Question de M. HENNO Olivier (Nord - UC) publiée le 15/11/2017

Question posée en séance publique le 14/11/2017

M. Olivier Henno. Ma question s'adresse à M. Jacques Mézard, ministre de la cohésion des territoires.

Depuis plusieurs mois, nous attendions de la part du Président de la République et du Gouvernement une vision et des perspectives en matière de politique de la ville. En effet, avant de démolir ou de passer un coup de rabot financier, il est toujours plus pertinent de préciser sa vision, de définir une alternative et, surtout, d'organiser un débat national pour que cette alternative soit la plus féconde possible.

En déplacement dans le Nord, le Président de la République a fait quelques annonces sur ce que nous pouvons considérer comme un énième plan en faveur des quartiers et territoires cumulant de nombreuses difficultés urbaines, sociales, de sécurité et d'emploi.

Certaines pistes annoncées semblent sorties de ce que certains appellent « l'ancien monde ». J'invite d'ailleurs ceux qui le pensent à lire ou relire L'Ecclésiaste. Comment comprendre l'annonce de la création d'emplois francs quand, au même moment, les collectivités locales et les associations des mêmes quartiers doivent faire face à la disparition des contrats aidés ?

Des annonces ont été faites en matière d'éducation, de culture, de lutte contre les discriminations et d'accès aux services publics. Nous les partageons. Ces annonces, attendues par de nombreux acteurs dans nos territoires, ont cependant comme un goût de trop peu. Quelle est la vision du Gouvernement en matière de sécurité, de logement ou de service public de l'emploi ? Quelle place entend-il donner aux territoires et à leurs élus locaux et quelle concertation compte-t-il engager avec eux ?

Il n'y a pas de fatalisme dans le domaine de la politique de la ville. J'ai encore à l'esprit les métamorphoses des quartiers consécutives au plan de Jean-Louis Borloo.

Monsieur le ministre, pouvez-vous éclairer notre assemblée sur votre vision à court, moyen et long terme en faveur des quartiers et des territoires les plus fragiles de notre République ? (Applaudissements sur les travées du groupe Union Centriste. – M. Marc-Philippe Daubresse applaudit également.)

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Réponse du Ministère de la cohésion des territoires publiée le 15/11/2017

Réponse apportée en séance publique le 14/11/2017

M. Jacques Mézard, ministre de la cohésion des territoires. Monsieur le sénateur Henno, le Président de la République a très clairement expliqué sa vision de la politique de la ville. Il l'a fait, bien sûr, en concertation avec le Premier ministre et l'ensemble du Gouvernement. C'est un enjeu considérable.

Ce qui se passe dans nombre de quartiers n'est pas le résultat de la politique menée depuis cinq mois, mais le résultat d'au moins cinquante années au cours desquelles ces quartiers ont été malheureusement marginalisés.

M. Pierre-Yves Collombat. C'est à cause du libéralisme !

M. Jacques Mézard, ministre. Aujourd'hui, des constats montrent les difficultés, les problèmes de sécurité, d'emploi, d'éducation.

Vous avez cité Jean-Louis Borloo.

M. Marc-Philippe Daubresse. Il avait eu des résultats, à l'époque !

M. Jacques Mézard, ministre. Monsieur Daubresse, vous qui connaissez également bien la politique de la ville, sachez que nous avons justement décidé de confier une mission à Jean-Louis Borloo, lequel travaillera avec le secrétaire d'État Julien Denormandie et moi-même.

Nous voulons défendre une vision de « rassemblement » - c'est l'expression du Président de la République lui-même - dans un dossier qui est une priorité nationale. Au nom de ce rassemblement, nous avons pris la décision de nommer M. Klein, maire socialiste de Clichy-sous-Bois, président de l'ANRU. Il est en effet nécessaire de rassembler toutes les sensibilités dans le cadre de ce débat extrêmement important.

Vous avez rappelé ce qui se passe dans certaines communes : on y observe un retrait de la République, des comportements que nous ne pouvons pas tolérer, quelles que soient les travées sur lesquelles nous siégeons, quelles que soient nos sensibilités. C'est d'ailleurs le message très fort qu'a livré le Président de la République en indiquant qu'il veillerait à réunir tous les trois mois les acteurs de la politique de la ville à l'Élysée pour faire le point et pour avancer en totale concertation, bien sûr, avec le Premier ministre et l'ensemble du Gouvernement.

Nous engageons ainsi une véritable politique de relance de la politique de la ville, telle qu'elle n'avait pas été envisagée depuis bien longtemps ! (Applaudissements sur les travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen et du groupe La République En Marche, ainsi que sur des travées du groupe Union Centriste. - Exclamations sur des travées du groupe socialiste et républicain.)

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