Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - RDSE) publiée le 23/11/2017

M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur la présence de produits toxiques dans les feuilles de thé vendues par de grandes marques, même biologiques.
Environ deux Français sur trois boivent du thé, principalement en sachet, et sa consommation a triplé ces vingt dernières années. Or une enquête du magazine 60 millions de consommateurs, publiée dans son numéro de novembre 2017, révèle la présence de nombreux produits toxiques dans les seize thés noirs et dix thés verts testés. Tous contiennent des pesticides, jusqu'à dix-sept pour certains sachets, et des résidus de métaux, dont certains sont réputés nocifs pour la santé, comme le cadmium, l'arsenic ou le mercure. Si ces produits demeurent dans des quantités inférieures aux limites autorisées, on peut néanmoins s'interroger sur la contamination induite par leur cumul. De surcroît, les analyses relèvent la présence d'alcaloïdes pyrrolizidiniques, ce qui est encore plus inquiétant. En effet, dans un rapport adopté le 21 juin 2017, les experts de l'European Food Safety Authority (EFSA) ont établi que l'exposition à ces alcaloïdes contenus dans les denrées alimentaires constitue une source potentielle de préoccupation à long terme pour la santé humaine, en particulier celle des consommateurs de grandes quantités de thé et d'infusions à base de plantes, en raison du potentiel cancérigène de ces toxines. Pour autant, aucune réglementation ne les encadre.
En conséquence, il aimerait savoir s'il ne serait pas opportun de diligenter des études, afin d'une part de connaître les effets que peuvent avoir sur la santé l'accumulation de contaminants et d'autre part d'établir un consensus scientifique sur le taux de nocivité des alcaloïdes pyrrolizidiniques et de définir des seuils réglementaires.

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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 24/05/2018

En France, la surveillance de la contamination éventuelle des aliments par différentes substances est assurée dans un cadre réglementaire au travers des plans de contrôle, des plans de surveillance et des enquêtes pilotés par les ministères concernés, en prenant en compte l'évaluation des risques établie par les agences de sécurité sanitaire. Les études de l'alimentation totale (EAT) sont des enquêtes nationales ayant pour objectif de surveiller l'exposition de la population à des substances chimiques potentiellement présentes dans les aliments : résidus de produits phytosanitaires, contaminants de l'environnement, composés néoformés, toxines naturelles, additifs, éléments traces ou minéraux, afin d'évaluer les risques à long terme de ces expositions. Une première étude de l'alimentation totale (EAT1) a été réalisée entre 2000 et 2004 par l'institut national de la recherche agronomique (INRA) et l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES). Les résultats ont été publiés en 2005. Cette étude a permis de dresser un bilan de l'exposition de la population, des adultes et des enfants, aux contaminants inorganiques et minéraux, ainsi qu'aux mycotoxines, au total trente substances ont été recherchées. Une deuxième étude de l'alimentation totale (EAT2) a été réalisée par l'ANSES entre 2006 et 2010 et les résultats ont été publiés en juin 2011. Elle a conduit à la collecte de 20 000 produits alimentaires représentant 212 types d'aliments, pour lesquels 445 substances d'intérêt (pesticides, métaux lourds, composés perfluorés, minéraux, dioxines et furanes, polychlorobiphényles (PCB), mycotoxines, retardateurs de flamme bromés, phyto-estrogènes, substances néoformées, additifs, etc.) ont été recherchées. L'étude EAT2 a confirmé, globalement, le bon niveau de maîtrise des risques sanitaires associés à la présence potentielle de contaminants chimiques dans les aliments en France, sur la base des seuils réglementaires et valeurs toxicologiques de référence disponibles. Pour certains groupes de populations, l'étude a montré des risques de dépassement des seuils toxicologiques pour certaines substances telles que le plomb, le cadmium, l'arsenic inorganique ou encore l'acrylamide, nécessitant des efforts de réduction des expositions. À cette occasion, l'ANSES a rappelé l'importance d'une alimentation diversifiée et équilibrée en variant les aliments et la quantité consommée, car certains risques peuvent être souvent associés à des situations de forte consommation de certains aliments. S'agissant des alcaloïdes pyrrolizidiniques, substances naturellement produites par plusieurs espèces de plantes, pour la plupart des mauvaises herbes, ils peuvent contaminer les récoltes et se retrouver dans les denrées alimentaires (thé, tisanes, miel ou compléments alimentaires à base de plantes ou de pollen). En juillet 2017, l'autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a publié un avis sur les risques liés à l'exposition alimentaire aux alcaloïdes pyrrolizidiniques. Elle a souligné que l'exposition aux alcaloïdes pyrrolizidiniques contenus dans les denrées alimentaires constitue une source potentielle de préoccupation à long terme pour la santé humaine, en particulier celle des consommateurs fréquents de grandes quantités de thé et d'infusions à base de plantes, en raison du potentiel cancérigène de ces substances. Elle a recommandé que des études supplémentaires soient réalisées en ce qui concerne la toxicité et le risque cancérigène de ces alcaloïdes qui peuvent être présents dans les aliments. En France, il existe assez peu de données de contamination des denrées alimentaires par ces alcaloïdes, pour caractériser l'exposition des consommateurs à ces contaminants.

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