Question de M. MALHURET Claude (Allier - Les Indépendants) publiée le 08/11/2018

M. Claude Malhuret attire l'attention de M. le secrétaire d'État auprès du ministre de l'économie et des finances et du ministre de l'action et des comptes publics, chargé du numérique sur la question de l'impact écologique des cryptomonnaies.

Depuis quelques années, le modèle des cryptomonnaies s'est développé à grande allure. Bitcoin, Ether et autres alt-coins se multiplient à travers le monde et font désormais partie de notre quotidien. Or chacune de ces transactions numériques nécessite une consommation énergétique élevée. Selon le Digiconomist, le seul bitcoin consommerait ainsi 30,14 milliards de kilowatts-heure par an, soit l'équivalent de quatre centrales nucléaires.

A l'heure où le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) ne cesse de répéter ses appels à la prudence face au réchauffement climatique, le recours à cette technologie énergivore est donc clairement questionné. Des solutions existent déjà pour imaginer une cryptomonnaie « verte », basée sur une sécurité « proof of space/proof of time ». Il est donc pertinent de s'interroger sur l'implication des pouvoirs publics dans le développement de ces technologies vertes.

C'est pourquoi il souhaite connaître les intentions du Gouvernement en matière de financement des technologies blockchain et, plus particulièrement, en ce qui concerne la contribution à l'émergence de technologies numériques responsables sur le plan environnemental.

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Transmise au Secrétariat d'État auprès du ministre de l'économie et des finances et du ministre de l'action et des comptes publics, chargé du numérique


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'économie et des finances et du ministre de l'action et des comptes publics, chargé du numérique publiée le 11/07/2019

Le Gouvernement s'est engagé à faire de la France le pays de l'innovation y compris concernant la révolution technologique que représente la blockchain pour tous les pans de notre économie. Le 15 avril 2019, les grands axes d'une stratégie nationale blockchain ont été présentés à l'occasion de la Paris Blockchain Conference. Parmi les mesures annoncées, on retrouve notamment l'intégration de la blockchain par des filières industrielles. En particulier le projet « Solidaire Solaire » porté par la filière Industrie des nouveaux systèmes énergétiques utilise une solution blockchain pour favoriser le développement d'une offre de distribution d'énergie solaire dans les logements sociaux. Il est vrai que les méthodes de consensus les plus courantes parmi les blockchains publiques reposent à l'heure actuelle sur la preuve de travail qui est très énergivore. Bien que des modes de consensus alternatifs moins demandeurs en électricité émergent (la preuve d'enjeu, la preuve de capacité ou encore la preuve de travail utile), ces technologies sont encore peu matures et restent à améliorer notamment du point vue de leur sécurité. Dans cette perspective, nous allons confier au CEA, à l'IMT et à l'INRIA dans le courant du mois de mai 2019 une mission prospective sur les moyens de traiter les questions scientifiques majeures de la blockchain en matière de souveraineté (monétaire, financière, économique et juridique), de coûts et d'ergonomie opératoires, de sécurité, de gouvernance, de passage à l'échelle et de consommation énergétique. Notre pays dispose d'atouts importants parmi lesquels notre recherche de haut niveau, reconnue à l'international, dans les domaines scientifiques clés qui sous-tendent les technologies de registres distribués, comme la cryptographie, le développement logiciel, les méthodes formelles, l'algorithmique distribuée. Les résultats de cette mission prospective seront attendus au mois d'octobre et permettront d'identifier les briques et verrous scientifiques et techniques clés afin d'investir de manière éclairée dans la recherche et la formation. L'horizon de cette mission est de favoriser la création de méthodes et d'usages innovants permettant en particulier la pérennisation de protocoles moins énergivores et le déploiement d'une technologie blockchain plus respectueuse de l'environnement.

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