Question de M. JANSSENS Jean-Marie (Loir-et-Cher - UC) publiée le 22/03/2018

M. Jean-Marie Janssens interroge M. le ministre de l'éducation nationale sur l'organisation des concours des « meilleurs ouvriers de France ». Une nouvelle organisation est actuellement mise en place pour ces concours. Un partenaire privé, à savoir une maison d'édition, prend désormais une place importante dans l'organisation des concours, ainsi que dans leur financement. Ainsi, les critères de sélection et de notation ont été modifiés.

Ce concours, organisé sous l'égide du ministère de l'éducation nationale, a pour objet la reconnaissance et la valorisation de l'excellence professionnelle. Or, le rôle prépondérant d'un partenaire privé dans l'organisation du concours est difficilement compréhensible pour les professionnels du secteur qui craignent que l'indépendance et la dimension académique de ce concours ne soient remises en question. Cette inquiétude est d'ailleurs partagée par tous les professionnels des secteurs alimentaires ou non alimentaires ayant un concours de « meilleur ouvrier de France ».

Il lui demande de lui garantir que ces concours auront toujours pour finalité de garantir l'excellence en toute indépendance et en toute objectivité, de lui indiquer les différents acteurs du financement de ces concours, et le rôle que le ministère entend laisser jouer au nouveau partenaire privé.

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'action et des comptes publics publiée le 23/05/2018

Réponse apportée en séance publique le 22/05/2018

M. Jean-Marie Janssens. Monsieur le secrétaire d'État, je souhaite attirer votre attention sur l'organisation des concours « Meilleurs ouvriers de France ».

En effet, à l'occasion du Salon des fromagers qui se tenait parallèlement au Salon international de l'agriculture, j'ai été interpellé par des représentants de la profession, dont le président de la Fédération française des fromagers, qui m'ont fait part de leur inquiétude concernant l'organisation des concours « Meilleurs ouvriers de France ».

Une nouvelle organisation est actuellement mise en place pour ces concours.

En effet, un partenaire privé – en l'occurrence, une maison d'édition – prend désormais une place importante dans l'organisation des concours ainsi que dans leur financement. Les critères de sélection et de notation ont ainsi été modifiés.

Ces concours, organisés sous l'égide du ministère de l'éducation nationale, ont pour objet la reconnaissance et la valorisation de l'excellence professionnelle. Or le rôle prépondérant joué par un partenaire privé dans leur organisation est difficilement compréhensible pour les professionnels du secteur, qui craignent que l'indépendance et la dimension académique de ces concours ne soient remises en question.

Cette inquiétude est d'ailleurs partagée par tous les professionnels des secteurs, alimentaires ou non alimentaires, pour lesquels est organisé un concours « Meilleurs ouvriers de France ».

Monsieur le secrétaire d'État, pouvez-vous me garantir que ces concours auront toujours pour finalité de récompenser l'excellence en toute indépendance et en toute objectivité ?

Par ailleurs, pouvez-vous m'indiquer les différents acteurs du financement de ces concours et le rôle que vous entendez laisser jouer aux nouveaux partenaires privés ?

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État auprès du ministre de l'action et des comptes publics.

M. Olivier Dussopt, secrétaire d'État auprès du ministre de l'action et des comptes publics. Monsieur le sénateur Janssens, je vous prie de bien vouloir excuser M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, qui m'a demandé de bien vouloir vous répondre.

L'organisation du concours pour l'obtention du diplôme d'État « Un des meilleurs ouvriers de France » repose sur un modèle original – vous l'avez rappel頖 de coopération entre partenaires publics et privés, qui réunit le ministère de l'éducation nationale et ses partenaires ministériels, le comité d'organisation du concours et des expositions du travail, ou COET, les professionnels et leurs représentants.

Le COET met en œuvre les modalités d'attribution du diplôme « Un des meilleurs ouvriers de France ». Il organise les expositions du travail et la remise des diplômes. Il est financé par des subventions publiques, le ministère de l'éducation nationale étant le plus gros contributeur. Il est, dans le cadre actuel, éligible à la taxe d'apprentissage. Il peut également recevoir des dons, et perçoit des droits d'inscription des candidats.

Afin de pallier une fragilité financière récurrente, le comité d'organisation a passé une convention avec le groupe Uni-éditions, société filiale du Crédit Agricole. Ce partenariat financier ne présente aucun risque d'ingérence, dans la mesure où les métiers de la banque sont totalement absents des métiers ouverts au concours.

Par ailleurs, la modification des critères de notation n'est pas liée à cette convention ; elle traduit la volonté du COET de procéder à une vaste remise en ordre de l'organisation même de l'examen.

Dans le cadre de la réglementation fixée par le ministère de l'éducation nationale, le comité a ainsi rénové ses statuts et engagé une politique de transparence sur les conditions d'organisation des épreuves relevant de sa propre responsabilité.

Le COET a aussi chargé l'inspecteur général, président du jury général, de revoir l'ensemble des sujets, des référentiels et des critères d'évaluation des épreuves.

L'intervention des professionnels et de leurs fédérations est essentielle pour définir les exigences professionnelles attendues et, de la sorte, le niveau et la qualité du concours. Toutefois – il faut le préciser –, les fédérations professionnelles sont des partenaires, et non pas les organisateurs des épreuves, ce rôle étant dévolu au COET par le ministère de l'éducation nationale.

Le comité d'organisation, en accord avec sa tutelle ministérielle, a souhaité reprendre avec les fédérations professionnelles une coopération plus rationnelle dans le cadre organisationnel et juridique imparti. Une telle coopération permet d'assurer l'équilibre entre, d'une part, le respect des règles applicables aux candidats aux diplômes de l'éducation nationale et, de l'autre, la recherche permanente d'une définition de l'excellence professionnelle dans plus de deux cents métiers.

Monsieur le sénateur, j'espère avoir répondu à vos inquiétudes, notamment quant à l'absence d'interférence des acteurs privés dans le processus d'évaluation.

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