Question de Mme COHEN Laurence (Val-de-Marne - CRCE) publiée le 13/12/2018

Mme Laurence Cohen attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale et de la jeunesse sur le risque de précarisation des enseignants avec le projet de loi n° 1481 (Assemblée nationale, XVe législature) pour une école de la confiance qui prévoit notamment le recrutement d'assistants d'éducation (AED) qui auront désormais des fonctions pédagogiques ou d'enseignement en plus de leurs tâches de surveillance.

Cette nouvelle catégorie de personnels composée d'étudiants non titularisés, en deuxième ou troisième année de licence, peut susciter des craintes. En effet, ces étudiants seraient amenés à accomplir jusqu'au tiers du service d'un enseignant pour seulement 266 euros par mois. Comment dès lors ne pas craindre des abus et une multiplication de contrats précaires ?

Il s'agirait d'entrer « plus tôt dans la pratique du métier ». Ce système de formation pratique existe déjà pour les internes en médecine ou encore chez les doctorants chargés de cours en université qui n'ont de cesse d'alerter sur la précarité de leur situation.

Elle lui demande donc comment il compte s'assurer que ces postes ne remplacent pas les professeurs des écoles ni les professeurs du secondaire et comment il entend vérifier que ce système serve effectivement à la formation des étudiants et non à une précarisation à l'extrême des chargés d'enseignements.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale et de la jeunesse publiée le 17/10/2019

Le dispositif de préprofessionnalisation, porté par la loi « pour une école de la confiance », constitue un levier efficace pour renforcer l'attractivité du métier de professeur, qui doit demeurer une voie de promotion et d'ascension sociale. Il a vocation à créer un parcours de formation nouveau, totalement intégré dans le cursus universitaire des étudiants qui en bénéficieront, pour favoriser la découverte, l'apprentissage et la pratique de l'enseignement. En proposant un contrat de trois ans aux étudiants volontaires, ce dispositif ambitieux poursuit plusieurs objectifs : permettre une entrée progressive dans la carrière de professeur avec un accompagnement adapté et une découverte progressive des missions d'éducation ou d'enseignement ; élargir le vivier de recrutement des professeurs en ouvrant plus tôt aux étudiants qui le souhaitent l'expérience de l'enseignement ; attirer vers les métiers de l'enseignement les étudiants dans une situation financière moins favorisée, en leur offrant la possibilité d'un contrat spécifique d'assistant d'éducation de trois ans qui leur permette de sécuriser leurs parcours jusqu'au concours de recrutement. Les étudiants seront sous la responsabilité d'un tuteur, pendant trois ans, au sein d'un même établissement. Leur temps de présence hebdomadaire en école ou en établissement sera limité à huit heures. Ils disposeront également d'un accompagnement spécifique au sein de l'université. Le parcours des AED en préprofessionnalisation reposera sur la progressivité des missions pédagogiques exercées en école ou en établissement : les étudiants ne prendront la responsabilité d'une classe qu'au niveau de la première année de master MEEF, à l'instar des MEEF alternants, mais en justifiant de deux années d'expérience supplémentaires. La rémunération, cumulable avec les bourses étudiantes, est également progressive et adaptée à l'évolution des missions confiées aux étudiants. Son montant net mensuel s'élèvera à 693 euros la première année, 963 euros la deuxième année et 980 euros la troisième année. Il s'agit donc d'un dispositif d'excellence, piloté au plus près par chaque rectorat au bénéfice des étudiants qui seront accompagnés vers la réussite aux concours, des élèves pour lesquels des étudiants motivés s'ajouteront aux effectifs d'AED existants et, plus largement, de l'éducation nationale, en suscitant des vocations professorales. Parvenus au terme de leur contrat de préprofessionnalisation, les étudiants ayant acquis une première expérience professionnelle, peuvent alors candidater aux concours de recrutement, après avoir bénéficié, durant trois ans, d'un accompagnement et d'un environnement universitaire et professionnel particulièrement favorables. Bien préparés et motivés, ils augmentent considérablement leurs chances de réussir aux concours et de dérouler une carrière de professeur titulaire. L'objectif de ce dispositif social n'est donc pas de remplacer des professeurs absents. En effet, la question du remplacement constitue une priorité à part entière et fait l'objet de mesures spécifiques.

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