Question de M. DENNEMONT Michel (La Réunion - LaREM) publiée le 23/11/2018

Question posée en séance publique le 22/11/2018

M. Michel Dennemont. Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, je vais compléter les questions de mes deux collègues précédents. Ma question s'adresse elle aussi à Mme la ministre des outre-mer.

Samedi 17 novembre, nombre de Réunionnais ont exprimé leur mécontentement à l'égard, entre autres, de la hausse des prix du carburant par une forte mobilisation. Ce mécontentement, pacifique au départ, a rapidement dégénéré en une flambée de violences qui paralyse l'île.

Tous les établissements scolaires, des crèches à l'université, ainsi que les administrations locales sont fermées. La quasi-totalité des événements culturels et sportifs sont annulés. Un couvre-feu partiel a été instauré dans la moitié des communes jusqu'à vendredi au moins. Il sera interdit d'y circuler entre vingt et une heures et six heures du matin.

Si nous déplorons et condamnons évidemment les actes de violence et les pillages commis en marge des manifestations pacifiques, nous devons néanmoins entendre et écouter les messages envoyés par la population.

La paralysie que nous connaissons est encore plus grave qu'en métropole. Comme vous l'avez justement dit, madame la ministre, La Réunion est le département le plus inégalitaire.

À ma demande, vous avez accepté une rencontre avec les élus réunionnais lundi soir au Sénat. Cet échange constructif n'a pas pu se prolonger sur le terrain. En effet, contrairement à vous, qui dialoguez avec nous, le préfet a refusé d'entamer un dialogue avec les représentants du mouvement, alors qu'il les avait invités. Ce comportement du représentant de l'État est vécu comme une humiliation par les Réunionnais.

Au nom de tous les parlementaires et élus locaux réunionnais, je vous invite à venir à La Réunion le plus rapidement possible, car nous savons que le dialogue est possible avec vous.

J'en viens à ma question. Madame la ministre, que compte faire le Gouvernement pour rétablir les conditions d'un véritable dialogue entre l'État et la population réunionnaise, afin que la situation s'apaise et que des solutions pérennes puissent être trouvées ? (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche. – MM. Thani Mohamed Soilihi, Pierre Louault et René Danesi applaudissent également.)

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Réponse du Ministère des outre-mer publiée le 23/11/2018

Réponse apportée en séance publique le 22/11/2018

Mme Annick Girardin, ministre des outre-mer. Monsieur le sénateur Dennemont, la situation à La Réunion, vous l'avez indiqué, est effectivement grave. Les Réunionnais expriment leur mécontentement, et il faut l'entendre, je vous l'ai déjà dit.

Je pense que la question n'est pas seulement celle du carburant, car le geste du président de la région n'a absolument pas diminué le caractère vif des manifestations.

Il faut bien distinguer la casse et les pillages, qui sont inadmissibles, des revendications des « gilets jaunes ».

Sur le premier point, je veux ici de nouveau dire tout mon soutien aux forces de l'ordre, qui travaillent chaque nuit à rétablir la sécurité et la liberté de circulation, qu'il nous faut défendre, car elles font partie de nos valeurs. Nous devons être sur le terrain pour le faire. Rien n'est possible en dehors de l'État de droit, chacun le sait ici.

Sur le second point, vous l'avez dit comme moi, La Réunion est le territoire le plus inégalitaire. Il est évident qu'il nous faut apporter des réponses, comme cela nous a été demandé dans le cadre des assises de l'outre-mer par les Réunionnais eux-mêmes. Ces réponses figurent dans le Livre bleu outre-mer, lequel sera mis en œuvre dès le vote du projet de loi de finances pour 2019.

Que voit-on sur les barrages ? On y voit des gens qui veulent du travail et de la dignité. C'est pour eux que nous réduisons le coût du travail, spécifiquement dans les territoires d'outre-mer, afin que les embauches dans le secteur privé soient pérennes.

Sur les barrages, on voit des Réunionnais qui ne parviennent pas à joindre les deux bouts. Personne ne peut dire le contraire. C'est pour cela que nous supprimons 65 millions d'euros de taxes d'habitation à La Réunion. La question du logement est primordiale sur l'île. C'est pour cela aussi que nous rétablirons en 2019 les APL accession outre-mer, à titre exceptionnel, afin de traiter les mille dossiers en cours, dont la plupart sont d'ailleurs réunionnais, et de trouver un outil pour les remplacer dans les années à venir.

La question des petites retraites va être traitée. Nous avons pris des engagements, ils seront tenus.

Monsieur le sénateur, vous m'avez invitée, à l'instar d'autres élus du territoire. Je serai donc à La Réunion dans quelques jours face aux « gilets jaunes », ou à côté d'eux, et, je l'espère, de tous les politiques du territoire. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche et sur des travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.)

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