Question de M. BONHOMME François (Tarn-et-Garonne - Les Républicains-A) publiée le 29/03/2018

M. François Bonhomme attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation sur la nécessaire évolution des modalités comptables d'affectation des subventions publiques d'investissement reçues par les coopératives d'utilisation de matériel agricole (CUMA). Actuellement, ces subventions intègrent directement les fonds propres en compte de réserve indisponible sans transiter par le compte de résultat.
Les fonds ainsi placés alimentent la trésorerie, mais ils ne peuvent pas être mobilisés comptablement pour compenser les charges d'utilisation du matériel – notamment les charges d'amortissement – ces charges étant supportées par les adhérents par la facturation des services rendus.
La modification de cette règle permettrait, par la réduction du prix de facturation des services rendus aux adhérents, de diminuer substantiellement leurs coûts de production. L'efficience des aides publiques auprès des agriculteurs en serait ainsi améliorée sensiblement, ceci sans impact budgétaire pour les financeurs publics. L'impact global pour l'ensemble des adhérents des 12 260 CUMA est estimé actuellement chaque année à plus de 10 millions d'euros.
Alors que les conclusions des états généraux de l'alimentation soulignent la nécessité de « prioriser » les investissements collectifs et la nécessaire transparence des coopératives dans la redistribution de leurs gains aux producteurs, une telle mesure permettrait aux CUMA de remplir pleinement la finalité des coopératives qui est d'améliorer ou accroître les résultats de l'activité des adhérents.
Il lui demande donc s'il entend intégrer cette proposition à l'occasion d'un prochain véhicule législatif.

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 17/05/2018

Les fonds propres d'une société coopérative agricole, dont les coopératives d'utilisation de matériel agricole (CUMA), sont constitués des réserves et du capital social. L'article L. 523-7 du code rural et de la pêche maritime dispose que le montant total des subventions reçues de l'Union européenne, de l'État, de collectivités publiques ou d'établissements publics est porté à une réserve indisponible spéciale. Il s'agit d'une ressource intégrée dans les fonds propres, non mobilisable et non amortissable, et d'une spécificité du droit coopératif agricole. Les réserves constituent la garantie de pérennité des coopératives et permettent donc de faciliter l'accès au financement. Pour rester compétitives et pour financer le développement nécessaire à leur maintien sur le marché, les coopératives doivent pouvoir constituer des réserves. Un travail de réflexion au niveau de l'ensemble des coopératives agricoles est engagé sur le plan comptable des coopératives et sur la manière dont une partie des subventions d'investissement publiques pourrait être amortie, c'est-à-dire reprise dans le compte d'exploitation sur la durée d'amortissement de l'investissement concerné. Dans le cadre des débats parlementaires qui se tiennent actuellement sur le projet de loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine et durable, un amendement parlementaire a introduit la possibilité, sur décision du conseil d'administration et dans la limite de 50 % du montant des subventions, de porter le montant des subventions au compte de résultat. Ces dispositions devront s'inscrire dans une réflexion plus globale portant sur les formes d'encouragement à l'investissement collectif et sur les formes de soutien aux associés coopérateurs.

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