Question de M. PELLEVAT Cyril (Haute-Savoie - Les Républicains) publiée le 13/07/2017

M. Cyril Pellevat attire l'attention de M. le ministre de l'économie et des finances sur la politique du Gouvernement en matière de tourisme. La France est la première destination touristique mondiale avec plus de 84 millions de visiteurs en France métropolitaine en 2015. Représentant plus de 7 % du produit intérieur brut (PIB) et deux millions d'emplois directs et indirects, le tourisme est un secteur clé de l'économie française.
Il lui demande quelles actions le Gouvernement compte entreprendre en faveur de ce secteur.
Il ne serait pas bon de se reposer sur ses lauriers, il faut au contraire renforcer notre offre touristique et l'attractivité de la France. Les défis ne manquent pas, au premier rang desquels la sécurité, mais aussi le défi du numérique avec l'e-commerce, le tourisme des séniors, le boom du tourisme chinois, une meilleure valorisation du patrimoine, etc.
Il lui demande de détailler quelle politique du tourisme le Gouvernement souhaite mettre en œuvre.

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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministre de l'économie et des finances publiée le 25/10/2017

Réponse apportée en séance publique le 24/10/2017

M. Cyril Pellevat. Monsieur le président, monsieur le secrétaire d'État, mes chers collègues, la France est la première destination touristique mondiale, avec plus de 80 millions de visiteurs en France métropolitaine en 2015.

Représentant 8 % du PIB et deux millions d'emplois directs et indirects, le tourisme est un secteur clé de l'économie française.

Il ne serait pas bon de se reposer sur nos lauriers. Car, nous le savons, l'année 2016 a été très mauvaise en raison des attentats. Nous devons renforcer notre offre touristique et l'attractivité de la France.

Les défis ne manquent pas, au premier rang desquels la sécurité, mais aussi le numérique avec l'e-commerce et le travail à domicile, le tourisme des seniors, le boom du tourisme chinois, une meilleure valorisation du patrimoine, le problème des coûts élevés, la piètre qualité de l'accueil des étrangers, etc.

Nous devons aussi adopter des ajustements en matière de fiscalité pour promouvoir l'investissement, adopter des simplifications administratives.

Je soulignerai deux autres points qui mériteraient l'attention et la vigilance du Gouvernement : d'une part, la question du renouvellement des clientèles, notamment l'adaptation de l'offre touristique aux besoins des jeunes générations ; d'autre part, la question centrale des transports, individuels et en commun. Ce point détermine la capacité de développement des stations.

Concernant la destination Savoie-Mont-Blanc, territoire dynamique dont nous souhaitons développer les atouts « quatre saisons », nous avons de nombreux enjeux, dont la hausse de la dotation globale de fonctionnement, la DGF, qui pénalise les finances, de même que le fonds national de péréquation des ressources intercommunales et communales, le FPIC, anormalement élevé dans les communes de montagne.

Les exemples sont nombreux. Je citerai la communauté de communes de la Vallée de Chamonix, dont le FPIC est passé de 2,7 millions d'euros à 3 millions d'euros en 2016.

Il faudrait revenir également sur la législation concernant les unités touristiques nouvelles qui, trop complexe, pénalise les nouveaux projets en pays de Savoie.

De plus, les normes françaises concernant l'hôtellerie familiale pénalisent lourdement la transmission et impliquent des fermetures nombreuses. Inspirons-nous de la Suisse et de l'Autriche.

Concernant les modifications du calendrier scolaire pour une saison de ski plus longue, des efforts ont été faits, mais ils doivent être poursuivis.

Monsieur le secrétaire d'État, quelles actions le Gouvernement compte-t-il entreprendre en faveur de ce secteur ? Pourriez-vous nous détailler la politique du tourisme qu'il souhaite mettre en œuvre pour atteindre les 100 millions de touristes internationaux en 2020 ?

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances.

M. Benjamin Griveaux, secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances. Monsieur le sénateur, quelle politique du Gouvernement en matière de tourisme ?

Même si la conjoncture du tourisme se redresse en 2017, vous l'avez souligné dans votre propos, il ne faut pas oublier la contre-performance de 2016 – baisse du nombre d'arrivées de touristes internationaux de 2,2 % –, consécutive aux attentats terribles qui ont frappé l'Hexagone. Cela montre que la compétitivité du site France n'est jamais acquise et qu'il ne faut pas se reposer sur nos lauriers, qu'il faut poursuivre les efforts qui ont été engagés, parfois depuis longtemps, au-delà des appartenances partisanes.

La politique du Gouvernement a été définie lors du comité interministériel du tourisme qui s'est tenu à Matignon le 26 juillet dernier et dont les grandes orientations ont été rappelées il y a quelques jours au ministère des affaires étrangères. Elle comprend six axes prioritaires.

Premier axe : la qualité de l'accueil et la sécurisation des sites, facteurs à la fois de satisfaction et de fidélisation des touristes étrangers, en particulier de certaines clientèles plus sensibles que d'autres aux questions de sécurité – je pense à la clientèle chinoise. Cela passe par la rapidité dans la délivrance des visas – des efforts ont été engagés en ce sens – et par la promotion de la marque d'État Qualité Tourisme.

Deuxième axe : la structuration d'une offre touristique pour mettre en valeur l'ensemble des territoires. Le Gouvernement a par exemple mis en œuvre des instruments, comme les contrats de destination – je suis certain que vous en connaissez l'intérêt –, qui permettent de fédérer les acteurs d'un territoire autour d'une stratégie touristique commune de structuration et de promotion de l'offre touristique, afin de rendre l'offre de la destination France plus lisible.

La politique des contrats de destination sera poursuivie en 2018 avec la continuation des premiers contrats qui arrivent à échéance.

Troisième axe : le soutien étatique en matière d'investissements, qui suppose une meilleure mobilisation du fonds France Développement Tourisme, doté de 1 milliard d'euros sur cinq ans. Mis en place en 2015, il a permis de mobiliser des crédits de la Banque publique d'investissement et de la Caisse des dépôts sur les entreprises et projets touristiques porteurs.

Le Gouvernement vient en outre de lancer une mission pour identifier les propositions qui permettront de faciliter la rénovation du parc privé d'hébergements touristiques, notamment dans les stations littorales et de montagne – ces dernières vous sont chères, monsieur le sénateur, et je connais bien, moi aussi, cette région de la Savoie dont vous êtes l'élu.

Quatrième axe : la formation et l'emploi. Le Gouvernement a fait des formations dans le secteur du tourisme l'un des enjeux majeurs du développement du secteur. Il s'agira de poursuivre notamment la montée en puissance de la Conférence des grandes écoles françaises du tourisme, créée en 2016 sur l'initiative du ministère des affaires étrangères et du ministère de l'éducation nationale. À ce jour, vingt formations d'excellence, dispensées par une douzaine d'établissements, ont été sélectionnées et l'appel à candidatures reste ouvert.

Le Gouvernement souhaite également augmenter le nombre de contrats d'apprentissage dans le secteur, en concertation avec les professionnels, pour développer l'offre des entreprises en direction des moins de 25 ans et lutter efficacement contre le chômage des jeunes. Le secteur touristique est sans doute l'un de ceux qui peuvent nous permettre de juguler le chômage qu'on observe depuis bien longtemps parmi le million de jeunes de moins de 25 ans sans emploi et constitue une ressource importante dans ce combat commun.

Cinquième axe : le soutien à la numérisation et au partage d'informations. Cette action comprend le développement de DATAtourisme, évoqué dès le comité interministériel du 26 juillet dernier, qui agrégera des données touristiques pour les livrer en open data, afin d'en permettre un meilleur usage.

Sixième et dernier axe : l'accès aux vacances pour le plus grand nombre, notamment pour les personnes en situation de handicap – Sophie Cluzel aurait pu vous en parler bien mieux que moi –, au moyen de la valorisation des marques « Tourisme et Handicap » et « Destination pour tous ».

Vous avez évoqué par ailleurs la question de la simplification, politique transversale aux six axes, qui, vous le savez, tient à cœur à ce gouvernement. Un projet de loi lui est consacré et, au-delà, c'est le fil rouge de l'action que le Gouvernement mènera.

En tout cas, nous nous assurerons de la mise en œuvre de ces axes dans le cadre des comités interministériels du tourisme et de leurs comités de pilotage, qui se réunissent tous les trois mois, et dont vous aurez bien évidemment connaissance.

M. le président. La parole est à M. Cyril Pellevat.

M. Cyril Pellevat. Monsieur le secrétaire d'État, je vous remercie de votre réponse, qui nous indique les éléments détaillés de la feuille de route tracée par le Gouvernement.

Je rejoins votre propos selon lequel il faudra que nous soyons unis, de façon transpartisane, pour faire évoluer le tourisme, répondre aux enjeux et ne pas nous laisser dépasser par les autres pays.

Quelques points d'alerte s'agissant de nos stations de montagne, que vous connaissez également – j'en profite pour vous renouveler mon invitation, à vous ainsi qu'à votre collègue Sébastien Lecornu, que nous aurons plaisir à recevoir en Haute-Savoie. Nous sommes passés de la première à la troisième place en ce qui concerne les ventes de forfaits journaliers aux skieurs entre 2016 et 2017, loin derrière les États-Unis et l'Autriche. S'agissant de la neige de culture, le taux de couverture en France est de 35 %, contre 48 % en Suisse, 60 % en Autriche et 70 % en Italie.

Vous le voyez, monsieur le secrétaire d'État, il faudra un travail conjoint entre les professionnels du secteur, les environnementalistes et les services de l'État pour que nous puissions conserver cette dynamique.

Encore une fois, je vous remercie de votre réponse, qui, je l'espère, satisfera l'ensemble des acteurs.

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