Question de Mme JASMIN Victoire (Guadeloupe - SOCR) publiée le 31/05/2018

Mme Victoire Jasmin souhaite alerter Mme la ministre des solidarités et de la santé sur l'insuffisance des effectifs médicaux en Guadeloupe et préconise des mesures urgentes pour renforcer l'attractivité médicale de l'ensemble du territoire guadeloupéen.

En effet, avec un taux de couverture de 66 généralistes pour 100 000 habitants, contre une moyenne nationale de 100 pour 100 000 ; la Guadeloupe manque de médecins, autant spécialisés que de généralistes !

Certaines zones de l'archipel sont plus touchées par la désertification médicale et appellent donc une attention toute particulière.

Ainsi, dans le sud de Basse-Terre, entre Pointe-Noire et Trois-Rivières, Basse-Terre y compris, les habitants ne disposent en moyenne que de 30 médecins généralistes pour 100 000 habitants, avec même 1 généraliste pour 10 000 habitants à Saint-Claude.

Dans le nord de Grande-Terre, zone cruellement sous médicalisée, les patients doivent attendre de très longues heures avant toute consultation.

De même, dans les îles du Nord, neuf mois après la survenue à l'automne 2017 de l'ouragan Irma, les effectifs de médecins urgentistes ne cessent de diminuer, ce qui influe directement sur la capacité et sur les conditions de prise en charge des patients en service mobile d'urgence (SMUR) ou en évacuation sanitaire médicale (EVASAN).

Par ailleurs, sur les autres dépendances (Marie-Galante, les Saintes ou la Désirade) ce sont des contraintes d'éloignement et de transports qui affectent grandement le suivi des patients, du fait de la double insularité.

De ce fait dans un contexte déjà rendu difficile à la suite de l'incendie du centre hospitalier universitaire (CHU) de Guadeloupe, les conditions d'exercice des praticiens encore présents sur place sont donc devenues de plus en plus contraignantes, autant sur le plan financier qu'en termes de pénibilité.

À moyen terme, cette situation risque fort de décourager l'installation de nouveaux médecins et de pénaliser la formation d'étudiants en médecine directement en Guadeloupe.

Aussi, il serait souhaitable de faciliter l'arrivée en nombre suffisant de professionnels compétents et qualifiés, en prenant des mesures incitatives simples, telles que : la mise en place d'un dispositif d'accueil spécifique pour encourager la prise de fonction des nouveaux arrivants (hébergement provisoire, facilités de transports, cours d'apprentissage de la langue créole, tutorat…) ; la prise en compte du caractère isolé et du contexte archipélagique du territoire dans le cadre d'un avancement statutaire plus rapide des médecins hospitaliers ; la possibilité pour les communes ou les établissements publics de coopération intercommunale (EPCI) des zones sous dotées médicalement, de conventionner avec des professionnels de santé, dans le cadre de contrats locaux de santé, sur des actions ponctuelles définies en faveur des populations de leurs territoires.

En somme, afin d'améliorer l'attractivité médicale en Guadeloupe, elle la prie de bien vouloir lui indiquer les mesures qu'envisage de prendre le Gouvernement pour permettre un suivi sanitaire correct d'une population déjà durement éprouvée par nombre de risques majeurs.

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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 11/04/2019

L'amélioration de l'accès aux soins est une des priorités du Gouvernement. Le plan d'accès aux soins, élaboré au niveau national, se décline localement sous la responsabilité du directeur général de l'Agence régionale de santé (ARS) et en concertation avec les professionnels de terrain. En Guadeloupe,  le vieillissement annoncé de la population (un tiers aura plus de 65 ans à l'horizon 2040), le développement de l'obésité, l'augmentation des affections de longue durée,  nécessitent une réponse concertée d'une particulière importance pour améliorer l'accès aux soins de la population. L'ARS de Guadeloupe réunit régulièrement un comité territorial d'accès aux soins. Cette instance s'est réunie le 11 mars 2019. Le territoire de la Guadeloupe présente des situations contrastées. Certaines zones se caractérisent par exemple par une surdensité d'infirmiers libéraux permettant de répondre aux besoins d'une population vieillissante et souhaitant se faire soigner à domicile. Certaines zones restent cependant isolées. C'est le cas des Saintes. On note par ailleurs un faible nombre de structures d'exercice regroupé alors que ce mode d'exercice est un facteur d'attractivité. L'archipel compte cinq maisons de santé pluri professionnelles (MSP). Certaines spécialités sont davantage en difficulté. C'est le cas de l'obstétrique, de la psychiatrie, de la réanimation. Pour améliorer l'offre de soins, plusieurs axes sont travaillés. La stratégie nationale « Ma Santé 2022 » offre également des outils nouveaux pour développer l'accès aux soins. L'ARS souhaite réintroduire la prévention dans les pratiques des professionnels de santé. Le service sanitaire est développé dès les premières années des études de santé. La création de postes d'assistants médicaux dès 2019 en soutien de l'exercice collaboratif doit permettre de libérer du temps médical et permet d'effectuer plus d'actes de prévention.  L'ARS entend également agir sur la formation des professionnels de santé. En 2019, le numérus clausus passera de 130 à 140 admis en première année pour l'université des Antilles. Dès 2020, l'université mettra également en place des formations de professionnels qui manquent aujourd'hui à la région : orthophonistes, psychomotriciens, orthoptistes, ergothérapeutes. L'accueil des étudiants et médecins étrangers doit également être amélioré. Au niveau de l'offre de soins ambulatoire, l'ARS mobilise les outils existants (contrats engagement de service public, contrats d'aide à l'installation.) et ceux mis en place dans le cadre de « Ma Santé 2022 » pour attirer des médecins. En 2019, ce sont sept médecins généralistes qui seront recrutés pour une activité mixte répartie entre la ville et l'hôpital. Les activités de soins hospitaliers sont historiquement inégalement réparties sur le territoire : les activités de médecine, chirurgie et obstétrique sont principalement implantées dans la communauté urbaine de Pointoise, les soins de suite et de réadaptation sont effectués prioritairement sur la Basse-Terre. Face à cette inégale répartition de l'offre, une meilleure gradation des soins, la structuration de filières de soins, le développement de consultations avancées constituent des solutions pour améliorer la prise en charge des Guadeloupéens. La création du groupement hospitalier de territoire de Guadeloupe le 22 janvier 2019 doit permettre une plus grande synergie entre les activités des établissements de santé publics.

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