Question de M. GUÉRINI Jean-Noël (Bouches-du-Rhône - RDSE) publiée le 08/02/2018

M. Jean-Noël Guérini appelle l'attention de M. le ministre de l'Europe et des affaires étrangères sur les menaces qui obèrent l'avenir de la Fondation Alliance Française.
La Fondation coordonne 834 Alliances Françaises dans 132 pays, en un réseau d'associations autonomes de droit local. Elle a pour mission de développer et de faire rayonner la langue et la culture françaises dans le monde. Ses actions touchent plus de 450 000 personnes.
Or plus du tiers des administrateurs de la Fondation, dont son président, ont annoncé leur démission, invoquant une situation financière incompatible avec la poursuite des activités. Les différents acteurs sont légitimement inquiets face aux scénarios de restructuration évoqués, qui leur font craindre pour leurs emplois, mais aussi pour les moyens alloués à leurs missions et la place du partenariat avec l'État.
Face à la menace de dissolution, il lui demande ce qui peut être envisagé afin de soutenir l'action essentielle du réseau de l'Alliance française et de ne pas mettre en péril le développement de la francophonie.

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Réponse du Ministère de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 17/05/2018

Le Gouvernement porte une grande attention à la situation de la Fondation Alliance française, et bien évidemment, au réseau associatif des 834 alliances françaises qui apportent une contribution absolument majeure au rayonnement de la langue française et à l'influence de la France partout dans le monde. L'État leur apporte un appui important. Près de 45 % de ces alliances sont conventionnées avec le ministère de l'Europe et des affaires étrangères et reçoivent un soutien financier et/ou humain de sa part. Ainsi, en 2017, le soutien global du MEAE à la Fondation et au réseau des alliances s'est élevé à plus de 36,6 M€ (un soutien comprenant : une subvention à la Fondation pour un montant total de 1,3 M€ ; des subventions aux alliances locales pour un montant total d'environ 5,3 M€ ; la mise à disposition de 281 personnels expatriés, pour un coût évalué à 28 M€ ; 0,2 M€ d'appui exceptionnel versés par le Premier ministre sur l'enveloppe de crédits liée aux fondations et associations, enfin 2M€ de crédits dédiés à la sécurisation du réseau des alliances). En PLF 2018, hors dépenses exceptionnelles de sécurité, le soutien global du MEAE au réseau international des alliances françaises restera au même niveau. Cet engagement quant à la sanctuarisation des moyens des alliances a été renouvelé par le Président de la République lors de son discours du 20 mars 2018 devant l'Académie française. Depuis quelques mois, la Fondation Alliance française est en effet confrontée à une situation financière sérieuse, liée à son incapacité à faire face aux dépenses qu'elle a engagées dans le cadre du plan « Alliance 2020 » et à un contentieux avec l'Alliance française Paris Île-de-France. Cette situation a fait l'objet d'un audit. Le Gouvernement a suivi et continue de suivre cette situation avec la plus grande attention. Dans ce contexte, et alors que le Président de la République a choisi de porter une ambition renouvelée pour la politique française d'influence, des propositions ont été demandées à l'ambassadeur de France Pierre Vimont. Dans son rapport, celui-ci a insisté sur la nécessité d'une mutation de l'actuelle fondation afin de « recentrer, simplifier et rationnaliser » son action. Pierre Vimont a également défendu l'idée d'une localisation commune de la nouvelle tête-de-pont des alliances française et de l'Institut Français afin de favoriser les synergies entre ces structures, de renforcer le rôle d'opérateur de l'Institut français et au final d'assurer une meilleure cohérence de l'action linguistique et culturelle extérieure de la France. Le Président de la République a décidé de reprendre ces recommandations et leur mise en œuvre sera rendue effective dans les meilleurs délais possibles. Il y a donc un double chantier en cours : d'une part un effort d'urgence visant à répondre à la situation de la Fondation Alliance française, avec des mesures financières prises sans délai (autorisation donnée à la FAF d'imputer sur ses besoins en fonctionnement le solde de la subvention 2017 qui était initialement destinée à l'action locale des délégations générales des alliances françaises (soit environ 250 K€) ; première tranche de la subvention 2018 (à hauteur d'un peu plus d'un million d'euros) versée à la FAF début février 2018) ; et d'autre part un chantier de fond qui doit permettre de refonder les liens entre nos ambassades, qui sont les relais de la politique française d'influence, et l'ensemble des alliances françaises, dans le respect de leur autonomie. Ce chantier passe, par ailleurs, par la mise en place d'une structure capable de fournir aux alliances un appui toujours plus efficace en matière notamment de protection de la marque et de son éthique. Le Gouvernement, conscient des enjeux, est entièrement mobilisé pour que le réseau international des alliances françaises continue de jouer le rôle exceptionnel qui est le sien, avec notre appui et toujours dans le respect de son autonomie.

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