Question de M. CAZEAU Bernard (Dordogne - LaREM) publiée le 16/05/2018

Question posée en séance publique le 15/05/2018

M. Bernard Cazeau. Ma question s'adresse au ministre de l'Europe et des affaires étrangères.

Plusieurs dizaines de milliers de Palestiniens ont manifesté hier dans la bande de Gaza, le long de la frontière avec l'État hébreu, contre le transfert de l'ambassade américaine à Jérusalem. Le bilan publié ce matin par les autorités palestiniennes est terrible : 52 morts et 2 410 blessés après des heurts avec l'armée israélienne.

Nous sommes au bord du gouffre. Il est urgent d'éviter une nouvelle escalade et d'établir enfin une paix durable. En effet, dans cette région déjà soumise à de fortes tensions, il y a tout à craindre d'une radicalisation et d'une contagion du conflit.

Nous le savons, la France est très engagée dans la recherche d'une solution politique et elle soutient la cause du peuple palestinien, dont les aspirations sont légitimes, mais aussi le droit d'Israël à la sécurité.

Hier, le Président de la République a exprimé sa désapprobation de la décision américaine d'ouvrir une ambassade à Jérusalem dans le contexte sensible du soixante-dixième anniversaire de la création d'Israël et de la commémoration de l'exil par de nombreuses familles palestiniennes. Il a appelé tous les responsables à la modération et à l'apaisement et a insisté sur la nécessité que les manifestations des prochains jours demeurent pacifiques.

Au-delà, lorsque la sérénité sera revenue, comme nous l'espérons, il faudra redonner vie au processus de paix, car il n'y a pas d'autre solution durable que celle d'une paix juste et négociée entre deux États, garantissant une quiétude mutuelle à la Palestine et à Israël.

À la suite de ces événements, et au-delà de la position bien connue de la France, le Gouvernement envisage-t-il de prendre des initiatives qui permettraient de faire avancer la réflexion en vue de la résolution de ce conflit ? (Applaudissements sur des travées du groupe La République En Marche. – M. Jean-Marc Gabouty applaudit également.)

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères publiée le 16/05/2018

Réponse apportée en séance publique le 15/05/2018

M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Monsieur le sénateur Bernard Cazeau, je vous prie tout d'abord de bien vouloir excuser Jean-Yves Le Drian, qui est en route pour Bruxelles, où se tient une réunion importante avec M. Zarif, le ministre des affaires étrangères iranien, et nos partenaires européens signataires de l'accord de Vienne.

S'agissant des terribles heurts et des drames d'hier, M. le Premier ministre a rappelé quelle était la position de la France.

Notre désaccord avec la décision du président Trump de transférer à Jérusalem l'ambassade des États-Unis porte sur le fond, Jérusalem ayant vocation à devenir la capitale non pas d'un, mais de deux États, sur la méthode, puisque cette décision a été unilatérale, et sur l'opportunité, les crises se multipliant dans cette région du Moyen-Orient.

Devant cette situation, le Président de la République prend des initiatives. Il est en contact permanent avec le roi de Jordanie, qui tient un rôle tout particulier, et le Premier ministre israélien. Il s'entretiendra dans les prochaines heures avec ce dernier pour redire toute notre désapprobation quant à l'usage disproportionné de la force, qui a conduit à des morts et à un nombre considérable de blessés.

Peut-être y a-t-il effectivement des urgences à traiter avant d'engager, enfin, le grand chantier de la paix durable. Je pense notamment à la crise humanitaire qui sévit à Gaza. Il importe à cet égard de se mettre d'accord sur la levée du blocus, tout en garantissant la sécurité d'Israël.

La tâche est ardue, mais il est de notre devoir de tout faire pour éviter que le sang ne coule de nouveau demain ! (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche et du groupe Les Indépendants – République et Territoires. – MM. Jean-Marc Gabouty et Loïc Hervé applaudissent également.)

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