Question de M. PATIENT Georges (Guyane - La République En Marche) publiée le 07/07/2017

Question posée en séance publique le 06/07/2017

M. Georges Patient. Ma question s'adresse à Mme la ministre des outre-mer.

Madame la ministre, depuis le mois de mars dernier, la Guyane est en révolution – terme approprié à la situation et aisément audible par le Président de la République, puisque Révolution est le titre de son ouvrage-référence.

Durant tout le mois d'avril, en particulier, les Guyanais, excédés par l'absence de réponses aux demandes sans cesse formulées par leurs élus dans les domaines les plus vitaux, ont « pris la rue », comme l'on dit chez nous, érigeant des barrages dans tout le pays, bloquant toute activité, y compris celle du centre spatial, principal point de crispation de la contestation. La fameuse phrase de François Mitterrand – « Comment pouvons-nous continuer à lancer des fusées sur fond de bidonvilles ? » – est encore d'actualité, puisque constamment reprise par les manifestants.

Le principal centre hospitalier de la Guyane a lui aussi connu une grève, qui a duré soixante-quinze jours. Bref, nous constatons une situation quasi apocalyptique dans un territoire français.

En réponse à ce mouvement de contestation générale s'appuyant sur des revendications légitimes formulées en notre qualité de citoyens français « à part entière », le Gouvernement a signé, le 21 avril, l'accord de Guyane, qui prévoit un plan d'urgence d'un montant de 1,086 milliard d'euros et l'engagement de l'État d'examiner de façon prioritaire et sans délai une demande supplémentaire de 2,7 milliards d'euros en vue de la programmation et de la mise en place de ces crédits.

Le Président de la République a confirmé à plusieurs reprises son intention de mettre en œuvre l'ensemble de l'accord, qui a été publié au Journal officiel. Forts de ces « assurances », les Guyanais se sont armés de patience, mais, depuis l'audit de la Cour des comptes, par le biais duquel nous avons appris, à notre plus grand étonnement, que la mise en place de l'accord de Guyane « devrait prendre plus de temps que prévu initialement » et depuis le discours de politique générale du Premier ministre, qui n'en fait aucune mention, des questions se posent quant au respect des engagements pris.

Madame la ministre, le temps des élections étant clos, doit à présent absolument venir celui de la concrétisation. Le climat social, toujours dégradé et tendu, l'impose. Pas plus tard qu'hier ont démarré des mouvements de grève, annoncée « illimitée », dans deux entreprises : un sous-traitant du centre spatial et l'unique port de Guyane.


M. le président. Il faut conclure, mon cher collègue !


M. Georges Patient. Madame la ministre, rassurez-nous vite en nous apportant des précisions sur le calendrier de mise en œuvre de tous les engagements pris. Surtout, ne nous renvoyez pas aux assises des outre-mer ! Les Guyanais, toujours très déterminés, ne l'accepteraient pas, j'en suis certain. (Applaudissements sur certaines travées du groupe La République en marche et du groupe socialiste et républicain.)

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Réponse du Ministère des outre-mer publiée le 07/07/2017

Réponse apportée en séance publique le 06/07/2017

Mme Annick Girardin, ministre des outre-mer. Monsieur le sénateur, nous avons tous en mémoire l'important mouvement social qu'a connu la Guyane au printemps dernier. Oui, nous avons entendu le message que les Guyanais, légitimement, nous ont envoyé, leur demande d'un accompagnement, d'un soutien, d'une mobilisation du Gouvernement. Vous attendez des réponses fortes, concrètes, rapides ; elles seront là. Je veux ici confirmer l'engagement pris avec force par le Président de la République et le Gouvernement.

Dès l'entrée en fonction de ce dernier, sous l'autorité du Premier ministre, ma collègue la ministre des solidarités et de la santé et moi-même avons apporté une réponse qui ne l'avait pas encore été en déléguant en urgence 20 millions d'euros au centre hospitalier de Cayenne, où un mouvement de grève durait depuis plus de soixante-dix jours.

Monsieur le sénateur, le Gouvernement honorera sa parole et respectera la signature de l'État. L'accord d'avril 2017 comprend 250 mesures, certaines urgentes, d'autres à plus long terme. Comme pour tous les territoires, il y aura deux niveaux de réponse. Dès ce mardi 11 juillet, je réunirai le comité national de suivi des accords de Guyane afin de faire un point précis sur l'avancement de la mise en place de toutes ces mesures.

J'ai aussi souhaité rencontrer les quatre parlementaires de la Guyane, le président de l'assemblée de Guyane et le président de l'Association des maires du département afin que nous puissions échanger sur la méthode à mettre en œuvre pour répondre aux attentes des citoyens de la Guyane. C'est en effet ensemble que nous pourrons apporter à la Guyane de véritables réponses et préparer son avenir.

Le Gouvernement parle à tout le monde. C'est pourquoi nous avons également souhaité recevoir des représentants du collectif. Monsieur le sénateur, nous entendons travailler avec vous, dans un esprit de responsabilité et dans la transparence. (Applaudissements sur certaines travées du groupe La République en marche.)

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