Question de Mme COSTES Josiane (Cantal - RDSE) publiée le 10/08/2017

Mme Josiane Costes attire l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur l'inégale répartition, sur le territoire, des médecins spécialistes. En effet, en 2015, on constatait un écart de densité de ces praticiens de un à huit selon les départements. Malgré les différentes actions publiques mises en œuvre au cours de ces dernières années pour lutter contre la désertification médicale, l'accès aux soins demeure compliqué pour un très grand nombre de nos concitoyens, en particulier en milieu rural. C'est pourquoi, elle lui demande de préciser les mesures annoncées sur ce sujet par le président de la République lors de la Conférence des territoires du 17 juillet 2017.

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du Premier ministre, chargé des personnes handicapées publiée le 22/11/2017

Réponse apportée en séance publique le 21/11/2017

Mme Josiane Costes. Madame la ministre, ma question concerne la problématique des déserts médicaux.

En effet, malgré les mesures mises en œuvre par les gouvernements successifs, l'accès aux soins demeure difficile pour un grand nombre de nos concitoyens, particulièrement en milieu rural.

Certains spécialistes font cruellement défaut. Par exemple, dans mon département, le Cantal, les délais pour obtenir un rendez-vous chez un ophtalmologue dépassent une année. Il ne reste plus que deux urologues dans le département. Les pédiatres, les gynécologues, les pneumologues se font rares, même à l'hôpital public. Nombre de nos concitoyens sont contraints de tenter d'obtenir des rendez-vous à Clermont-Ferrand, à plus de deux heures et demie de route de chez eux.

Quelles mesures peut-on envisager pour pallier ces difficultés ?

La situation de la médecine générale est également très préoccupante dans nos zones de montagnes.

Beaucoup de médecins partent à la retraite et leurs cabinets médicaux ne sont souvent pas repris.

Des maisons de santé ont certes été mises en service, mais encore faut-il réussir à trouver des médecins pour s'y installer. Or cela reste un exercice très difficile. Un élément qui semble freiner considérablement l'installation de jeunes généralistes en zone de montagne est le problème des astreintes : les territoires à couvrir sont très vastes en raison de la faible densité de population et les conditions climatiques peuvent être très difficiles, voire hostiles, en particulier la nuit au cœur de l'hiver.

Comment lever ce frein à l'installation ? Ne serait-il pas possible de renforcer et d'impliquer plus fortement encore les services des urgences de nos hôpitaux de proximité ?

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Sophie Cluzel, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargée des personnes handicapées. Monsieur le président, madame la sénatrice, depuis son arrivée au ministère des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn a placé la question de la désertification médicale au rang de ses priorités.

Répondre aux besoins légitimes des Français en matière de santé est un impératif, comme vous l'avez souligné. Nombre de nos concitoyens n'y ont toujours pas accès dans un délai raisonnable.

Il n'existe pas de solution unique ou uniforme. Beaucoup de choses ont été faites, mais il nous faut aller plus loin.

Pour lutter contre les déserts médicaux, il est nécessaire en effet de disposer d'un panel de solutions adaptées aux territoires. Les maisons de santé pluridisciplinaires sont une solution et, conformément à l'engagement du Président de la République, nous en doublerons le nombre. Mais ce n'est pas la seule voie envisageable.

Il nous faut accélérer le déploiement de la télémédecine et de la santé numérique en général. Il faut aussi mettre en valeur les innovations locales, qui sont nombreuses.

Agnès Buzyn souhaite également développer les pratiques avancées des professionnels de santé, notamment paramédicaux.

Le Gouvernement souhaite encourager la possibilité que des médecins détachés depuis l'hôpital tiennent des consultations dans des zones sous-dotées. De même, il faut explorer la possibilité que des praticiens libéraux puissent assurer une consultation temporaire dans ces mêmes zones sans forcément s'y installer.

Cela ne peut se faire sans une coordination de tous les acteurs de terrain, professionnels de santé, agences régionales de santé et collectivités locales.

Il nous faut des solutions concrètes qui apportent des réponses en termes de pertinence des soins et de qualité de prise en charge des usagers.

Agnès Buzyn souhaite donner à l'ensemble des acteurs tous les moyens afin qu'ils puissent organiser ou réorganiser les soins sur l'ensemble de nos territoires. Tout ce travail prendra du temps, et plusieurs mesures s'inscriront dans le temps long. Mais des solutions à court terme sont également proposées, car il nous faut répondre à l'urgence.

C'est le but du plan territorial d'accès aux soins présenté le 13 octobre dernier. Un comité de suivi vient compléter ce plan afin de garantir son succès.

Le PLFSS pour 2018 complète l'annonce de plan, notamment sur les aspects financiers et réglementaires.

Nous comptons sur la mobilisation de tous les acteurs territoriaux pour pouvoir avancer.

M. le président. La parole est à Mme Josiane Costes.

Mme Josiane Costes. Vous le comprendrez, madame la secrétaire d'État, les populations de ces territoires sont inquiètes et attendent des réponses rapides, car la situation devient véritablement très difficile.

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