Question de M. WATRIN Dominique (Pas-de-Calais - CRCE) publiée le 19/04/2018

M. Dominique Watrin appelle l'attention de M. le ministre de l'économie et des finances sur le plan social en cours au sein du groupe SoLocal (ex pages jaunes), qui a annoncé le 13 février 2018 vouloir supprimer 1 000 postes sur les 4 500 actuels pour la période 2018-2019, dont 800 dans sa principale filiale pages jaunes dès 2018.

Sous couvert d'une réorganisation de l'activité de l'entreprise, l'objectif immédiat semble financier : générer un maximum de « cash » et faire remonter le cours de l'action. L'annonce de nouvelles suppressions d'emplois s'est traduite d'ailleurs par une hausse de 30 % du titre boursier.

Les salariés ont le sentiment de vivre là le énième épisode d'une histoire qui commence par l'ouverture du capital puis la privatisation de l'entreprise France Télécom. Cette dernière, en quête de capitaux, vend sa participation de 53 % dans pages jaunes groupe, valorisé à 6 milliards d'euros, en octobre 2006, pour 3,3 milliards d'euros, à KKR et Goldman Sachs. Ils vont assécher toute la trésorerie du groupe, à la fois par un endettement faramineux de plus de 2 milliards d'euros, et une aspiration des bénéfices de près de 1 milliard d'euros. C'est l'un des plus importants achats à effet de levier (LBO) que la France ait connus. En 2014, KKR et Goldman Sachs ont soldé l'essentiel de leur participation sur le marché de la dette (avec une décote autour de 30 %) à des fonds « vautours », dont Cerberus.

Cette captation de ressources a obéré toute capacité d'investissement conséquent, y compris de développement externe. L'activité du groupe est restée néanmoins centrée sur la métropole ; celui-ci a conservé des résultats opérationnels supérieurs à la moyenne en Europe et a entamé sa transition digitale (85 % du chiffre d'affaires lié au numérique). SoLocal est encore aujourd'hui, le leader européen de la communication digitale locale. C'est une entreprise à caractère stratégique, par les données économiques qu'elle détient (data).

Les changements stratégiques, là où ils sont nécessaires, peuvent se faire sans plan de sauvegarde de l'emploi (PSE), par la gestion prévisionnelle de l'emploi et des compétences (GPEC), comme le démontre le projet alternatif porté par l'intersyndicale qui dénonce légitimement les mesures d'accompagnement minimalistes contenues dans le plan de la direction, mais aussi l'absence de toute vision stratégique susceptible de redynamiser le groupe et de créer de nouveaux emplois.

Il l'interroge sur les raisons qui ont pu pousser l'État à renoncer en 2012-2014 à s'impliquer dans ce dossier par le biais du fonds structurel d'investissement (FSI), comme cela avait semble-t-il été envisagé. Il l'interroge également sur les mesures à prendre par l'État pour éviter que cette entreprise ne soit l'objet d'une nouvelle prédation capitalistique, et une fois sa pérennité assurée, pour permettre une adaptation réellement négociée avec des organisations syndicales, force de propositions.

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La question a été retirée pour cause de fin de mandat.

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