Question de M. HUSSON Jean-François (Meurthe-et-Moselle - Les Républicains) publiée le 09/11/2018

Question posée en séance publique le 08/11/2018

M. Jean-François Husson. Monsieur le ministre d'État, vous avez décidé d'augmenter une nouvelle fois la taxe sur les carburants ; vous assumez cette position de manière constante.

Il est grand temps que vous preniez conscience de l'injustice qu'engendre votre politique, au lieu de vous contenter de mesures de circonstance en réaction à la colère des Français. Vous êtes le chef d'orchestre d'une fiscalité punitive, à défaut de dérouler la partition d'une écologie positive, unique clé d'une transition énergétique harmonieuse, capable d'emporter l'adhésion des Français.

Cette politique confiscatoire est le point d'orgue de ce que vous essayez de vendre aux Français comme étant la symphonie du nouveau monde. Alors, monsieur le ministre, quelles nouvelles orientations décisives et stratégiques proposez-vous pour être à la hauteur des enjeux de la transition écologique que l'urgence climatique exige ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe Union Centriste.)

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Réponse du Ministère de la transition écologique et solidaire publiée le 09/11/2018

Réponse apportée en séance publique le 08/11/2018

M. François de Rugy, ministre d'État, ministre de la transition écologique et solidaire. Monsieur le sénateur Husson, il y a quelques années, vous aviez remis, à la suite d'une commission d'enquête sénatoriale, un rapport sur la pollution de l'air.

M. Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères. Eh oui !

M. François de Rugy, ministre d'État. Et vous aviez courageusement, avec celle qui était à l'époque votre collègue, Leila Aïchi, chiffré les dégâts de cette pollution.

Vous aviez, avec les autorités compétentes, évalué à 45 000 le nombre de décès prématurés liés chaque année à la pollution de l'air. Aujourd'hui, Santé publique France a réévalué ce chiffre à 48 000.

Vous aviez évalué les dégâts de cette pollution à plus de 100 milliards d'euros. Vous aviez appelé à l'action, et vous aviez raison.

J'ai vu, ces dernières années, à quels atermoiements donnaient lieu les questions de la pollution de l'air et du climat. Je me souviens – je le dis aussi à l'attention du sénateur Montaugé, qui a soulevé ce point dans sa réplique – qu'en 1998, le Gouvernement avait commencé à amorcer la convergence essence-diesel, avant de la stopper net en 2000. En 2008, on a incité les Français à acheter de petites voitures à moteur diesel, et un pic a été atteint en 2012 : le diesel représentait alors 72 % des ventes de voitures neuves. Puis, après la révélation du « dieselgate », un début de réorientation fiscale a été décidé.

Nous assumons la convergence fiscale essence-diesel : il faut libérer les Français de la consommation de pétrole en général, et du diesel en particulier. Nous avons obtenu des résultats – je ne les revendique pas pour moi-même ; c'est une action continue : aujourd'hui, le diesel ne représente plus que 36 % des ventes de voitures neuves. Ce sont là bel et bien des actions concrètes !

Et nous amplifions les choses, avec la prime à la conversion. Elle ne rate pas sa cible : 70 % des ménages qui changent de voiture grâce à cette prime sont non imposables, et 80 % des véhicules qui sont mis à la casse grâce à elle sont des véhicules diesel.

Oui, donc, il faut agir, ici, maintenant, avec constance. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains. – Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)

M. le président. La parole est à M. Jean-François Husson, pour la réplique.

M. Jean-François Husson. Je veux souligner, monsieur le ministre, l'incohérence de votre politique de taxation énergétique, faite de volte-face permanentes.

Soyons précis : en 2019, moins de 20 % des prélèvements sur les carburants seront consacrés à des actions écologiques et environnementales ; s'agissant de la seule hausse des taxes pour 2019, non seulement vous ne consacrez pas un euro de plus à la transition écologique, mais les dépenses baissent de 400 millions d'euros.

Autrement dit, vous prenez plus aux Français, mais donnez moins à la transition écologique.

Le Président de la République affiche la volonté de taxer moins le travail et davantage le carburant. Mais le carburant permet aux Français d'aller au travail !

Votre ministre des transports le rappelle : aujourd'hui, 80 % du territoire national n'est pas ou est peu ou mal desservi par une offre de transports alternative à la voiture.

Mme Cécile Cukierman. Les gares ferment les unes après les autres !

M. Jean-François Husson. Les Français n'habitant pas les métropoles ne méritent pas d'être assignés à résidence.

Monsieur le ministre, les « Gaulois réfractaires » ont parfaitement conscience que, marchant sur la tête, vous voulez les rouler dans la farine.

M. le président. Veuillez conclure, mon cher collègue.

M. Jean-François Husson. À juste raison, ils ne l'acceptent pas. Au travail, donc, parce qu'il y a urgence à agir ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur des travées du groupe Union Centriste. – Mme Nelly Tocqueville applaudit également.)

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