Question de M. COURTEAU Roland (Aude - SOCR) publiée le 16/11/2017

M. Roland Courteau attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur l'étude publiée le 31 octobre 2017 par le conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) qui s'appuie sur une observation des pratiques publicitaires diffusées à la télévision française, sur les 24 chaines, lors de plusieurs journées et juste avant 20 heures.
Dans ce rapport, le CSA établit plusieurs constats.
Ainsi, l'on remarque la persistance des stéréotypes : les hommes prédominent lorsqu'il s'agit de voitures (64 %), d'assurances et de banques (59 %), de technologie (58 %) ou de jeux d'argent (78 %).
À l'inverse, les femmes ressurgissent lorsqu'on aborde la parfumerie ou l'habillement (57 %), l'entretien du corps (63 %), les produits paramédicaux et médicaux (55 %).
Il lui fait, par ailleurs, remarquer que la disproportion s'accroît lorsqu'on s'intéresse aux experts, c'est-à-dire à ceux qui savent, donc aux sachants, capables d'apporter une connaissance sur tel ou tel produit.
Dans ce cas, les hommes occupent 82 % de ces représentations contre 18 % pour les femmes.
Enfin, toujours selon ce rapport du CSA, la publicité sexualise plus les femmes que les hommes. Près de 70 % des messages mettant en scène des attitudes suggestives ou des cadrages intimes le font via le corps féminin.
Ainsi donc, selon la personne qui a supervisé le rapport, « tant que l'on conserve ces clichés de représentation, en objet de désir ou en consommatrices, on ne favorise pas le respect des femmes… les messages sont parfois subliminaux, avec des poses lascives ou des airs évaporés qui imprègnent les mentalités… »
Il lui indique que le combat contre les stéréotypes sexistes qui doit commencer dans le monde des jouets et dans les manuels scolaires (voir les rapports de la délégation aux droits des femmes du Sénat n° 183, 2014-2015 et 645, 2013-2014) doit également se poursuivre en matière de publicité à la télévision. C'est l'une des conditions à remplir pour faire évoluer les mentalités et parvenir à l'égalité réelle entre les femmes et les hommes.
Il lui demande quelles initiatives elle entend prendre pour lutter efficacement contre les stéréotypes sexistes aussi bien dans les publicités à la télévision que dans le monde des jouets ou dans les manuels scolaires.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale publiée le 19/04/2018

L'analyse des représentations stéréotypées du masculin et du féminin, ainsi que celles des rôles sociaux de sexe, fondent la politique éducative menée en faveur de l'égalité entre les filles et les garçons. Ce travail sur les représentations sexuées est essentiel à la diffusion d'une culture de l'égalité entre les sexes dès le plus jeune âge. La lutte contre les stéréotypes revêt des enjeux d'éducation au respect mutuel, mais également de mixité des filières de formation et des métiers ainsi que de prévention des violences sexistes et sexuelles. L'un des principaux leviers de cette lutte contre les stéréotypes est l'éducation aux médias et à l'information (ÉMI), qui est une compétence du socle commun des connaissances, de compétences et de culture. Elle permet aux élèves d'apprendre à lire, à décrypter l'information et l'image, à aiguiser leur esprit critique, à se forger une opinion, compétences essentielles pour exercer une citoyenneté éclairée. Le CLEMI est chargé de l'éducation aux médias et à l'information dans l'ensemble du système éducatif. Il a pour mission de promouvoir, tant au plan national que dans les académies, notamment par des actions de formation, l'utilisation pluraliste des moyens d'information dans l'enseignement afin de favoriser une meilleure compréhension par les élèves du monde qui les entoure. Le CLEMI produit de nombreuses ressources pédagogiques et d'information et, avec le guide pratique « la famille Tout-écran », étend sa mission au-delà des murs de l'école pour accompagner les parents et les sensibiliser aux pratiques médiatiques des élèves. Concernant les manuels scolaires, le ministère de l'éducation nationale est de fait très attentif à la question de la représentation équilibrée des femmes et des hommes dans l'ensemble des supports pédagogiques, tout en n'ayant pas de prérogatives juridiques de prescription ou de contrôle du contenu des manuels proposés par les éditeurs. La direction générale de l'enseignement scolaire travaille d'ailleurs, sur cette question, avec le Centre Hubertine Auclert, notamment connu pour ses travaux d'études sur les représentations sexuées dans les ouvrages scolaires. Si les enseignants sont libres et responsables du choix des manuels qu'ils utilisent en classe, ils disposent toutefois de ressources pour faire des choix conformes à la préoccupation de lutter contre les stéréotypes de genre.

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