Question de Mme PEROL-DUMONT Marie-Françoise (Haute-Vienne - SOCR) publiée le 29/11/2018

Mme Marie-Françoise Perol-Dumont attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation sur la pauvreté alimentaire qui frappe les foyers les plus modestes et notamment les mères seules, et semble s'installer en France.
Alors qu'une alimentation équilibrée est un gage de longévité en bonne santé, il apparaît d'après un sondage Ipsos réalisé début septembre 2018, qu'un cinquième de nos concitoyens ne parviennent même pas à se nourrir quotidiennement. Ainsi, près d'un Français sur deux dont les revenus mensuels sont inférieurs à 1 200 euros estime ne pas être en mesure de s'offrir une alimentation variée ni de faire trois repas par jour. La consommation de fruits et légumes au quotidien, et même, bien que la baisse de sa consommation soit encouragée, de viande de façon régulière, apparaît comme un luxe pour de nombreux foyers qui n'ont pour d'autre solution que d'avoir recours aux associations d'aide alimentaire. L'alimentation est devenue la variable d'ajustement de trop nombreuses familles aux budgets extrêmement contraints.
D'après de nombreux observateurs, cette précarité alimentaire traduit un niveau de pauvreté insidieux dans les pays développés, contre laquelle il convient de faire face pour une question de santé publique.
Elle lui demande donc quelles mesures le Gouvernement entend mettre en place pour pallier à cette problématique.

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Transmise au Ministère des solidarités et de la santé


Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 04/04/2019

L'insécurité alimentaire est une réalité pour nombre de nos concitoyens. C'est pourquoi le Gouvernement mène une action résolue dans ce domaine en utilisant différents leviers, au plus proche des territoires. La lutte contre la précarité alimentaire bénéficie de financements publics via l'Union Européenne (Fonds européen d'aide aux plus démunis), l'État et les collectivités territoriales (notamment les centres communaux d'action sociale), et privés sous la forme de dons en nature (producteurs agricoles, industriels de l'agroalimentaire, distributeurs, particuliers) et de dons financiers (fondations, particuliers). Le don de denrées à des associations d'aide alimentaire fait également l'objet de mesures de défiscalisation. Le rapport d'information établi au nom de la commission des finances du Sénat sur le financement de l'aide alimentaire par MM. Arnaud Bazin et Éric Bocquet en octobre 2018 évalue ces financements publics à 465 millions d'euros par an. Cette politique a notamment pour ambition la fourniture de denrées à une population en situation de précarité ou de pauvreté, représentant aujourd'hui 5 millions de personnes,  mais aussi la mise en place d'actions favorisant l'accès à une alimentation de qualité en lien avec les recommandations du Programme national nutrition santé (PNNS), notamment la consommation de fruits et de légumes, ainsi que d'actions d'accompagnement social des publics Par ailleurs, le Gouvernement a engagé la mise en œuvre de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté qui a pour objet de lutter contre les inégalités de destin et de permettre une égalité des chances réelles dès les premiers pas de la vie. 8,5 milliards d'euros sont consacrés à cette stratégie dont les maîtres-mots sont « prévention » et « accompagnement ». En réponse à l'enjeu de l'accès à une alimentation suffisante et de qualité, en particulier des enfants, la stratégie porte plusieurs mesures visant à réduire le poids des dépenses d'alimentation pour les familles défavorisées tout en améliorant la qualité des repas des enfants. Trois mesures concrètes sont prévues, dont : l'incitation des communes de moins de 10 000 habitants à prévoir une tarification progressive pour l'accès à la cantine. Ce dispositif sera mis en place au profit des communes les plus fragiles, à compter de la rentrée scolaire 2019-2020 ; le soutien à l'accès aux petits déjeuners au bénéfice des enfants scolarisés en territoires prioritaires. Dans certaines écoles installées dans des territoires prioritaires, des dispositifs de petits déjeuners pour tous seront encouragés et soutenus par une dotation d'État dédiée, avec pour visée de réduire fortement les inégalités alimentaires pour le premier repas de la journée : les premiers petits déjeuners seront distribués à partir du printemps 2019 dans des territoires pionniers, puis généralisés à compter de la rentrée scolaire 2019-2020 ; le soutien à la généralisation du programme « Malin » dans le cadre d'un conventionnement avec la Caisse nationale des allocations familiales qui vise à améliorer les pratiques alimentaires des en­fants de moins de trois ans en encourageant le « fait maison » et à réduire la charge finan­cière de l'alimentation infantile en permettant aux familles de bénéficier de réductions sur des produits alimentaires.

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