Question de M. LÉONHARDT Olivier (Essonne - RDSE) publiée le 28/03/2018

Question posée en séance publique le 27/03/2018

M. Olivier Léonhardt. Ma question s'adresse à Mme la ministre auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargée des affaires européennes.

Madame la ministre, l'islamisme a frappé et tué une nouvelle fois dans notre pays. Notre émotion, celle de nos concitoyens, est à son comble. La France est en deuil et nous honorons la mémoire de nos héros. Je veux tout d'abord m'associer à mes collègues qui se sont exprimés avant moi pour adresser notre soutien le plus profond aux familles des victimes blessées ou emportées dans cette tragédie.

Nous savons que la menace terroriste reste très élevée. Notre démocratie tente de s'adapter peu à peu à ce risque durable par des évolutions législatives qui doivent nous permettre de surmonter cette situation, tout en préservant nos valeurs, nos libertés et notre mode de vie.

Pourtant, le combat qui nous oppose à l'islam radical doit aussi être abordé à l'échelle internationale. Les foyers terroristes à l'étranger, notamment en Syrie, où je rappelle que Daech n'a pas encore été éradiqué, sont des points d'appui de la radicalisation et du passage à l'acte de nombreux terroristes sur le sol français.

L'action et la parole de la France dans le conflit irako-syrien sont donc déterminantes pour enrayer durablement cette idéologie totalitaire. C'est d'ailleurs parce que la parole de la France a une valeur toute particulière que nous ne pouvons pas laisser perdurer la moindre ambiguïté sur notre position quant à la situation dans le Rojava, en Syrie.

La présence de nos alliés kurdes en Syrie a permis d'éviter l'engagement au sol des troupes françaises.


M. le président. Veuillez conclure, mon cher collègue !


M. Olivier Léonhardt. Les Kurdes, qui ont été en première ligne dans le combat face à l'organisation État islamique et qui continuent à combattre les derniers foyers terroristes, sont aujourd'hui abandonnés dans la région d'Afrin, à la suite d'une offensive turque commencée au mois de janvier dernier.

Madame la ministre, ne pensez-vous pas que protéger les Kurdes, c'est défendre nos valeurs, c'est lutter contre le terrorisme, par conséquent c'est aussi nous protéger nous-mêmes ? La France va-t-elle condamner l'agression et la volonté d'éradication dont les Kurdes sont aujourd'hui les victimes ? (Applaudissements sur les travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen, du groupe socialiste et républicain, du groupe Union Centriste et du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 28/03/2018

Réponse apportée en séance publique le 27/03/2018

Mme Nathalie Loiseau, ministre auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargée des affaires européennes. Monsieur le sénateur Léonhardt, l'escalade se poursuit en Syrie. Les troupes turques ont pris Afrin le 18 mars dernier. Depuis, le président Erdogan a laissé craindre la poursuite de l'intervention turque, notamment dans le secteur de Tal Rifaat, où 75 000 personnes auraient trouvé refuge.

Nous avons fait part, publiquement et lors de nos contacts avec les autorités turques, de notre très vive préoccupation. La position de la France est très claire : si le souci de la Turquie de s'assurer de la sécurité de sa frontière est compréhensible, rien ne peut justifier son maintien, en profondeur et dans la durée, sur le territoire syrien.

Nos préoccupations sont bien entendu humanitaires, puisque 100 000 personnes ont fui Afrin. Elles sont juridiques, puisque la résolution 2401 du Conseil de sécurité des Nations unies a imposé une cessation des hostilités sur l'ensemble du territoire syrien et que cette résolution est violée jour après jour. Elles sont aussi opérationnelles et de sécurité.

Comme vous le soulignez, la France a pleinement conscience que les forces kurdes apportent un appui décisif à la lutte contre Daech. La priorité absolue de la communauté internationale doit être de poursuivre ce combat. L'attentat de Carcassonne et de Trèbes nous l'a douloureusement rappelé.

Le Président de la République s'est entretenu une fois encore avec le président Erdogan le 24 mars dernier, pour rappeler la nécessité que la Turquie permette le plein accès de l'aide humanitaire et pour redire la priorité absolue de la lutte contre Daech. Cette priorité, il l'a également rappelée au président Trump avec lequel il vient de s'entretenir par téléphone.

Nous avons besoin des Kurdes pour lutter contre Daech. À terme, seule une solution politique qui inclut notamment les Kurdes est à même d'assurer la stabilité de la Syrie et la sécurité de ses voisins, ainsi que la nôtre. (M. François Patriat applaudit.)

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