Question de Mme TROENDLÉ Catherine (Haut-Rhin - Les Républicains) publiée le 25/07/2018

Question posée en séance publique le 24/07/2018

Mme Catherine Troendlé. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues, je vous propose de revenir au sujet qui intéresse pour l'heure l'ensemble de nos concitoyens : l'affaire Benalla. (Exclamations sur des travées du groupe La République En Marche. – M. Didier Guillaume s'exclame également.)

Ma question s'adresse à M. le Premier ministre, mais je n'aurai pas droit à sa réponse. Monsieur le secrétaire d'État Benjamin Griveaux, vous répondrez à sa place.

Tous les éléments qui ressortent des investigations menées par la presse dans l'affaire Benalla et toutes les auditions, mes chers collègues, qui ont eu lieu hier à l'Assemblée nationale ont un point commun : c'est vers l'Élysée que les regards se tournent, vers son premier locataire.

Il y a quelques mois, pendant la campagne présidentielle, le candidat Emmanuel Macron déclarait devant les Français lors d'une grande émission : « Dès qu'il y a une bavure, il doit y avoir une réponse et une sanction… Mais elle est hiérarchique… Je crois, moi, à une République de la responsabilité. » (M. Michel Savin sourit.) Propos plein de sagesse du candidat, que le Président semble avoir oublié !

Depuis plusieurs jours, le Président de la République, d'ordinaire si bavard, devient taiseux.

Je me pose cette question. On voit se dessiner une stratégie, la stratégie silencieuse du Président de la République : échapper à sa responsabilité et trouver parmi ceux qui sont sous son autorité directe des boucs émissaires.

En préparant ma question, je me souvenais de la définition qu'Antoine de Saint-Exupéry donna du chef : « Le chef est celui qui prend tout en charge. Il dit : “J'ai été battu”. Il ne dit pas : “Mes soldats ont été battus”. »

Monsieur le Premier ministre, monsieur le secrétaire d'État Benjamin Griveaux, un chef doit assumer ! Pouvez-vous nous dire où est passé le Président de la République ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement publiée le 25/07/2018

Réponse apportée en séance publique le 24/07/2018

M. Benjamin Griveaux, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, madame la présidente Troendlé, aux dernières nouvelles, le Président de la République est à l'Élysée. (Exclamations sur plusieurs travées du groupe Les Républicains.)

Je vais m'autoriser une réponse un peu plus longue à l'interrogation qui est la vôtre.

Je sais que le Sénat, la chambre haute, est connu, à la fois, pour la qualité de ses débats…

M. Loïc Hervé. C'est vrai !

M. Benjamin Griveaux, secrétaire d'État. … et pour la sérénité des débats qui s'y tiennent.

M. Loïc Hervé. Bien !

M. Benjamin Griveaux, secrétaire d'État. Ici, on s'attache aux faits.

Quels sont les faits, à ce jour, établis ? Car, certes, il y a la parole, mais il y a aussi l'action.

L'Élysée a agi rapidement : dès le 3 mai dernier (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.), des sanctions ont été prises à l'endroit de M. Benalla.

M. François Grosdidier. C'est bidon !

M. Benjamin Griveaux, secrétaire d'État. Une procédure de licenciement a été engagée le 20 juillet à son endroit. (Exclamations sur des travées du groupe Les Républicains. – M. Rachid Temal s'exclame également.)

Le Président de la République a confié au secrétaire général de l'Élysée l'analyse des dysfonctionnements, afin de pouvoir y remédier et de faire des propositions de réorganisation, pour que des dérives comportementales individuelles ne puissent plus se produire à l'avenir.

Depuis lors, quatre enquêtes ont été ouvertes : une enquête administrative, une enquête judiciaire et deux enquêtes parlementaires, dont l'une va s'ouvrir prochainement dans cet hémicycle.

M. Roger Karoutchi. Non, pas dans l'hémicycle !

M. Benjamin Griveaux, secrétaire d'État. Vous m'interrogez sur la parole du Président de la République.

Loin de moi l'idée de parler au nom du Président ou à sa place. Mais permettez-moi de partager une observation avec vous, madame la sénatrice.

Il me semble que, depuis une semaine, le Président de la République a préféré être le garant impartial de nos institutions (Exclamations amusées sur les travées du groupe Les Républicains.), plutôt que de céder aux artifices de la communication. (Même mouvement.)

Qu'aurions-nous pensé, collectivement, d'un Président de la République qui serait intervenu dans le débat public ? Nous aurions dit – et nous aurions eu raison de le faire ! – qu'il interférait et qu'en cela il n'était pas le garant de nos institutions et de la séparation des pouvoirs (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.), auxquelles, je le sais, vous êtes attachée, madame la sénatrice, comme y sont attachés l'ensemble des sénateurs sur ces travées. (Applaudissements sur des travées du groupe La République En Marche.)

M. Bruno Retailleau. Et l'article 18 ?

M. le président. La parole est à Mme Catherine Troendlé, pour la réplique.

Mme Catherine Troendlé. Monsieur le secrétaire d'État, M. le Président de la République aime à rappeler qu'il est le chef.

J'aimerais également que nous nous souvenions tous de ce qui s'était passé avec le général de Villiers (Protestations sur les travées du groupe La République En Marche.), qui n'avait fait que son devoir en répondant aux questions des députés. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

Quand on est chef, on ne se défile pas ! Quand on est chef, et c'est sa marque de fabrique, on ne cherche pas à faire payer ses collaborateurs. On affronte ses erreurs et on prend ses responsabilités ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Angèle Préville et M. Xavier Iacovelli applaudissent également.)

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