Question de M. LAFON Laurent (Val-de-Marne - UC) publiée le 28/03/2018

Question posée en séance publique le 27/03/2018

M. Laurent Lafon. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, une fois encore la France est en deuil et pleure ses morts, quatre jours après les attaques terroristes de Trèbes et de Carcassonne.

Monsieur le président, mes collègues et moi-même nous associons à l'hommage que vous avez rendu aux victimes et aux personnes blessées et traumatisées par cet attentat. Nous saluons le courage des forces de l'ordre, qui s'engagent au quotidien pour notre protection au risque même de leur vie, comme l'a montré le lieutenant-colonel Beltrame.

L'effondrement de l'État islamique au Levant, ainsi que les mesures prises ces derniers mois pouvaient laisser penser que le risque, sans avoir disparu, était maîtrisé. L'attentat de vendredi dernier a montré, hélas !, qu'il n'en était rien. La menace terroriste est toujours présente en France et elle peut frapper n'importe où sur le territoire, y compris dans des lieux que nous pensions éloignés des foyers salafistes.

Du reste, c'est conscient de cette situation que le Sénat a créé, voilà plusieurs semaines, une commission d'enquête sur l'organisation et les moyens des services de l'État pour faire face à l'évolution de la menace terroriste après la chute de l'État islamique. Celle-ci rendra ses recommandations d'ici à l'été prochain.

Depuis 2012, nous avons voté de multiples lois, fait entrer l'état d'urgence dans le droit commun, renforcé les moyens budgétaires et humains du renseignement, accru la coordination de nos services, ouvert la réflexion vers une meilleure coopération entre la CNIL, la Commission nationale de l'informatique et des libertés, et les services de renseignement, tandis qu'un parquet national antiterroriste avec des relais en région devrait prochainement voir le jour.

Le dernier attentat pose de nouveau la question de l'adaptation des moyens législatifs, humains, technologiques et budgétaires pour faire face à la menace terroriste à travers ses différentes formes et son évolution : propagation du radicalisme en prison, retour des djihadistes du Levant ou caractère endogène du terrorisme, comme l'a illustré l'attentat de vendredi dernier.

Certes, nous avons conscience que le risque zéro n'existe pas. Certes, il ne faut pas céder aux amalgames et tomber dans les recettes faciles ou les récupérations déplacées dans de telles circonstances. Néanmoins il convient de répondre aux inquiétudes légitimes des Français.

Monsieur le Premier ministre, quel regard portez-vous sur les mesures mises en place ces dernières années, sur leur effectivité et sur les résultats qu'elles ont permis d'obtenir ? Quels enseignements tirez-vous également de l'attentat de vendredi, qui, malheureusement, a montré la persistance de lacunes dans notre organisation ? (Applaudissements sur les travées du groupe Union Centriste.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 28/03/2018

Réponse apportée en séance publique le 27/03/2018

M. Gérard Collomb, ministre d'État, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur Lafon, en début d'après-midi, j'accueillais la famille d'Arnaud Beltrame : son épouse, ses parents, ses frères. Vous vous en doutez bien, c'était un moment d'intense émotion, mais en même temps de grande dignité. Sa mère me disait : « Je ne suis pas dans la haine. Je suis au contraire dans la fierté de ce qu'a accompli mon fils : donner sa vie pour sauver une autre vie. »

Depuis que je suis ministre de l'intérieur, nous savons que la menace est toujours présente. Elle ne provient plus du front irako-syrien. C'est aujourd'hui une menace endogène : un certain nombre d'esprits se radicalisent sur internet, voire se radicalisent tout seuls, et peuvent passer à l'acte.

Cela demande de renforcer les moyens de nos services en femmes, en hommes, en outils techniques, de manière à être toujours plus présent. Toutefois, on ne peut jamais dire que l'on va éradiquer le mal.

Le combat est d'abord un grand combat idéologique, qui oppose au reste de la société l'islam radical, cet islamisme moyenâgeux, qui frappe dans tous les pays : dans les pays occidentaux, bien sûr, mais aussi dans les pays musulmans. Il faut que, les uns et les autres, nous unissions nos forces pour le combattre et le vaincre intellectuellement. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche, du groupe Les Indépendants – République et Territoires et du groupe Union Centriste.)

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