Question de M. COURTEAU Roland (Aude - SOCR) publiée le 17/10/2018

Question posée en séance publique le 16/10/2018

M. Roland Courteau. À la suite du cataclysme qui vient de frapper notre département, Gisèle Jourda et moi-même souhaitons vous adresser une question, monsieur le Premier ministre.

Notre département est, dix-neuf ans après la tragédie de 1999, une nouvelle fois en deuil. Ce fut l'apocalypse, l'horreur, l'inimaginable ; puis le chaos, après le déluge. Lourd est le tribut humain : treize victimes, devant lesquelles nous nous inclinons. Des populations sont marquées à vie, en état de choc, des pans de vie ont été anéantis.

Mes chers collègues, nous étions au-delà du hors-norme, dans le phénoménal, le monstrueux, dans l'insupportable avec ces appels au secours dans la tempête et la nuit et, au bout de ce cauchemar, un terrible sentiment d'impuissance. À jamais nous porterons les stigmates de ce nouveau cataclysme, même si, dans l'horreur de la tragédie, le formidable élan de solidarité réchauffe bien des cœurs qui pleurent encore.

Monsieur le Premier ministre, vous étiez hier dans l'Aude. Gisèle Jourda et moi-même vous en remercions. Nous saluons la mobilisation très importante des services de secours et de sécurité, d'un dévouement extrême, celle des élus locaux, tout aussi remarquable. Nous vous remercions, monsieur le président du Sénat, pour vos messages de solidarité et d'amitié.

Notre histoire, dans l'Aude, est marquée de coups du sort impitoyables, mais nous avons toujours su résister face à l'adversité. Le pourrons-nous encore cette fois ? Saurons-nous retrouver une fois de plus, au plus profond de nous-mêmes, cette volonté acharnée forgée dans de trop nombreuses épreuves ? Je m'interroge. Nous voulons encore le croire, si nous sentons que l'on ne nous laissera pas seuls pour refaire et pour reconstruire. Alors oui, pour peu que nous sentions à nos côtés la solidarité nationale dans la durée, ainsi que la solidarité européenne avec l'activation du fonds de solidarité de l'Union européenne, nous relèverons la tête, cette fois encore. Merci de nous y aider. (Applaudissements nourris et prolongés sur toutes les travées.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 17/10/2018

Réponse apportée en séance publique le 16/10/2018

M. Christophe Castaner, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur Courteau, ces applaudissements affirment le soutien de la communauté nationale aux territoires meurtris au nom desquels vous vous êtes exprimé.

Chacun ici a été confronté à de telles expériences ; je l'ai été comme maire, et aussi comme député, lorsqu'un avion de la compagnie Germanwings s'est écrasé sur le territoire de ma circonscription. Je sais la violence de ces réalités. Il est important que puissent alors s'exprimer une solidarité, un soutien réels.

Soyez assuré, monsieur le sénateur, du soutien du Gouvernement. J'ai déjà parlé du fonds d'urgence sociale qui sera mis en œuvre au bénéfice des populations touchées, mais il nous faut évidemment aller plus loin. Dès hier, lors de la visite sur place du Premier ministre, il a été indiqué que nous prendrions l'attache de l'ensemble des sociétés d'assurances pour que, à aucun moment, des problèmes d'instruction administrative ou juridiques ne freinent la nécessaire mobilisation financière. La Fédération française de l'assurance, bien consciente de la nécessité d'une indemnisation rapide, a entendu ce message.

Par ailleurs, M. le Premier ministre a demandé que, dès la semaine prochaine, nous soyons mobilisés afin que l'état de catastrophe naturelle puisse être reconnu très rapidement pour tous les dossiers qui auront été préparés par les communes –nous savons les difficultés auxquelles elles seront confrontées pour les constituer, mais les services de l'État les aideront. Monsieur le sénateur, il n'est pas question de délai : dès que des dossiers seront prêts, nous engagerons la procédure de reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle.

Le Premier ministre m'a aussi demandé d'activer immédiatement le fonds de secours d'extrême urgence au profit de celles et ceux qui ont tout perdu au cours de ce drame.

Enfin, l'État participera à la reconstruction. Il est évident que nous devons tous nous mobiliser afin que tous les équipements publics arrachés de votre terre, monsieur le sénateur, soient reconstruits. Il faut que, là où le malheur passe, nous puissions reconstruire de la fierté et de l'attachement territorial. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche et sur des travées du groupe socialiste et républicain.)

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