Question de M. LEROY Henri (Alpes-Maritimes - Les Républicains) publiée le 15/11/2017

Question posée en séance publique le 14/11/2017

M. Henri Leroy. Ma question s'adresse à M. le ministre d'État, ministre de l'intérieur.

Quarante-six policiers et seize gendarmes se sont donné la mort depuis le début de l'année.

La semaine dernière, sept membres des forces de l'ordre se sont suicidés. Cela fait un suicide par semaine depuis le début de l'année, un suicide par jour la semaine dernière ! Ces drames sont épouvantables et nos premières pensées vont aux familles de ces fonctionnaires.

Les forces de l'ordre font bien leur travail et le font tous les jours, confrontées à la violence, à une absence totale de respect de l'autorité, parfois même à un rejet de ce que nous sommes.

Les forces de l'ordre ne supportent plus le manque de soutien, le manque de moyens et le manque de considération. Elles ne supportent plus d'être trop souvent narguées par ceux qui ne respectent pas la loi, insultées et menacées sur les réseaux sociaux. La recrudescence des suicides illustre dramatiquement un malaise très profond. Il s'agit d'un épouvantable révélateur.

Monsieur le ministre, votre réponse apparaît malheureusement bien convenue. La prévention des risques psychosociaux constitue votre priorité : recrutement de psychologues, redynamisation des cellules de veille, déploiement de réseaux de référents. Tout cela est important, mais il n'y a rien de nouveau là-dedans, et c'est bien loin d'être suffisant !

Ne pensez-vous pas qu'il est temps d'appliquer la loi pénale sur notre territoire pour redonner le moral à nos hommes, qu'il est temps de sortir de l'angélisme qui nous mène aux polices de sécurité du quotidien et aux travaux d'intérêt général, qu'il est temps de sortir de l'impunité dont bénéficie toute une partie des délinquants en France ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Sylvie Goy-Chavent applaudit également.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 15/11/2017

Réponse apportée en séance publique le 14/11/2017

Mme Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre d'État, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur Henri Leroy, c'est avec une grande émotion que nous avons appris la semaine dernière que six fonctionnaires de police et deux fonctionnaires de gendarmerie s'étaient donné la mort. Je veux assurer leur famille, leurs proches, leurs collègues de travail, de tout mon soutien, de celui du Gouvernement et de l'ensemble du Sénat.

Il est toujours difficile d'expliquer de tels gestes, dont les raisons sont multiples, dont les causes sont complexes. Si ce sont souvent des raisons intimes, liées à la maladie, à la vie personnelle, qui expliquent le passage à l'acte, il est incontestable, monsieur le sénateur, qu'on ne peut pas éluder la dureté des tâches de nos policiers et de nos gendarmes. Eux qui doivent maintenir l'ordre public, eux qui sont amenés à lutter contre le terrorisme, eux qui traquent les criminels et les délinquants sont en effet sans cesse confrontés à la violence, à la désespérance, ce qui peut mener à une tension et un stress extrêmes.

De nombreuses actions ont été mises en œuvre depuis plusieurs mois pour prévenir de tels actes.

Tout d'abord, une action a été engagée pour le soutien psychologique aux agents. Le service dédié est doté de quatre-vingts psychologues pour la police et de trente-huit agents pour la gendarmerie.

Ensuite, nous avons souhaité sensibiliser les élèves policiers et gendarmes dès la fin de leur scolarité avec une cellule de veille, des référents à l'accompagnement dans les commissariats et les brigades.

Pour réagir à cette situation plus directement, nous avons demandé, dès dimanche, au directeur général de la police nationale et au directeur général de la gendarmerie nationale de mener une évaluation très précise de ces mesures. Nous en tirerons toutes les conséquences.

Enfin, je voulais vous dire que le ministre de l'intérieur va recevoir très rapidement les syndicats de l'ensemble de la police sur le sujet. (Applaudissements sur des travées du groupe Union Centriste, du groupe La République En Marche et du groupe socialiste et républicain.)

M. le président. La parole est à M. Henri Leroy, pour la réplique.

M. Henri Leroy. Madame la ministre, votre réponse montre que votre logique est malheureusement de traiter les conséquences plutôt que les causes.

Les forces de l'ordre retrouveront le moral lorsque la loi pénale sera appliquée partout sur notre territoire, lorsque les voyous...

M. le président. Il faut conclure !

M. Henri Leroy. ... seront traités comme des délinquants et les policiers et les gendarmes respectés comme ils doivent l'être ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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