Question de Mme KELLER Fabienne (Bas-Rhin - Les Républicains) publiée le 07/07/2017

Question posée en séance publique le 06/07/2017

Mme Fabienne Keller. Voilà plusieurs décennies que la France est malade d'un chômage de masse qui ne cesse de s'étendre dans l'ensemble de ses villes, de ses villages et de ses campagnes. Il y sème au mieux le doute, au pire la défiance, l'exaspération, le désespoir, notamment chez des milliers de jeunes qui n'arrivent pas à se construire un avenir.

L'emploi, c'est bien sûr une rémunération, mais c'est aussi une dignité, des relations avec les collègues de travail, l'insertion dans une communauté, des objectifs partagés. C'est la chance pour chacun de maîtriser sa vie.

Sur ce chantier fondamental de la lutte contre le chômage, nous sommes très en retard par rapport à nos partenaires européens, et plus encore par rapport aux attentes légitimes des Français.

Je sais, monsieur le Premier ministre, l'implication de tout votre gouvernement sur la question de l'emploi. À l'instar d'un grand nombre de mes collègues, me semble-t-il, je respecte et comprends votre choix de recourir aux ordonnances pour mener les réformes courageuses du droit du travail dont nous avons tant besoin.

Monsieur le ministre de l'économie, pouvez-vous nous préciser les axes stratégiques de la politique que vous mènerez pour que nos compatriotes, en particulier les jeunes, ne soient plus laissés sur le bord du chemin conduisant à l'emploi ? Comment entendez-vous restaurer la confiance nécessaire pour que les chefs d'entreprise embauchent à nouveau, investissent et se projettent sur le long terme ? Enfin, permettez à l'Alsacienne que je suis de vous demander comment vous entendez optimiser les atouts des territoires de la République, et en particulier des territoires transfrontaliers, afin de les rendre plus attractifs ? (Mme Bariza Khiari applaudit.)

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Réponse du Ministère de l'économie et des finances publiée le 07/07/2017

Réponse apportée en séance publique le 06/07/2017

M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie et des finances. Madame la sénatrice, vous connaissez mon amour de l'Alsace (Exclamations amusées sur les travées du groupe Les Républicains.) ; vous pouvez donc compter sur moi pour la défendre, ainsi que tous les autres territoires transfrontaliers.

M. Alain Gournac. Et nous ?

M. Jean-Pierre Raffarin. Et le Poitou ? (Sourires.)

M. Bruno Le Maire, ministre. Mais je défendrai tous les territoires, soyez sans inquiétude ! (Nouveaux sourires.)

Vous avez raison, madame la sénatrice, de faire de l'emploi la priorité absolue ; c'est celle du Premier ministre et du Président de la République.

Si nous échouons depuis trop longtemps à lutter contre le chômage, c'est pour une raison simple : nous avons cru pendant des années que c'était en augmentant la dépense publique que nous créerions plus d'emplois pour les Français. Si tel était le cas, compte tenu du niveau de ses dépenses publiques, la France connaîtrait une situation de plein emploi !

Avec le Président de la République et le Premier ministre, nous entendons employer une autre méthode : nous voulons transformer en profondeur l'économie française et le système de formation – Jean-Michel Blanquer s'y emploie –, développer la formation professionnelle et l'apprentissage, qui sont les vraies réponses au chômage des jeunes. Nous voulons transformer rapidement le code du travail – Muriel Pénicaud vient d'en parler – afin de donner plus de liberté aux entrepreneurs pour embaucher. Nous voulons alléger la pression fiscale sur les entreprises. Comme l'a indiqué le Premier ministre dans sa déclaration de politique générale, nous ramènerons le taux de l'impôt sur les sociétés à 25 % d'ici à 2022 ; il se situera alors dans la moyenne de ceux des pays européens.

M. Robert del Picchia. Très bien !

M. Bruno Le Maire, ministre. Enfin, nous voulons promouvoir une économie de la modernité, de l'innovation. J'ai annoncé que, à partir du mois de septembre, nous allions céder des participations non stratégiques de l'État dans un certain nombre d'entreprises publiques.

Mme Éliane Assassi. Et voilà…

M. Bruno Le Maire, ministre. Cela permettra d'alimenter un fonds de 10 milliards d'euros destiné à financer l'innovation, notamment l'innovation de rupture, afin que l'économie française soit demain l'une des plus modernes, des plus compétitives, des plus ouvertes aux révolutions technologiques actuelles d'Europe et du monde.

L'emploi est à portée de main : nous disposons des atouts et des talents nécessaires. Il faut transformer l'économie française ; nous allons le faire ! (Applaudissements sur certaines travées du groupe Les Républicains et du groupe Union Centriste.)

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