Question de Mme COHEN Laurence (Val-de-Marne - CRCE) publiée le 27/06/2018

Question posée en séance publique le 26/06/2018

Mme Laurence Cohen. Ma question s'adresse à Mme la ministre des solidarités et de la santé.

Au centre hospitalier Andrée Rosemon de Cayenne, dix-sept médecins urgentistes ont annoncé leur démission pour le 3 juillet prochain. Un ras-le-bol qui couvait depuis longtemps au CHAR, secoué de crises multiples, comme j'ai pu le constater en avril dernier, lors de la visite de la mission des affaires sociales à laquelle je participais : bâtiment vétuste, nombre insuffisant de lits, manque de généralistes et de spécialistes, difficultés à fidéliser les professionnels de santé, médecine libérale défaillante…

En Guyane comme partout, les problèmes rencontrés aux urgences sont la résultante du dysfonctionnement du système de santé, ce que j'avais souligné, en juillet 2017, dans le rapport d'information de la commission des affaires sociales rédigé avec mes collègues Catherine Génisson et René-Paul Savary.

Madame la ministre, pourriez-vous nous dire quelles mesures d'urgence vous comptez prendre pour combler le manque de praticiens à Cayenne, comme dans toute la Guyane et dans les autres départements ultramarins, qui vivent de manière plus aigüe la crise de notre système de santé ?

Et pourquoi, avant d'agir, attendre des actions si lourdes de conséquences : ici, la démission de praticiens, à Sotteville-lès-Rouen la grève de la faim à l'hôpital psychiatrique du Rouvray ou encore, dans la Nièvre, la démission de trente-cinq maires ? (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)

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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 27/06/2018

Réponse apportée en séance publique le 26/06/2018

Mme Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé. Madame Cohen, merci de cette question, qui concerne le projet de modernisation du centre hospitalier Andrée Rosemon de Cayenne, mais également les difficultés que rencontre cet établissement pour son service d'urgence. Elle rejoint la question précédente sur la difficulté à trouver des urgentistes partout en France.

La modernisation de cet établissement est programmée. Le comité de performance et de modernisation de l'offre de soins hospitaliers, le COPERMO, a émis le 19 juin dernier un avis favorable à la modernisation du centre hospitalier.

Eu égard à la dégradation financière de l'établissement, une délégation de 40 millions d'euros, conformément aux accords de Guyane du 21 avril 2017, va être délivrée. Les aides nationales seront allouées à 100 % en capital et versées sur quatre ans, sous réserve que les recommandations du COPERMO soient respectées.

Pour ce qui concerne les urgences, un certain nombre de démarches ont été entreprises. Sur l'initiative de l'agence régionale de santé, chaque médecin est reçu chaque fois qu'il le demande, et nous faisons en sorte que l'ARS rencontre les médecins de ville pour leur suggérer de participer à la régulation des soins d'urgence.

Nous mobilisons le service de santé des armées et la réserve sanitaire, envoyée sur place. Nous facilitons l'entrée sur le territoire de médecins étrangers formés aux urgences. Nous mobilisons l'assurance maladie pour expérimenter de nouvelles modalités de fonctionnement de la maison médicale de garde. Nous avons créé cent postes d'assistants spécialistes pour les DOM, mesure dont bénéficiera la Guyane dès cette année.

Enfin, une nouvelle séquence de négociation est programmée aujourd'hui. Nous mettons tout en œuvre pour qu'elle se termine par un projet d'accord final.

Je terminerai en soulignant qu'une mission d'audit a été confiée au professeur Pierre Carli, président du Conseil national de l'urgence hospitalière, que tout le monde connaît. Elle aura lieu du 7 au 9 juillet prochain, pour évaluer la situation particulière des urgences de Cayenne. Des décisions seront prises !

Vous constatez notre mobilisation pleine et entière pour redresser cette situation dégradée. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)

M. le président. La parole est à Mme Laurence Cohen, pour la réplique.

Mme Laurence Cohen. En réalité, c'est de tous les territoires que monte un appel d'urgence pour l'hôpital public, qui reste, contre vents et marées, un pôle d'excellence grâce à l'engagement des professionnels de santé.

Madame la ministre, vous dites entendre les professionnels, mais ce n'est pas ce qu'ils nous disent quand nous effectuons notre tour de France des hôpitaux : aides-soignants, infirmières ou chefs de service, tous appellent au secours !

M. Michel Savin. Eh oui !

Mme Laurence Cohen. Il faut des mesures d'urgence qui ne répondent pas obligatoirement à la crise immédiate, mais à la situation générale. Il faut créer 100 000 postes, et c'est possible – supprimer la taxe sur les salaires représente 4 milliards d'euros.

Il faut en finir, madame la ministre, avec un ONDAM contraint. Vous évoquez les politiques de santé de vos prédécesseurs, mais vous menez les mêmes politiques d'austérité, qui mettent à genoux les hôpitaux.

Vous qui voulez être à l'écoute des professionnels, quand les médecins hospitaliers vous demandent, par courrier, une entrevue, il faut la leur accorder. Or ce n'est pas ce que vous avez fait, nous ont-ils dit. Le 5 juillet, nous les rencontrerons à l'Assemblée nationale, pour construire ensemble un plan d'urgence des hôpitaux. (Applaudissements sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)

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