Question de M. BAILLY Gérard (Jura - Les Républicains) publiée le 18/11/2016

Question posée en séance publique le 17/11/2016

M. Gérard Bailly. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'économie et des finances.

Publiée ce 9 novembre, une étude de l'Observatoire français des conjonctures économiques portant sur l'état de l'appareil productif français a de quoi nous inquiéter et devrait tous nous réveiller.

Relevant nos importantes faiblesses, l'OFCE nous alerte sur la très sérieuse et réelle menace de décrochage de l'appareil productif français, je devrais même dire des appareils productifs français. Nous ne produisons pas plus de produits manufacturés aujourd'hui qu'en 1996, alors que la consommation de ces biens a, depuis, augmenté de 60 %. Résultat, notre chômage reste très élevé et, surtout, il diminue moins que chez nos proches voisins européens.

Aujourd'hui, c'est le Jura qui est durement frappé avec la liquidation de l'entreprise Logo. Les 178 employés de ce fabricant de lunettes installé à Morez se retrouvent ainsi au chômage. Dans les années 1980, Morez comptait 4 500 salariés dans l'industrie de la lunette, qui en comporte aujourd'hui moins de 1 200.

En cette circonstance, comme dans d'autres, nos territoires se sentent oubliés, délaissés par les pouvoirs publics. Sachez qu'il n'y a pas eu de déplacement de ministre à Morez ! Le Haut-Jura, exemplaire voilà encore quinze ans avec un taux de chômage de 4 %, connaît aujourd'hui une situation inquiétante.

Plus globalement, cette désindustrialisation a des effets dévastateurs pour toutes nos régions. Selon l'OFCE, il nous faut, pour y remédier, une politique avec plus de vision et beaucoup plus ambitieuse que la simple mise en place d'incitations fiscales.

Le Gouvernement va-t-il rapidement prendre des mesures pour permettre à nos entreprises de production d'être plus compétitives ? Que va-t-il faire pour ces territoires oubliés, comme le Haut-Jura, qui subissent de tels chocs économiques ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Gilbert Barbier applaudit également.)

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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministère de l'économie et des finances, chargé de l'industrie publiée le 18/11/2016

Réponse apportée en séance publique le 17/11/2016

M. Christophe Sirugue, secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances, chargé de l'industrie. Monsieur le sénateur, l'entreprise que vous avez citée a en effet été placée en liquidation judiciaire, notamment pour une raison qui mérite d'être rappelée.

Elle a concentré son activité sur un seul client. Bien évidemment, dans ce cas, quand le client se retire, l'entreprise se retrouve dans les difficultés que vous mentionnez.

Des rencontres ont eu lieu au sein de mon ministère avec des repreneurs pour essayer de trouver des solutions, et nous continuons à œuvrer dans cette voie. À cet égard, je tiens à remercier la commissaire au redressement productif pour le travail qu'elle accomplit en la matière.

Comme j'ai déjà eu l'occasion de vous le dire lors de la réunion de la commission des affaires économiques au cours de laquelle vous m'avez interpellé sur ce sujet, je vous rappelle ma disponibilité pour travailler avec vous sur ce dossier.

Il n'en demeure pas moins que cela fait vingt ans, vous avez raison, que notre pays connaît des problèmes de désindustrialisation. Aussi, nous travaillons dans plusieurs directions pour rétablir la compétitivité de nos entreprises.

Vous avez mentionné la production manufacturière. Je rappelle que cette production progresse, pour la première fois, de 0,2 %. Les taux de marge se sont rétablis, avec une augmentation de 3,7 points depuis 2012 ; c'est la première fois que nous enregistrons cette tendance.

En outre, l'investissement privé dans le secteur industriel a progressé de 7 % en un an. Je rappelle également – c'est important – que, pour la première fois aussi, nous comptons moins de fermetures que nous ne totalisons d'ouvertures d'entreprises dans ce secteur. Certes, des difficultés subsistent : nous devons accompagner les entreprises et nous devons être au rendez-vous.

Monsieur le sénateur, c'est en unissant nos forces – je vous remercie de l'esprit qui vous anime – que nous pourrons trouver des industriels et des repreneurs de sites, comme celui de Morez. Tel est l'objectif qui doit nous rassembler les uns et les autres. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

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