Question de M. GROSDIDIER François (Moselle - Les Républicains) publiée le 02/12/2016

Question posée en séance publique le 01/12/2016

M. le président. La parole est à M. François Grosdidier, pour le groupe Les Républicains.

M. Jean-Louis Carrère. Voilà le meilleur !

M. François Grosdidier. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Monsieur le Premier ministre, le quinquennat s'achève dans la crise de régime, passant de la dyarchie à l'anarchie.

M. Jean-Louis Carrère. Allez !

M. François Grosdidier. Un marin louvoie pour atteindre son cap, le Président de la République louvoie toujours parce qu'il n'a jamais de cap ! Le pédalo s'est transformé en radeau de la méduse. (MM. Roger Karoutchi et Bruno Sido applaudissent. – Protestations sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

Perdu à bâbord, perdu à tribord, sans boussole, le pacha ne peut regarder ailleurs que dans son miroir. (Plusieurs sénateurs du groupe socialiste et républicain martèlent leur pupitre et couvrent la voix de l'orateur.) Dans son chef d'œuvre narcissique intitulé Un président ne devrait pas dire ça, il trahit sa fonction. Pour se faire valoir, il livre petits et grands secrets du pouvoir et même de nos services secrets. Vous avez qualifié cela de « catastrophe » et de « suicide politique ». Le Président de l'Assemblée nationale est plus sévère encore.

M. Didier Guillaume. Où avez-vous vu une catastrophe ?

M. Jean-Louis Carrère. C'est vous, la catastrophe !

M. François Grosdidier. Ses anciens ministres font déjà campagne contre le Président ; ceux qui le sont encore spéculent sur les alternatives. (Exclamations sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

M. Didier Guillaume. Ça suffit maintenant !

M. François Grosdidier. Dans le Journal du dimanche, vous n'excluez pas de vous présenter contre M. Hollande. Et d'ailleurs M. Bartolone vous y invite ! (Vives protestations sur les travées du groupe socialiste et républicain, qui couvrent la voix de l'orateur.)

Surréaliste, le dernier conseil des ministres a donné lieu à une mise au point, aussi insincère que théâtralisée, entre le Président et vous. Jamais le sommet de l'État n'était tombé aussi bas. La République n'a plus de tête, mais, comme le canard, elle court sans tête. (Mêmes mouvements. – Plusieurs sénateurs du groupe socialiste et républicain continuent de marteler leur pupitre.)

M. Didier Guillaume. Un peu de respect !

M. François Grosdidier. On ne va pourtant jamais loin ainsi !

Heureusement, il ne reste plus que six mois. C'est peu, mais c'est trop, en pleine guerre contre le terrorisme !

M. Alain Bertrand. On va regagner !

M. Didier Guillaume. Il suffit ! Ce n'est pas une question d'actualité !

M. François Grosdidier. Comment comptez-vous, dans de telles conditions, préserver la dignité des plus hautes fonctions de l'État et l'efficacité de nos services ? (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur quelques travées de l'UDI-UC. – Protestations bruyantes sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

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Réponse du Premier ministre publiée le 02/12/2016

Réponse apportée en séance publique le 01/12/2016

M. Manuel Valls, Premier ministre. Monsieur le sénateur, j'aime le débat public et la confrontation.

M. Gérard Longuet. Cela vaut mieux !

M. Éric Doligé. Vous êtes servi !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Il en est ainsi de la vie démocratique. Je veux souligner – je réponds là aussi à votre collègue – que, malgré la menace terroriste, qui, je le répète, est lourde, avec l'engagement qui est le nôtre au Sahel et au Levant, malgré ce qui pèse sur notre pays comme sur l'Europe, nous sommes capables, les uns et les autres – normalement ! –, de démontrer que la France est un grand pays démocratique.

D'une certaine manière, vous l'avez fait avec la primaire de la droite et du centre, nous devons en faire la démonstration tout au long de la campagne présidentielle. Dans un pays qui vit sous la menace, avec l'état d'urgence, il nous revient de montrer que notre démocratie a cette vitalité. C'est la plus belle des réponses que nous pouvons adresser à ceux qui veulent nous diviser.

Voilà pourquoi je ne partage en aucun cas la violence et le cynisme de votre question. Aborder les débats ainsi, cela ne m'intéresse pas ! (Vifs applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain et du RDSE. – Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Didier Guillaume. Très bien !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Parlons des vrais sujets : le modèle républicain, l'égalité entre les femmes et les hommes, la place de la laïcité, le rôle essentiel de l'éducation et de la formation, parce que les grandes nations doivent miser sur l'école, la formation et, bien sûr, la culture pour préparer l'avenir. Parlons de notre modèle social, de l'idée que nous nous faisons de la protection sociale et de son financement, de la santé.

M. Didier Guillaume. Voilà l'enjeu !

M. Manuel Valls, Premier ministre. Parlons de vos projets concernant la santé, les déremboursements, les politiques envers les plus modestes et les plus faibles de notre société. Ce sont ces sujets que nous devons évoquer !

Parlons de nos alliances, de notre stratégie à l'égard des États-Unis d'Amérique, de la Russie, de ce que nous voulons pour l'Europe.

Parlons de ces sujets-là, plutôt que des remarques d'un sénateur, monsieur Grosdidier, d'un député ou d'un responsable politique, qui commenterait ici ou là la presse. Cela n'a aucun sens et abîme la politique (Mme Odette Herviaux applaudit.), contrairement à ce qui s'est passé à l'occasion de votre primaire.

Enfin, monsieur le sénateur, je vous le dis très tranquillement, je revendique avec fierté le bilan de l'action que nous avons engagée. Il nous faudra le défendre devant les Français. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.) Je revendique d'être pleinement ancré à gauche parce que la démocratie a besoin d'une droite et d'une gauche pour faire reculer l'extrême droite.

Je demande que nous ayons un débat à la hauteur de ce qu'attendent les Français. Pas d'arrogance, d'un côté comme de l'autre ; l'élection n'est pas jugée, et vous devriez le savoir, monsieur Grosdidier. Faites preuve d'un peu de modestie : il y a quelques semaines, vous n'imaginiez pas un instant intervenir au Sénat ou appeler à voter François Fillon, comme vous l'avez fait il y a quelques jours ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain. – Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Ce sont les Français qui choisiront dans quelques mois, et non vous tout seul ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain et du RDSE.)

M. le président. La parole est à M. François Grosdidier, pour la réplique. (Huées sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

M. Jean-Louis Carrère. Non ! Non !

M. François Grosdidier. À vous entendre, la presse ment ! En réalité, vous ne croyez pas un mot de ce que vous dites parce que vous êtes tiraillé entre lucidité et loyauté. Vous vous mentez mutuellement avec le Président de la République, c'est pathétique ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Jean-Louis Carrère. Monsieur Retailleau, vous ne devriez pas le laisser faire cela !

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