Question de M. DÉTRAIGNE Yves (Marne - UDI-UC) publiée le 06/07/2017

M. Yves Détraigne attire l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur l'inquiétant désintérêt qui règne autour des maladies provoquées par les morsures de tiques, et ce malgré le plan national de lutte contre la borréliose de Lyme mis en place en septembre 2016.
Alors que la prise en charge des personnes atteintes de la borréliose de Lyme reste quasi inexistante, des chercheurs américains mettent désormais en garde contre le virus de Powassan, plus mortel que la maladie de Lyme et qui semble se transmettre beaucoup plus rapidement. Il pourrait passer de la tique à l'hôte après seulement quinze minutes d'attachement, là où il faut, pour la maladie de Lyme, vingt-quatre heures.
Ce virus provoquerait une encéphalite ou un gonflement du cerveau et tuerait environ 10 % des personnes qui tombent malades. La moitié des personnes infectées en garderait des problèmes neurologiques permanents.
À l'instar de toutes les maladies transmises par les tiques, les chercheurs américains précisent que les chiffres annoncés d'infection sont beaucoup plus bas que le nombre réel d'infections qui surviennent chaque année, car beaucoup ne sont pas résolus ou mal diagnostiqués.
Considérant le « parcours de combattant » des malades atteints de la borréliose de Lyme pour une reconnaissance, un accès aux soins et une indemnisation, il s'inquiète de la découverte de ce nouveau virus encore plus dangereux et lui demande quelles mesures concrètes elle entend prendre pour lutter contre l'expansion des maladies provoquées par les morsures de tiques.

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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 21/09/2017

L'encéphalite de Powassan est une maladie rare provoquée par un virus de la famille des flaviviridae. La maladie a été signalée au Canada, aux États-Unis et en ex-URSS (Sibérie) : plus de 40 cas en Amérique du Nord depuis 1958. Elle se manifeste surtout dans les zones forestières avec une survenue saisonnière (transmission maximale de juin à septembre) correspondant avec l'activité des tiques (Ixodes cookei, Ixodes marxi, Ixodes spinipalpus) qui transmettent la maladie par leur piqûre lorsqu'elles sont infectées. Très présentes dans l'état du Wisconsin, ces tiques n'ont pas été trouvées, à ce jour, sur notre territoire. Par contre, d'autres tiques bien présentes comme Ixodes ricinus peuvent transmettre des virus responsables de l'encéphalite à tiques, notamment en Alsace. Ce risque est bien réel et connu des services de pathologies infectieuses. C'est la raison pour laquelle de nombreuses actions ont été initiées par la direction générale de la santé pour améliorer l'information des professionnels de santé et du grand public : des documents d'information sur la maladie de Lyme et les modes de prévention destinés au grand public et un autre plus spécifiquement pour les enfants, des panneaux d'information à l'orée des forêts domaniales (2 000 panneaux en cours d'installation par l'Office national des Forêts), des spots radio, et enfin une application pour signaler les piqûres de tiques. Par ailleurs, afin d‘améliorer la prise en charge des patients atteints de borréliose de Lyme ou d'autres pathologies transmissibles par les tiques, la Haute autorité de santé a été chargée d'élaborer, en lien avec les associations et les sociétés savantes, un protocole national de diagnostic et de soins (PNDS). Ce protocole comprendra la mise à disposition des médecins d'un bilan standardisé, décrivant la liste des examens permettant un diagnostic complet chez toute personne présentant des symptômes évocateurs et un protocole de traitement pour assurer une prise en charge efficace de tous les patients. La recherche est également mobilisée pour améliorer les connaissances sur la maladie de Lyme et autres pathologies transmises par les tiques. Ainsi, la mise en place d'une cohorte constituée de patients suivis dans les centres de prise en charge spécialisés permettra d'améliorer les connaissances scientifiques sur la maladie. Le ministère de la santé et les agences sanitaires sont engagés pour une pleine reconnaissance de la maladie de Lyme et autres maladies transmissibles par les tiques et pour une prise en charge efficace de tous les patients.

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