Question de M. GILLES Bruno (Bouches-du-Rhône - Les Républicains) publiée le 12/10/2018

Question posée en séance publique le 11/10/2018

M. Bruno Gilles. Monsieur le président, mes chers collègues, ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur, donc à vous, monsieur le Premier ministre.

« Aujourd'hui, nous vivons côte à côte. […] Je crains que, demain, nous ne vivions face à face. » C'est sur ces terribles perspectives que votre ministre de l'intérieur quittait la place Beauvau, il y a près de dix jours, monsieur le Premier ministre. Mauvais présage, s'il en est, ou bien avertissement ultime venant de vos propres rangs ; démonstration aussi d'une telle impuissance !

Dans des zones de non-droit se propage une violence croissante, même les policiers, même les gendarmes, même les pompiers étant pris pour cibles. Ceux-ci déplorent d'ailleurs les conditions de plus en plus difficiles dans lesquelles ils doivent y faire face, et le malaise de nos forces de sécurité s'accroît. Les causes de l'insécurité sont multiples, et vous les connaissez, monsieur le Premier ministre. Elles laissent d'ailleurs planer le spectre de catastrophes d'ampleur inégalée.

À Marseille, deuxième ville de France, les collectivités territoriales sont au rendez-vous pour assurer cette mission de sécurité, mais l'État n'assume plus son devoir régalien. Deux commissariats viennent de fermer ; cinq autres sont maintenant fermés le soir et le week-end, alors que la situation sécuritaire se dégrade de jour en jour. Malgré les visites ministérielles, malgré les promesses, les forces de police sont toujours en sous-effectifs et manquent de matériels.

Monsieur le Premier ministre, de quelle manière allez-vous prendre en compte l'avertissement ultime de votre dernier ministre de l'intérieur, démissionnaire ?

Monsieur le Premier ministre, comment comptez-vous rétablir dans ces zones l'autorité de l'État et être à la hauteur des enjeux auxquels nous devons faire face ?

Monsieur le Premier ministre, comment comptez-vous résoudre les problèmes que j'ai soulevés dans la deuxième ville de France, Marseille ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Nassimah Dindar applaudit également.)

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Réponse du Secrétariat d'État auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement publiée le 12/10/2018

Réponse apportée en séance publique le 11/10/2018

M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'État auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement.

M. Ladislas Poniatowski. Pourquoi le Premier ministre ne répond-il pas ?

M. Benjamin Griveaux, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le sénateur, je crois que, pour gagner le cœur et le respect des Marseillais, il est inutile de noircir exagérément une situation dont je sais que vous mesurez la grande difficulté. (Exclamations sur des travées du groupe Les Républicains.)

M. Roger Karoutchi. C'est la réalité !

M. Benjamin Griveaux, secrétaire d'État. La situation à Marseille, vous le savez et vous l'avez dit, est marquée par la manifestation violente d'un banditisme très organisé, lié aux rivalités entre groupes criminels organisant essentiellement le trafic de stupéfiants dans les quartiers nord de Marseille, mais également au-delà de l'agglomération.

Les services de l'État sont pleinement mobilisés, aux premiers rangs desquels les forces de l'ordre – je rappelle que 7 500 personnels de sécurité sont engagés dans le département des Bouches-du-Rhône – et l'autorité judiciaire.

Depuis 2012, l'institution d'un préfet de police a renforcé la coordination des services. Cette stratégie a porté ses fruits : en cinq ans, les atteintes aux personnes ont diminué de 21 %, les atteintes aux biens de 19 %. En 2017, cinquante réseaux ont été démantelés et 1 252 personnes ont été mises en cause.

M. Bruno Gilles. Et les commissariats fermés ?

M. Benjamin Griveaux, secrétaire d'État. Vous le savez, nous avons également mis en œuvre un pilotage renforcé de la lutte contre le trafic de stupéfiants, qui est animé par la police judiciaire. Le renseignement criminel, auparavant dispersé, est désormais centralisé au sein d'une même cellule de renseignement opérationnelle sur les stupéfiants.

Le bilan de ces efforts est éloquent, laissez-moi vous le rappeler : depuis 2015, quelque 2,9 tonnes de cannabis, 191 kilogrammes de cocaïne et 73 kilogrammes de drogues de synthèse ont été saisis, et près de 6 millions d'euros ont été confisqués.

M. Bruno Gilles. Et les commissariats fermés ?

M. Benjamin Griveaux, secrétaire d'État. Par ailleurs, et vous le savez mieux que quiconque, monsieur le sénateur, le dispositif s'est étoffé de nouveaux partenaires : la police municipale de Marseille, depuis l'année 2017, la police aux frontières et la Division nationale de recherche et des enquêtes douanières.

Depuis le début de l'année 2018, quelque vingt-neuf réseaux ont été démantelés et quatre-vingt-douze trafiquants écroués. Vous voyez que, loin de la caricature qui est faite parfois, lorsque l'État, les forces de l'ordre, l'appareil judiciaire et les collectivités locales sont pleinement mobilisés avec un objectif, on obtient des résultats. C'est dans cet esprit que les pouvoirs publics continueront à travailler. (M. Martin Lévrier applaudit.)

M. Stéphane Ravier. C'est cela, continuez comme cela !

M. le président. La parole est à M. Bruno Gilles, pour la réplique.

M. Bruno Gilles. Je rappelle que, en début de séance, il était prévu que ce soit le Premier ministre qui réponde à cette question. Je note donc que vous esquivez, que vous reportez, que vous vous dérobez. Votre réponse est à l'image de votre Gouvernement, qui n'est plus « En Marche », mais en attente et en pause ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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