Question de M. FICHET Jean-Luc (Finistère - SOCR) publiée le 16/02/2018

Question posée en séance publique le 15/02/2018

M. Jean-Luc Fichet. Ma question s'adresse à Mme la ministre des solidarités et de la santé.

Madame la ministre, avec le Premier ministre, vous avez rendu publiques ce mardi vos ambitions en matière d'organisation des soins dans notre pays.

Ce n'est pas nouveau : notre hôpital public souffre, et nos concitoyens ont du mal à trouver une offre de soins cohérente.

Depuis 2009, de nombreux dispositifs ont été mis en place. Pourtant, les médecins sont de plus en plus absents de nos territoires, et la population est de plus en plus inquiète.

Vous souhaitez renforcer la cohérence entre l'hôpital et la médecine générale, afin de placer le patient au cœur du dispositif de soins : nous le souhaitons également, mais nous ne voyons pas, dans vos annonces, ce qui pourrait permettre l'installation de médecins généralistes là où il en manque.

L'État et les collectivités locales financent l'installation de médecins sans résultats probants. Aussi nous semblerait-il judicieux de rendre publics l'ensemble des financements locaux et nationaux destinés à l'installation des médecins, pour en mesurer l'impact. Êtes-vous prête à faire ce bilan, madame la ministre ?

Par ailleurs, les groupements hospitaliers de territoire, les GHT, visent à mutualiser l'offre hospitalière sur un territoire donné. Or on constate, le plus souvent, le déploiement d'une stratégie d'offre de soins très concentrée sur le plus grand établissement hospitalier, au détriment des plus petits.

Quant à la télémédecine, elle ne saurait être l'alpha et l'oméga de l'offre de soins dans les déserts médicaux.

Madame la ministre, sur ces deux sujets, quelles sont vos intentions ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 16/02/2018

Réponse apportée en séance publique le 15/02/2018

Mme Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé. Monsieur le sénateur Jean-Luc Fichet, nous sommes évidemment prêts à rendre publics tous les financements incitatifs mis en place par les uns ou les autres. Nous sommes disposés à faire ce bilan, mais nous pensons, comme vous en somme, que les mesures incitatives ne suffisent pas, aujourd'hui, pour remédier aux difficultés que rencontrent les territoires.

Dès le mois d'octobre dernier, nous avons, avec le Premier ministre, proposé un plan dédié à l'amélioration de l'accès aux soins, qui repose sur les trois changements de paradigme suivants.

En premier lieu, il n'est pas forcément nécessaire qu'un médecin s'installe dans un territoire : il s'agit de donner à chaque territoire du temps médical, ce qui peut se faire via l'hôpital ou des professionnels de santé hospitaliers. Chaque territoire doit trouver les leviers d'action pour favoriser cette offre de temps médical dans les zones sous-dotées.

En deuxième lieu, il convient de développer les coopérations interprofessionnelles. C'est également d'un changement culturel qu'il s'agit. Tous les malades n'ont pas systématiquement besoin d'être suivis par un médecin. Aujourd'hui, un patient qui souffre d'hypertension artérielle peut être suivi par une infirmière, à condition que les soins s'inscrivent dans des coopérations régulées. C'est ce que pratiquent d'ores et déjà la plupart des maisons de santé pluriprofessionnelles.

En troisième lieu, il importe de promouvoir la télémédecine.

M. Jean-Pierre Sueur. Et l'humain ?

Mme Agnès Buzyn, ministre. Bien sûr, y recourir n'est pas l'alpha et l'oméga, mais cela peut raccourcir les délais de prise en charge.

Enfin, nous faisons confiance aux territoires, en leur donnant vingt-six leviers d'action pour adapter leurs organisations territoriales avec beaucoup plus de souplesse, beaucoup plus de liberté, selon leurs besoins.

Au titre du grand plan d'investissement, nous allouons 400 millions d'euros à la création de maisons de santé pluriprofessionnelles. Nous souhaitons en doubler le nombre d'ici à la fin du quinquennat, mais cela n'est pas non plus l'alpha et l'oméga de la médecine de demain.

Ces vingt-six mesures sont à la disposition des territoires. Les agences régionales de santé vont animer, dans chaque territoire, des réflexions avec les élus, les professionnels de santé et les citoyens, en vue de définir la réponse la plus appropriée aux besoins de santé de nos concitoyens. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)

M. le président. La parole est à M. Jean-Luc Fichet, pour la réplique.

M. Jean-Luc Fichet. Madame la ministre, je vous remercie, mais vous ne répondez pas réellement à ma question. Vous me dites que 400 millions d'euros supplémentaires seront mobilisés, dont acte ! Aujourd'hui, les mesures d'incitation ne suffisent plus. À mon sens, il faudra réellement envisager le recours à la coercition envers les professionnels de santé ; sinon, nos territoires resteront dépourvus d'offre de soins et, en particulier, de médecins généralistes. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain. – Mme Anne-Catherine Loisier et M. Julien Bargeton applaudissent également.)

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