Question de M. ALLIZARD Pascal (Calvados - Les Républicains) publiée le 21/02/2018

Question posée en séance publique le 20/02/2018

M. Pascal Allizard. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, ma question s'adresse à Mme la ministre auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargée des affaires européennes.

Je souhaite évoquer la crise migratoire à laquelle doit faire face l'Europe, et notamment la France. C'est un sujet de préoccupation majeur qui cristallise les passions et les peurs.

Dans plusieurs États européens, les questions de l'identité et du contrôle des frontières redeviennent centrales et font l'objet de toutes les instrumentalisations. Attisé par la crise migratoire, l'euroscepticisme gagne partout du terrain et pas seulement en Europe centrale et orientale, ce qui, de mon point de vue, n'est pas une bonne chose.

Nous connaissons les conditions de l'accord avec la Turquie, qui a certes sclérosé les flux de Méditerranée orientale, mais d'autres voies d'arrivée demeurent. Et ils sont encore des centaines de milliers de migrants, notamment en Libye, vivant dans des conditions inhumaines, livrés aux trafiquants.

Le Président Macron qui, durant sa campagne, pour des raisons électorales, avait donné des gages à son camp sur les questions migratoires semble opérer aujourd'hui un retour au réalisme en souhaitant – enfin – clairement distinguer le cas des demandeurs d'asile de celui des migrants économiques.

Pourtant, lors d'une récente rencontre à Bruxelles, j'ai entendu des officiels de haut niveau de la Commission m'expliquer que, face à un phénomène historique auquel l'Union européenne ne pouvait se soustraire et, par ailleurs, totalement bénéfique pour combler une natalité européenne en berne, il était impératif de se montrer souples et d'accueillir le plus grand nombre.

Dès lors, que pèsera la position française face à cette vision irresponsable qui semble se dessiner à Bruxelles ? (Applaudissements sur de nombreuses travées du groupe Les Républicains.)


Mme Sophie Primas. Très bien !

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 21/02/2018

Réponse apportée en séance publique le 20/02/2018

M. Gérard Collomb, ministre d'État, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur Allizard, la question que vous posez porte sur un sujet grave.

Lorsque nous regardons l'évolution des flux migratoires en Europe, nous nous apercevons qu'en l'espace d'un an – l'année 2017 –, les flux migratoires ont diminué de moitié. En revanche, sur le territoire français, les demandes d'asile ont augmenté de 17 %, atteignant le chiffre de 100 000. Par ailleurs, nous avons empêché d'entrer sur le territoire 85 000 personnes.

Oui, ce sujet est important ; c'est la raison pour laquelle je présenterai demain en conseil des ministres un projet de loi sur l'asile et l'immigration.

La ligne est claire : être capables d'accueillir celles et ceux qui peuvent bénéficier de l'asile parce qu'ils sont victimes de persécutions dans leur territoire, dans leur pays, pour des raisons ethniques, religieuses ou politiques, et être aussi capables, en même temps, de leur donner un avenir dans notre pays, de ne pas les laisser se marginaliser – c'est tout l'objet du rapport Tach頖, tout en faisant montre d'une certaine fermeté.

Pour vous donner quelques éléments d'analyse, si l'on compare le chiffre des éloignements auxquels il a été procédé en janvier de cette année à celui du mois de janvier 2017, on constate que les éloignements ont augmenté de 22 %.

Nous voulons nous aligner sur le droit de nos amis allemands, néerlandais et italiens, afin d'avoir un système européen d'asile qui soit le plus commun possible. (Mme Patricia Schillinger et M. André Gattolin applaudissent.)

M. le président. La parole est à M. Pascal Allizard, pour la réplique.

M. Pascal Allizard. Monsieur le ministre d'État, je vous remercie de votre réponse. Néanmoins, lors de mon récent déplacement à Molenbeek, commune censée illustrer le « modèle » approuvé par les autorités européennes, j'ai plutôt vu le communautarisme, la pauvreté, c'est-à-dire tous les ingrédients de la désintégration sociale.

Entre inefficacité et angélisme, il me semble que l'Union européenne met elle-même en place les conditions d'une défiance à son égard, dont je crains qu'elle ne soit difficile à arrêter. C'est regrettable. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – MM. Olivier Cigolotti et Claude Kern applaudissent également.)

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