Question de Mme DINDAR Nassimah (La Réunion - UC) publiée le 14/06/2018

Mme Nassimah Dindar attire l'attention de Mme la ministre du travail sur une étude statistique assez inquiétante concernant le marché de l'emploi à La Réunion.

Selon une publication de juin 2018 de l'institut national de la statistique et des études économiques (INSEE), La Réunion offre peu d'emplois par rapport à la population en âge de travailler. En effet, cette étude réalisée en 2016 démontre que 32 % des Réunionnais en âge de travailler occupent un emploi, dans le secteur marchand contre 44 % en province.

Les emplois dans les domaines industriels, hors agroalimentaire, le conseil aux entreprises, les finances et assurances, l'information et la communication se font rares sur le territoire.

Ce manque d'emploi significatif n'est pas contrebalancé par les emplois dans le commerce, l'hébergement-restauration ou au sein des non-salariés.

En 2016, le secteur non-marchand emploie 20% des personnes en âge de travailler. Les contrats aidés au sein des collectivités territoriales sont nombreux et conduisent à un poids important de la sphère publique dans le secteur non-marchand : 99 emplois publics pour 1 000 habitants à La Réunion contre 83 en province.

De plus, l'étude de l'INSEE révèle qu'un Réunionnais sur deux ont un emploi. Il y a peu d'emplois par rapport à la population en âge de travailler.

Les secteurs marchand et non-marchand rassemblent 51 % des Réunionnais entre 15 et 64 ans occupent un emploi en 2016. Néanmoins grâce au dynamisme des créations d'emplois et l'augmentation du niveau de diplôme des jeunes Réunionnais, le taux d'emploi a progressé de 45 % à 51 %.

Au regard des données avancées par l'INSEE, elle souhaiterait connaître les engagements et mesures qui seront pris afin de remédier à un marché local de l'emploi encore trop fragile et précaire pour les Réunionnais.

- page 2948


Réponse du Ministère du travail publiée le 05/03/2020

La situation de l'emploi sur le territoire réunionnais justifie une réponse forte de l'État pour favoriser l'insertion professionnelle de ses habitants. Ce territoire bénéficie par conséquent pleinement des mesures nationales déployées dans le champ de l'emploi et de la formation professionnelle. Le premier vecteur fut la signature, le 18 avril 2019, d'un Pacte réunionnais d'investissement dans les compétences, dont l'objectif est de de mobiliser, sur quatre années, des moyens exceptionnels en faveur de la formation professionnelle des personnes les plus fragiles et éloignées de l'emploi. Ce pacte, signé pour un montant pluriannuel de 253 millions d'euros, s'inscrit dans une logique d'additionnalité et de renforcement des moyens d'ores et déjà mobilisés par la région, soit 136 millions d'euros. La convergence de ces deux trajectoires, stratégique et financière, permettra d'apporter des réponses concrètes au diagnostic établit par la région elle-même préalablement à la signature de la convention, en offrant la possibilité à une partie substantielle de la population réunionnaise d'acquérir des compétences utiles au développement de l'emploi local et en accord avec les besoins économiques du territoire. Visant au renforcement du plan régional de formation professionnelle, par une augmentation progressive du nombre d'entrée en formation, le Pacte représente aussi une opportunité inédite, tant par l'importance des montants investis que par son caractère pluriannuel, de transformer et de moderniser durablement l'appareil de formation réunionnais, afin de faire de la formation professionnelle un outil efficace et pertinent de la politique de l'emploi sur le territoire. Par ailleurs, dans le cadre de l'habilitation à légiférer par ordonnance prévue à l'article 114 de la loi n° 2018-771 du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel, un travail approfondi avec les acteurs et les élus a été mené afin que la loi puisse prendre en compte les spécificités liées à chaque territoire ultramarin. Ainsi, l'ordonnance n° 2019-893 du 28 août 2019 portant adaptation des dispositions de la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel aux collectivités d'outre-mer régies par l'article 73 de la Constitution et à Saint-Barthélemy, Saint-Martin et Saint-Pierre-et-Miquelon, prévoit, pour promouvoir l'apprentissage, une extension du bénéfice de l'aide unique aux employeurs d'apprentis aux entreprises de moins de 250 salariés qui recrutent des apprentis engagés dans des formations de niveau BAC+2 (contre le niveau baccalauréat en métropole), afin de favoriser la formation sur place des cadres intermédiaires. Le niveau de prise en charge des contrats d'apprentissage fixé par les branches professionnelles pour chaque diplôme ou titre professionnel pourra être majoré par l'opérateur de compétences, pour tenir compte des surcoûts éventuels liés à l'accompagnement social des apprentis les plus en difficulté. Pour favoriser la mobilité vers la métropole ou vers d'autres collectivités d'outre-mer lorsque l'offre de formation n'existe pas sur le territoire ultramarin, des mesures sont prises pour les apprentis (possibilité de prise en charge des frais de mobilité), comme pour les salariés des entreprises de moins de cinquante salariés (prise en charge des frais de transports en plus des frais pédagogiques et de rémunération par l'opérateur de compétences, avec possible co-financement d'une collectivité territoriale). Pour disposer de structures présentes sur le territoire et insérées dans les politiques d'emploi et de formation, l'ordonnance adapte le schéma d'organisation et de fonctionnement des opérateurs de compétences, chargés de promouvoir et de financer l'alternance, pour le compte des branches professionnelles, et d'apporter un service de proximité en matière de besoins en compétences des petites et moyennes entreprises. Enfin, la situation particulière du territoire a justifié la mise en place de mesures renforcées. Aussi, le Président de la République a annoncé au mois d'octobre 2019, le déploiement de 20 mesures pour l'emploi à la Réunion dans le cadre du « plan PETREL », pour multiplier les opportunités d'emploi, de formation, d'apprentissage, de création d'entreprise et de mobilité. Ce plan triennal, qui s'appuie en grande partie sur le PIC, prévoit notamment : le financement de 12 000 contrats aidés par an pendant 3 ans : le territoire disposera, pour cette année d'une enveloppe financière totale de 56 382 222 € en AE de 28 113 783 € en CP permettant la prise en charge de 12 000 nouvelles entrées en parcours emplois compétences (PEC) ; un doublement dans les trois ans des effectifs du secteur de l'insertion par l'activité économique : à cet effet, les moyens indicatifs alloués au secteur de l'insertion par l'activité économique à la Réunion s'élèveront à 17 719 480 € en AE et en CP, en augmentation par rapport à l'année 2019 ; l'extension des emplois francs aux personnes sortant de parcours d'insertion, prise en compte par le décret n° 2019-1471 du 26 décembre 2019 portant généralisation des emplois francs et création d'une expérimentation à La Réunion ; un maintien de la garantie jeunes à son haut niveau pendant trois ans ; l'intensification du repérage et du soutien aux jeunes les plus éloignés de l'emploi, en particulier au titre de l'appel à projets « Repérage des invisibles ». De nombreuses autres mesures sont prévues dans le cadre de ce plan en lien avec : le renforcement de l'accompagnement des bénéficiaires du RSA ; le développement des entreprises ; la formation professionnelle des demandeurs d'emploi ; l'apprentissage ; le fonds social européen.

- page 1171

Page mise à jour le