. Cependant, il faudra le poursuivre dans le dialogue, en étant à l'écoute de ces policiers. C'est fondamental !

Je veux leur rendre devant vous un hommage solennel et dire que les attaques, les insultes, l'agression à Viry-Châtillon, en lisière de la Grande Borne de Grigny, les tracts honteux d'il y a quelques mois nécessitent de l'exécutif comme du Parlement des réponses fortes. Nous devons être aux côtés des forces de l'ordre pour leur donner les moyens, dans la durée, le rassemblement et l'unité, de relever le grand défi sécuritaire du pays. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain, ainsi que sur plusieurs travées du RDSE.)

M. le président. La parole est à M. François Grosdidier, pour la réplique.

M. François Grosdidier. Monsieur le Premier ministre, vous avez répondu aux attentes des policiers, mais en partie seulement. (Plusieurs membres du groupe socialiste et républicain ironisent sur le fait que l'orateur lise sa réplique.) Comment pourrait-il en être autrement avec un Président de la République qui, dans tous les domaines, fait toujours une chose et son contraire ? (Marques d'impatience sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

M. David Assouline. Temps de parole écoulé !

M. François Grosdidier. Le changement de politique pénale vient trop tard, et il est insuffisant. (Les marques d'impatience s'amplifient.)

M. le président. Il faut conclure !

M. François Grosdidier. Il faut sortir du droit commun de la légitime défense pour les policiers et introduire la notion de péril imminent. (Les membres du groupe socialiste et républicain protestent.)

M. le président. Il faut conclure !

M. François Grosdidier. Vous n'avez pas retenu nos propositions au Sénat contre le terrorisme. (Les protestations se font de plus en plus vives.)

M. le président. Il faut conclure !

M. François Grosdidier. Vous n'avez même pas retenu notre proposition de permettre l'accès des polices municipales aux fichiers minéralogiques, pour éviter les charges indues.

M. David Assouline. Vingt secondes de plus !

M. François Grosdidier. Vous restez à la moitié…

M. le président. Merci !

M. Didier Guillaume. Ce n'est pas possible ! Il faut mettre fin à ce dévoiement des questions d'actualité au Gouvernement ! Nous vous l'avons déjà dit, monsieur le président !

M. le président. Je vous remercie de vos conseils, mais c'est moi qui préside ! (Rires et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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